samedi, 04 juin 2022
Salmigondis macronien
Salmigondis macronien
par Georges FELTIN-TRACOL
Le 24 avril dernier, à 20 h 01, une fois annoncée la réélection d’Emmanuel Macron commençait la bataille pour sa succession prévue en 2027. En révisant en 2008 la Constitution, Nicolas Sarközy, l’esprit tourné vers le funeste modèle des États-Unis, imposa la limitation de deux mandats présidentiels consécutifs. Sans cette interdiction institutionnelle, vu son âge, « Manu » aurait pu briguer un troisième, voire un quatrième mandat…
Cette absurdité institutionnelle aiguise déjà l’appétit de certaines figures de la Macronie d’autant que les élections législatives des 12 et 19 juin prochains montrent que les alliés du chef de l’État réélu représentent, avec leurs formations politiques respectives, un ensemble disparate.
Centrisme contre-populiste, le macronisme s’étend sur tous les champs du spectre politique, du communiste Robert Hue à une soi-disant « extrême droite » incarnée par le maire de Béziers, Robert Ménard, en passant par la sociale-démocratie, l’écologisme, le radicalisme, la démocratie chrétienne et la pseudo-droite libérale – sécuritaire. Autour de La République en marche devenue Renaissance, du MoDem (Mouvement démocrate) et du Parti radical gravitent une composante libérale-bankstériste (Horizons d’Édouard Philippe et Agir – La droite constructive de Franck Riester), une faction écologiste (En commun), un courant sociétaliste divisé en Territoires de progrès et en Fédération progressiste, et même une aile souverainiste avec Refondation républicaine de Jean-Pierre Chevènement. Chacune de ces composantes à l’audience groupusculaire se prépare à l’échéance cruciale de 2027.
La diversité des sensibilités ne s’arrête pas aux partis; elle concerne aussi des individus. Quoi de commun en effet entre Pap Ndiaye, le nouveau ministre wokiste de la (ré)éducation nationale, et Manuel Valls, candidat dans la circonscription des Français expatriés au Portugal, en Espagne, en Andorre et à Monaco, si ce n’est qu’une forte attachement au cosmopolitisme ? Les commentateurs remarquent la défaveur des laïcards du Printemps républicain. Dans un duel post mortem, Olivier Ferrand de Terra Nova l’emporte finalement sur Laurent Bouvet...
En nommant à Matignon une terne technocrate sans changer pour l’heure de secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Macron veut aussi neutraliser les rivalités naissantes entre des candidats putatifs. Il est vrai qu’un second mandat est toujours très compliqué. Réélu en 1965, Charles De Gaulle assiste à l’affrontement croissant entre Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Réélu en 1988, François Mitterrand prononce la dissolution de l’Assemblée nationale choisie en 1986. Les élections législatives de juin 1988 lui donnent une majorité relative. Son quatrième premier ministre, le socialiste Michel Rocard, doit au gré des projets de loi s’appuyer tantôt sur les communistes, tantôt sur les centristes. Il use et abuse par conséquent de l’article 49 – 3. Fait impensable depuis la révision de 2008 qui en limite l’usage. Par ailleurs, François Mitterrand contemple le naufrage de son courant en 1990 au congrès du PS à Rennes. Le mitterrandisme explose, miné par la féroce rivalité entre Laurent Fabius et Lionel Jospin. Réélu en 2002 après la « Quinzaine de la haine », Jacques Chirac n’arrive pas à entraver la montée en puissance de Nicolas Sarközy aux dépens de ses poulains Alain Juppé et Dominique Galouzeau de Villepin. On se souvient que, ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarközy encourage la fronde des étudiants et des lycéens contre le contrat première embauche (CPE) en 2006 afin de mieux saper l’autorité de Villepin, son propre chef du gouvernement et potentiel présidentiable.
À cinq ans de la fin prévue du second mandat macronien, qui lorgnent déjà sur la présidence de la République ? Malgré un âge certain, il y a François Bayrou qui n’a jamais renoncé à accéder un jour à la magistrature suprême. Il aimerait surtout ne plus être un « faiseur » de président. Fondateur et président d’Horizons, l’ancien premier ministre Édouard Philippe enregistre dans les enquêtes d’opinion une forte popularité. Étrange pour quelqu’un qui a tant martyrisé la France périphérique et appliqué avec une absence de bon sens la tyrannie covidienne. Très discret, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a supervisé en tant que principal responsable de la coalition présidentielle Ensemble ! l’investiture des candidats aux législatives. C’est un poids lourd qui va compter. Candidat malheureux (2,38 %) à la primaire de la « droite » et du centre en 2016, Bruno Le Maire y pense sûrement tous les matins. Deuxième personnage du nouveau gouvernement, il conserve le ministère de l’Économie et en fait son fief à l’instar de Giscard d’Estaing, secrétaire d’État aux Finances de 1959 à 1962, puis ministre de l’Économie et des Finances de 1962 à 1966, et de 1969 à 1974, soit douze ans en deux fois, rue de Rivoli, l’ancienne adresse de ce ministère avant le déménagement à Bercy. Enfin, n’oublions pas l’« homme qui dissout plus vite que son ombre » : Gérald Moussa Darmanin. Ce fidèle sarközyste suit le même parcours que son triste mentor (le budget pour l’un, les comptes publics pour l’autre avant d’investir le ministère de l’Intérieur). Sa reconduction l’incite à penser à d’autres étapes plus prometteuses.
Ces ambitions navrent des macroniens qui aimeraient les circonvenir en organisant un parti unique et un seul groupe au Palais-Bourbon. Bien que ne s’appréciant guère, Édouard Philippe et François Bayrou s’unissent un instant et douchent immédiatement toute intention unitaire. Pas question d’imiter l’UMP de Jacques Chirac ! Cette profusion de micro-partis et de pré-candidats présidentiels démontre que le macronisme n’est pas une pensée politique structurée. Ce n’est qu’un opportunisme politico-électoral circonstanciel.
L’actuel locataire de l’Élysée doit donc s’attendre à un quinquennat compliqué et peut-être plus agité encore que le précédent. Pour reprendre une expression en cours aux États-Unis, il sera bientôt un « canard boiteux », c’est-à-dire un président sans plus aucune influence politique déterminante. Qu’il y ait donc un grand désordre à venir chez les macroniens ne peut être qu’une grande satisfaction publique !
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 35, mise en ligne le 31 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.
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jeudi, 02 juin 2022
Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux
Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux
Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/01/nueva-ley-de-servicios-digitales-dsa-la-union-europea-incrementara-la-censura-en-redes-sociales/
Avec la nouvelle loi sur les services numériques (DSA) de l'Union européenne, les entreprises technologiques telles que Facebook, Instagram, Twitter, Youtube et Google devront se conformer à de nouvelles exigences pour censurer les contenus indésirables dans le cadre de la nouvelle législation et notamment ce qu'elles appellent la "désinformation" sur leurs plateformes, après que des fonctionnaires du Parlement européen, de la présidence française du Conseil de l'UE et de la Commission se soient mis d'accord le 23 avril 2022 sur le nouvel ensemble de règles quant à la manière dont les grands acteurs de l'internet devront modérer et gérer les messages des utilisateurs.
La nouvelle loi est présentée sous un ensemble de bonnes intentions, telles que la "sauvegarde de la vie privée", et la prévention d'actes illégaux, comme le "terrorisme", l'"exploitation sexuelle des enfants", etc., toutes questions qui ont toujours été, logiquement, interdites par les différentes plateformes. Toutefois, le véritable objectif politique de ce type de législation, comme l'ont déjà déclaré des ONG telles qu'Amnesty et des leaders politiques mondiaux d'outre-mer, tels que Barack Obama et Hillary Clinton, sera de contrôler et de censurer ce que les Fact Checkers considèrent désormais comme de la "désinformation", ou la vaste catégorie des "discours de haine".
Le portail européen "Politico.eu" explique : "À l'avenir, les régulateurs surveilleront les efforts déployés par les géants de la technologie pour mettre fin à la diffusion de fausses informations, comme les batailles de l'information l'ont montré lors de la pandémie de coronavirus et du conflit en Ukraine. Ils s'assureront que les grandes entreprises numériques contrôlent mieux les algorithmes qui peuvent promouvoir des contenus extrêmes et dangereux".
Les entreprises seront tenues de publier des rapports semestriels détaillés sur leurs efforts de modération, y compris le nombre d'employés, l'expertise, les langues parlées et l'utilisation de l'intelligence artificielle pour supprimer le contenu indésirable. Ils seront tenus de divulguer le nombre de comptes qu'ils ont suspendus et le contenu qu'ils ont supprimé.
Des amendes pour non-conformité allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial toucheront les géants des médias sociaux comme Facebook et Instagram, les moteurs de recherche comme Google, les plateformes de diffusion de podcasts comme Spotify et les marchés en ligne comme Amazon. La dernière menace serait le bannissement des entreprises qui enfreignent les règles de manière répétée.
"La loi sur les services numériques est une étape importante", a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur. "C'est la première fois en 20 ans que l'Europe s'attaque à la réglementation de l'espace numérique et de l'information."
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Politique européenne: le traité de l'OMS sur la pandémie signifierait "l'abolition de la démocratie"
Politique européenne: le traité de l'OMS sur la pandémie signifierait "l'abolition de la démocratie"
L'abolition de la démocratie par les élites mondiales se poursuit... Cela revient ni plus ni moins à priver les gens de leurs droits"
Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/22/politica-de-la-ue-el-tratado-pandemico-de-la-oms-significaria-la-abolicion-de-la-democracia/
BRUXELLES, Belgique ( LifeSiteNews ) - Le 11 mai, la députée allemande du Parlement européen (MEP) Christine Anderson (photo) a prononcé un discours corsé contre le traité sur les pandémies récemment proposé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avertissant que "l'abolition de la démocratie par les élites mondiales se poursuit".
"Le 3 mars, la Commission européenne a été autorisée... à renégocier le traité avec l'Organisation mondiale de la santé au nom des États membres. Sous le prétexte d'améliorer la réponse mondiale à la pandémie, le plan consiste à permettre à l'OMS d'assumer les pouvoirs exécutifs du gouvernement des États membres en cas de pandémie", a expliqué M. Anderson. "Accorder des pouvoirs gouvernementaux à [un] organe non élu est l'exact opposé du recours démocratique et supprime toute possibilité pour les gens de demander des comptes aux responsables."
"Cela revient à rien de moins qu'à priver le peuple de son droit de vote. Je vous implore de faire ce pour quoi vous avez été élus", a-t-elle exhorté ses collègues. "Regardez ça et protégez les droits des gens."
Anderson a appelé les citoyens à "écrire à vos députés européens [et] leur faire savoir que vous ne tolérerez pas qu'ils vous privent de vos droits à un recours démocratique. Faites-leur savoir que tout député européen qui soutient ou vote en faveur de cette mesure n'obtiendra plus jamais leur vote".
Comme l'explique la pétition de LifeSite contre le traité proposé, "194 États membres représentant 99 % de la population mondiale sont censés signer avec l'OMS des traités de lutte contre les pandémies qui permettraient au [directeur général de l'OMS] Tedros, ou à tout autre directeur général futur, de dicter exactement comment leur nation devrait réagir à une nouvelle épidémie d'une maladie qu'ils considèrent comme une pandémie. Cette attaque contre la souveraineté nationale ne surprendra pas ceux qui, pendant des années, ont écouté des élites comme Klaus Schwab et Bill Gates discuter de leur vision de la centralisation du pouvoir dans des organisations mondialistes comme le Forum économique mondial (WEF), l'OMS et le reste des Nations unies".
Dans un communiqué de presse daté du 21 décembre 2021, l'OMS a annoncé que "l'Assemblée mondiale de la santé a décidé de lancer un processus mondial pour... créer un organe intergouvernemental de négociation (OIN) chargé de rédiger et de négocier une convention, un accord ou un autre instrument international de l'OMS sur la prévention, la préparation et l'intervention en cas de pandémie."
"Les représentants de Biden ont soumis des amendements au Règlement sanitaire international (RSI) de l'OMS, qui donneraient au directeur général le droit de déclarer des urgences sanitaires dans n'importe quelle nation, même en cas de contestation par le pays en question", indique la pétition de LifeSite. "Ces amendements, qui seraient juridiquement contraignants en vertu du droit international, seront votés par l'Assemblée mondiale de la santé (l'organe directeur de l'OMS) lors d'une convention spéciale qui se tiendra du 22 au 28 mai et jetteront les bases de l'adoption d'un véritable traité sur la pandémie."
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"Lobbyland": un ancien député allemand explique comment l'Allemagne est prise en otage par les lobbies
"Lobbyland": un ancien député allemand explique comment l'Allemagne est prise en otage par les lobbies
Eugen Zentner
Source: https://geopol.pt/2022/06/01/lobbyland-ex-deputado-alemao-explica-como-a-alemanha-esta-refem-dos-lobis/ & https://www.nachdenkseiten.de/?p=84388
Le pouvoir des associations de lobbyistes est énorme. Dans le système politique allemand, presque rien ne fonctionne sans eux. Leur influence atteint le point où de nombreux textes législatifs sont écrits mot à mot par eux. L'ancien politicien du SPD Marco Bülow parle dans ce contexte de "Lobbyland", c'est-à-dire d'un État qui subordonne tout au principe des grands et des puissants et des profits qu'ils engrangent. Dans son livre du même nom, il s'appuie sur son expérience de député pour décrire les mécanismes et les règles de fonctionnement de la politique en Allemagne.
Jusqu'à ce que notre auteur arrive à son vrai sujet, tire ses conclusions, il s'était frayé un long chemin à travers son ancien parti social-démocrate. Bülow avait en effet rejoint la SPD en 1992, s'était d'abord impliqué dans les Jusos [la branche jeunesse du parti] pendant plusieurs années et avait acquis progressivement une réelle notoriété politique dans sa ville natale de Dortmund. Il a rapidement gagné la sympathie des électeurs. En 2002, il entre enfin au Bundestag en tant que candidat direct. Entre 2005 et 2009, il a été porte-parole de son groupe parlementaire pour l'environnement, la conservation de la nature et la sûreté des réacteurs. En 2018, il y a eu une rupture. Bülow a quitté la SPD après 26 ans de militantisme, en réponse à des conflits survenus de longue date avec la direction son parti quant au contenu idéologico-politique et au personnel. Jusqu'en novembre 2020, il a continué à siéger au Parlement en tant qu'homme politique sans parti, qui n'était inféodé à aucun groupe parlementaire, mais il a ensuite rejoint DIE PARTEI, dont il a été député au Parlement jusqu'à la fin de la législature.
L'auteur esquisse la rupture entre lui et la SPD sur la base de certaines positions qui furent particulièrement formatrices au cours de sa carrière. Comme s'il s'agissait d'une sorte de chemin de Damas, il décrit sa déception croissante face au style de gouvernement du chancelier de l'époque, Gerhard Schröder, qui lui a montré ce qu'il en était réellement derrière la façade politique: "On peut nommer des gens selon ses propres idées, qui sont à son goût, qui dictent tout ce qui est ensuite approuvé par une majorité au Bundestag. Et si c'est serré, alors vous faites pression sur les dissidents ou menacez de ne plus les impliquer. À la fin, vous avez votre décision sans le moindre changement et vous êtes étonnés de voir comment vous avez simplement suspendu la représentation du peuple".
À Berlin, il y aurait 6000 lobbyistes en activité, soit presque dix fois plus que de parlementaires. La majorité absolue sont des lobbyistes dits à but lucratif pour les industries pharmaceutiques, de l'armement ou de la finance.
On comprend que l'indignation de Bülow fut grande, d'autant plus lorsqu'un collègue expérimenté du parti lui a dit carrément que le jeu se jouait de cette façon et non pas d'une autre: "Vous avez deux options. Si vous acceptez les règles du jeu, vous aurez peut-être la possibilité de jouer plus haut dans la hiérarchie du parti à un moment donné et peut-être de vous faire accepter pour un ou deux postes. Si vous ne les acceptez pas, alors vous devrez quitter le terrain rapidement". Ces passages sont parmi les plus forts du livre. Ils donnent un aperçu des coulisses, montrent comment la politique se fait réellement au parlement et au sein des partis. Bülow ouvre le débat en dehors des sentiers battus, de l'omerta, pour ainsi dire, mais ne va malheureusement pas en profondeur.
L'exposition des principales structures, des paramètres du système et des formes typiques de comportement reste malgré tout rudimentaire dans son livre. Les principaux projecteurs qu'il allume ne sont pas très éclairants. Au lieu de cela, l'auteur allume une simple torche ici et là, et surtout s'arrête de nous éclairer au moment où les choses commencent vraiment à devenir intéressantes. Cependant, certaines déclarations sélectives confirment les soupçons de nombreux observateurs critiques et semblent encore plus authentiques venant de la bouche d'un ancien député. Il s'agit, par exemple, de son expérience selon laquelle "aucun des projets de loi parlementaires n'a été adopté sans la consultation et l'approbation du gouvernement". La même explosivité est contenue dans sa description de la pratique et de la manière dont les amendements législatifs sont effectués. Selon M. Bülow, les politiciens experts ne peuvent influencer certaines nuances qu'au prix de nombreux efforts. La plupart des changements ont toutefois résulté de la pression exercée par les lobbyistes.
On peut également apprendre de l'ancien parlementaire que la participation d'un parti au gouvernement rend son groupe parlementaire plus intéressant pour les associations de lobbying. Cela explique, entre autres, pourquoi certains politiciens ont changé d'avis si rapidement - comme, par exemple, le leader de la FDP Christian Lindner, qui s'était prononcé contre la vaccination obligatoire avant les dernières élections fédérales, mais qui a adopté une position exactement inverse lorsque son parti devint partie prenante de la coalition [actuelle] dite des feux tricolores (SPD-Verts-FDP). Qu'en est-il des groupes parlementaires eux-mêmes? La situation est-elle plus démocratique à ce niveau-là qu'au niveau des non-partis? Bülow dément catégoriquement et fait savoir que de nombreux postes sont formellement élus, mais qu'en réalité ils sont pourvus. Il n'y a pas de culture du débat ouvert. Les députés sont inconditionnellement soumis à la pression du groupe parlementaire.
Lorsque l'auteur aborde enfin son véritable sujet, on voit rapidement quels conflits internes et externes avec son parti l'ont conduit à le quitter: "S'il y a un fort lobby économique, écrit-il, la SPD s'y ralliera. Tant dans la question des voitures que dans celles de l'énergie, de l'agriculture, de l'industrie pharmaceutique. Il se liera même avec les militaires, même si cela est contraire aux principes de la social-démocratie." Comme les autres partis, la SPD s'est éloignée de sa propre base et de sa classe, a noté Bülow, surtout pendant la période de la Grande Coalition (CDU/CSU-SPD). Le budget, a-t-il dit, était un "budget déterminé par les lobbies" dans lequel les offres faites aux groupes d'intérêt respectifs étaient dissimulées de manière déguisée, souvent sous la forme de subventions dont personne ne pouvait suivre la trace.
À Berlin, il y aurait 6000 lobbyistes, soit presque dix fois plus que de parlementaires. La majorité absolue de ceux-ci sont des lobbyistes dits à but lucratif pour les industries pharmaceutiques, de l'armement ou de la finance. Contrairement aux "lobbyistes d'intérêt public", ils disposent de plus de moyens, mais ils sont également mieux formés et ont de meilleurs contacts en politique. Cela révèle la misère de tout le système. La relation étroite entre les politiciens et les lobbyistes produit ce que Bülow appelle "l'effet de porte tournante": "Il y a de plus en plus de politiciens qui utilisent leur mandat comme tremplin pour se lancer ensuite dans les affaires en tant que lobbyistes". Plus importants que les qualifications, dit-il, sont les numéros de téléphone. "Et, bien sûr, en tant que lobbyiste, vous avez un meilleur accès à vos anciens collègues. C'est une situation gagnant-gagnant".
Alors, que faire? L'ancien député estime qu'un registre des lobbyistes n'a pas beaucoup de sens, du moins s'il n'est pas contrôlé de manière indépendante et si les violations des règles n'entraînent pas de sanctions sévères. Au lieu de cela, il préconise des instruments qui rendent transparents ce dont les politiciens et les lobbyistes parlent vraiment, les accords qu'ils concluent réellement. Selon lui, les structures en place doivent être complètement révisées. Il ne sert à rien de remplacer les personnes ou le parti. À la fin de son livre, Bülow illustre ce à quoi pourraient ressembler des changements significatifs à l'aide de quelques points clés. L'accent est mis sur ce qu'il appelle le "triangle de l'avenir": "La base de ce triangle, soit le côté inférieur, est la véritable démocratie avec toutes ses obligations et ses droits. Les deux autres côtés sont constitués des besoins sociaux et des nécessités de base de la vie. Sous le terme "social", je voudrais également comprendre la justice générale et la cohésion. Par moyens de subsistance, j'entends l'environnement, le climat, la nature dans son ensemble".
Les propositions de Bülow sont idéologiquement colorées et contiennent à l'évidence des éléments de la politique verte-gauchiste. A priori, il n'y a rien de répréhensible à cela, mais en de nombreux endroits apparaît ce qui a discrédité ses représentants au cours de ces dernières années: l'horizon étroit de la critique qu'ils formulent. Par exemple, Marco Bülow se plaint de l'influence limitée du lobby des énergies renouvelables, qu'il considère comme agissant dans l'intérêt public. Ce faisant, il ne se rend pas compte que ce secteur est également devenu une entreprise à but lucratif dans laquelle ce sont principalement les grandes entreprises qui gagnent de l'argent. Il s'agit moins d'une question d'environnement que d'argent, comme l'a clairement montré le documentaire d'investigation "Headwind '21" du cinéaste néerlandais Marjin Poels. Il montre le côté sombre des soi-disant parcs éoliens, pour lesquels non seulement des surfaces entières de terrain ont été défrichées, mais où des matières premières sont également nécessaires, dont l'extraction cause de réels dommages à l'environnement.
La vision critique est également brouillée lorsque Bülow met en avant les réactions positives aux mauvaises politiques. Si les mouvements de protestation sont loués, ce sont uniquement les mouvements verts comme les "Vendredis pour l'avenir". Le fait que des centaines de milliers de personnes soient descendues dans la rue depuis les mesures Covid pour manifester contre des politiques de plus en plus autoritaires n'est même pas mentionné - tout comme l'émergence du parti die Basis. Au lieu de cela, l'auteur cite DIE PARTEI comme preuve de la façon dont les nouveaux partis émergent du mécontentement envers le système. Les expériences autour du Covid sont au moins partiellement incluses dans le livre. Bülow l'a écrit pendant cette période et a, entre autres, traité de plusieurs scandales de mascarade impliquant des politiciens de la CDU. Ici aussi, il est évident que sa critique omet des aspects importants. Bülow ne mentionne pas d'un mot les nombreuses manipulations, les contradictions dans le récit officiel sur le Covid et les incitations à la corruption des institutions de santé, dont le camp politique gauche-vert est également en partie responsable.
L'auteur couronne le tout lorsqu'il cite Correctiv et Tilo Jung de Jung & Naiv comme exemples de journalisme indépendant et critique dans sa conclusion. Pendant la crise du Covid, cependant, les deux ont montré leur vrai visage. Correctiv, financé par les fonds de fondations et de grandes entreprises numériques, a dénigré tous ceux qui s'écartaient de la ligne de conduite du gouvernement avec ses prétendues vérifications des faits. En revanche, leur mauvaise conduite et leurs confusions n'ont pas été abordées. Et Tilo Jung a qualifié tous les détracteurs des mesures gouvernementales dans le cadre de la pandémie d'"extrémistes de droite". C'est du journalisme partisan particulièrement flagrant et cela n'a rien à voir avec un reportage objectif et indépendant. À cet égard, ils font également partie, en un sens, d'un lobby dont les pratiques devraient être critiquées tout autant que l'influence compliquée d'autres groupes d'intérêt.
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mardi, 31 mai 2022
Ukraine, la défaite du modèle allemand: du leader au "paria" du Vieux Continent
Ukraine, la défaite du modèle allemand: du leader à "paria" du Vieux Continent
par Roberto Iannuzzi
Source : Il Fatto quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/ucraina-la-sconfitta-del-modello-germania-da-leader-a-paria-del-vecchio-continente
La guerre en cours en Ukraine n'est pas seulement un conflit par procuration entre la Russie et l'OTAN, mais un affrontement qui redéfinit l'équilibre des forces entre les deux côtés de l'Atlantique et l'équilibre même des forces au sein du continent européen. Une Europe qui ne peut pas profiter des ressources énergétiques bon marché de la Russie ni commercer avec Moscou (et qui sait, peut-être même pas avec la Chine demain) est fatalement plus dépendante du gaz liquéfié et du marché américain. L'augmentation de la facture énergétique (une tendance déjà amorcée avant le conflit) entraînera une hausse spectaculaire des coûts de production, ce qui se traduira par une baisse de la compétitivité des entreprises européennes et, en fin de compte, par un appauvrissement du vieux continent.
Le cas allemand est vraiment emblématique dans ce contexte. Berlin s'était consacré à la construction d'un modèle économique performant sans prêter attention aux fondements géopolitiques contradictoires sur lesquels il reposait. L'Allemagne a alimenté son industrie en hydrocarbures russes et a utilisé la main-d'œuvre bon marché des pays d'Europe de l'Est, accueillis dans l'UE depuis 2004. Grâce à l'euro, relativement plus faible que le mark, elle a pu facilement exporter ses produits vers le marché unique européen et dans le monde entier, où elle compte les États-Unis et la Chine parmi ses principaux clients. Elle a ainsi accumulé des excédents commerciaux compris entre 5,6 et 7,6 % du PIB au cours des dix dernières années. Bien qu'elle ait fini par dépendre énergiquement et économiquement de la Russie et de la Chine (deux adversaires stratégiques des États-Unis), Berlin est cependant restée militairement subordonnée à Washington, en restant au sein de l'OTAN et en soutenant son élargissement à l'Est, sans développer cette autonomie stratégique européenne dont la force motrice aurait dû être le soi-disant "axe franco-allemand".
Au sein de l'UE, Berlin s'est imposé comme un acteur économiquement hégémonique sans élaborer une vision politique qui renforcerait la cohésion des Etats membres, ni imaginer de solution pour aplanir les inégalités au sein de l'Union. Comme l'a écrit le journaliste allemand Wolfgang Münchau dans le Financial Times en 2020 - sous la direction d'Angela Merkel, l'Allemagne n'a toujours fait que le strict minimum pour assurer la survie de la zone euro, la laissant se traîner d'une crise à l'autre. En Ukraine, Berlin a essentiellement suivi les politiques anti-russes de Washington, croyant naïvement que cela profiterait à la "profondeur stratégique" allemande. Merkel a ainsi soutenu le soulèvement de Maidan à Kiev en 2014, et appuyé les sanctions imposées à Moscou après l'occupation russe de la Crimée. Mais cela ne suffit pas aux États-Unis, longtemps agacés par le modèle mercantiliste allemand et l'Ostpolitik de Berlin.
Washington avait compris depuis longtemps que Moscou, Pékin et le continent asiatique étaient désormais en mesure d'offrir à l'Allemagne et à l'Europe des possibilités de commerce et d'investissement plus avantageuses que celles des États-Unis. N'ayant plus la force économique de lier le vieux continent à eux comme ils l'avaient fait dans l'après-guerre, les États-Unis n'avaient plus que l'outil coercitif suivant : 1) attirer la Russie dans un conflit en Ukraine, en l'accusant d'être l'agresseur ; 2) construire un nouveau rideau de fer en Europe, en le renforçant par un système de sanctions qui maintiendrait ses alliés dans l'orbite économique américaine ; 3) isoler Moscou, en créant les conditions d'une rupture économique avec la Chine. Transformer l'Ukraine en un pion à jeter en pâture à la Russie a servi à effacer l'alignement naissant entre Berlin, Moscou et Pékin.
L'objectif russe était initialement opposé à l'objectif américain: couper le cordon ombilical qui lie le vieux continent à l'Amérique et créer, avec la Chine et l'Europe dirigée par l'Allemagne, un ordre multipolaire fondé sur l'intégration économique de l'Eurasie. En intervenant en Ukraine, Moscou a manifestement estimé que Berlin et l'Europe n'étaient pas récupérables, et s'est résigné à s'appuyer sur l'axe avec Pékin, se pliant en fait au projet américain d'une nouvelle confrontation des blocs. Dans ce cadre, l'Allemagne, qui était le chef de file de la composante européenne de l'"île-monde" eurasienne, se voit reléguée au rang de "paria" dans un vieux continent qui est à nouveau dirigé par les Américains. Bien qu'il se soit conformé au régime de sanctions voulu par Washington (également destiné à saper les fondements de la compétitivité allemande), le successeur de Mme Merkel, Olaf Scholz, est montré du doigt par les extrémistes européens pro-Kiev, et par le gouvernement ukrainien lui-même, comme un "pacifiste" pro-Poutine parce qu'il rechigne à adopter des politiques encore plus autodestructrices.
Pendant ce temps, le centre de gravité européen de l'OTAN s'éloigne de l'axe franco-allemand au profit d'un arc de pays - de la Grande-Bretagne aux nouveaux candidats à l'OTAN, la Finlande et la Suède, en passant par les républiques baltes et la Pologne - qui ont pris la tête de la croisade anti-russe. Avec Londres qui, ironiquement, pousse l'Ukraine à adhérer à l'UE après le Brexit !
* Auteur du livre Se Washington perde il controllo. Crisi dell'unipolarismo americano in Medio Oriente e nel mondo (2017).
Twitter : @riannuzziGPC
https://robertoiannuzzi.substack.com/
18:19 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, allemagne, affaires européennes, géopolitique, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale?
Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale?
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/chi-paghera-per-l-operazione-piu-autodistruttiva-sul-continente-europeo-dalla-seconda-guerra-mondiale
Notes sur la guerre russo-ukrainienne
1) Au lendemain de l'invasion, l'Europe avait deux options.
Elle aurait pu accompagner les sanctions nécessaires d'une double requête à Zelensky et à Poutine, visant à entamer des négociations immédiates sur la base des deux exigences fondamentales du conflit: la neutralité de l'Ukraine et le respect des accords de Minsk. Si Zelensky ne s'était pas senti couvert et si sa démarche n'avait pas été garantie s'il poursuivait la guerre, la paix aurait probablement pu être obtenue en une semaine.
Ou, et c'est le choix qui a été fait, l'Europe a commencé à dire que Poutine était le nouvel Hitler, était un fou, un animal; elle pouvait dès lors commencer à approvisionner l'Ukraine en argent, en instructeurs et en armements lourds, elle pouvait déclencher une vague de russophobie embarrassante et elle pouvait persévérer dans cette voie jusqu'à dire (comme Borrell) que la guerre devait être réglée sur le terrain (les diplomates s'improvisant guerriers avec le cul des autres).
2) En fournissant à l'Ukraine des tonnes d'armes sans aucune garantie quant à leur destination, l'Europe a créé une zone de guerre folle à ses portes, à laquelle participent non seulement l'armée régulière et les milices mercenaires, mais aussi des groupes paramilitaires et des clusters de combattants irréguliers, incontrôlables, agissant de manière autonome, souvent avec des intentions plus terroristes que militaires (comme le bombardement d'une école à Donetsk hier), et qui n'obéira jamais à aucune paix signée par Zelensky. Il y a la perspective (et c'est un desideratum américain depuis le début) d'un conflit de longue durée, ou peut-être après une déclaration de trêve d'un conflit d'intensité réduite, qui engagera l'armée russe pour longtemps et conduira à la destruction totale de l'Ukraine - au moins de la partie de ce pays située à l'est du Dniepr.
3) Comme toujours, plus le conflit dure, plus les deuils s'accumulent, plus la haine irrévocable envahit les âmes, et plus on abandonnera les derniers scrupules dans la conduite de la guerre (la Russie a progressivement augmenté le poids des types d'armement utilisés, l'Ukraine a commencé à viser le territoire russe dans la province de Belgorod). Nous verrons quelle sera la limite dans l'escalade.
4) Entre-temps, nous avons tous allègrement occulté le fait qu'en Ukraine, outre les gazoducs et les centrales nucléaires, il existe certains des plus grands gisements de plutonium et d'uranium enrichi au monde. En bref, nous jouons à la guerre, qui s'intensifie progressivement, dans l'une des zones les plus dangereuses de la planète en termes de répercussions générales possibles. Il est utile de rappeler que la distance entre l'Italie et l'Ukraine est de 1500 km à vol d'oiseau, celle entre l'Ukraine et les États-Unis est de 7500 km (avec un océan entre les deux).
5) Sur le plan économique, l'Europe a parié sur l'accès à des sources d'énergie abondantes et à prix modéré. L'Europe étant la zone du monde la plus vouée à la transformation industrielle et la moins dotée en ressources naturelles, l'actuelle politique ukrainienne de l'Europe équivaut à avoir fait un nœud coulant et à se le passer au cou. L'Europe soutient et alimente une guerre à sa propre porte, et non seulement cela, mais elle fait tout pour qu'elle dure longtemps et pour rompre définitivement toutes ses relations avec le reste de l'Eurasie. En substance, nous nous coupons de la partie du monde dont nous sommes économiquement complémentaires (la Russie pour les ressources, la Chine pour la fabrication de base, tous les BRICS en tant que plus grand marché du monde). Dans le même temps, nous nous subordonnons à nouveau et sans alternative à un concurrent primaire avec lequel nous sommes en concurrence directe sur le plan industriel, mais qui, contrairement à l'Europe, est énergétiquement autonome.
6) Ayant atteint ce point, la Russie n'a plus un intérêt primordial à parvenir à une paix rapide. D'un point de vue économique, elle paie effectivement un prix, mais d'un point de vue stratégique, elle est en train de devenir la référence mondiale pour la "revanche" de cette partie majoritaire du monde qui s'est sentie malmenée par le tyran américain pendant des décennies. Cette victoire stratégique permet à la Russie de cultiver une alliance substantielle avec la Chine, une alliance absolument invincible et incassable à tout point de vue: territorial, démographique, économique et militaire.
7) L'Europe, en revanche, a creusé sa propre tombe. Si les gouvernements européens ne parviennent pas, d'une manière ou d'une autre (et pour l'instant à grands frais), à rétablir les relations avec la partie restante de l'Eurasie, le sort de notre sous-continent est scellé. Les deux siècles d'ascension mondiale qui ont débuté au début du XIXe siècle connaitront une fin peu glorieuse. Dès l'automne, nous commencerons à voir les premiers signes de ce qui s'annonce comme une nouvelle contraction économique de longue durée, une contraction qui, impliquant les pays européens en bloc, aura des caractéristiques inédites, bien plus lourdes que la crise de 2008, car il n'y aura pas ici de "garanties de fiabilité financière" pour tenir le coup.
En regardant Draghi, Macron, Scholz et leurs marionnettes parlementaires aujourd'hui (en Italie, la quasi-totalité de l'arche parlementaire), la seule question qui reste est: est-ce que quelqu'un va payer ?
Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale ? Les journalistes mercenaires et écervelés qui ont fabriqué et répété le récit de propagande pour alimenter la guerre paieront-ils ? Vont-ils payer les politiciens qui ont soutenu activement la guerre ou qui ont fait des génuflexions devant les diktats du Premier ministre ?
Ou devant les nouveaux chômeurs et travailleurs pauvres, réussiront-ils une fois de plus le tour de passe-passe consistant à expliquer qu'il n'y avait pas d'alternative ?
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dimanche, 29 mai 2022
Grand espace et idée d'empire - contre-projet à l'UE
Grand espace et idée d'empire - contre-projet à l'UE
Par Alexander Markovics
L'État-Nation : pour certains, c'est un modèle dépassé, pour d'autres, c'est la possibilité de revenir au "bon vieux temps". Mais le problème soulevé par l'Etat-Nation réside dans le fait qu'il est d'une part trop faible pour contrer la menace de la mondialisation, l'espace qu'il domine n'étant tout simplement pas assez vaste, et d'autre part trop fort lorsqu'il s'agit de restreindre les libertés de son propre peuple, puisqu'il tente de rendre tous les citoyens "égaux" à partir d'un centre, au-delà des frontières des régions, des tribus et des états qui se sont développés au fil du temps. Nous assistons chaque jour à deux de ces dérives: d'une part, l'immigration de masse que l'État-nation ne peut pas réguler (et ne semble pas vouloir empêcher) et, d'autre part, les citoyens sont contraints de penser à l'unisson et selon les médias et de se faire vacciner partout où cela est possible. L'État-nation devient donc de plus en plus problématique, précisément parce qu'il considère l'homme comme un individu, libéré de tout lien collectif (peuple, religion, région, sexe, etc.) - mais quelle pourrait être une alternative à cet État ?
Tout d'abord, il est important de considérer deux points importants dans l'évolution historique de l'Europe: alors que l'État-nation européen a échoué lors de la longue guerre civile de 1914 à 1945, un monstre bureaucratique s'est développé après 1945 dans le cadre de l'"unification européenne" sous l'égide des États-Unis, qui tente non seulement d'uniformiser toute l'Europe, mais aussi d'inculquer aux peuples du Vieux Monde la mondialisation et ses vices de la manière la plus approfondie possible. Il est intéressant de noter que l'Union européenne actuelle n'est en principe rien d'autre qu'un immense État-nation, qui semble être une version libérale du "Quatrième Reich européen" imaginé par le national-révolutionnaire Jean Thiriart, dont le projet était également dominé par un centralisme rigide. Dès les années 1960, cette construction monstrueuse a finalement reçu la réponse audacieuse d'une "Europe des patries" (Charles de Gaulle), qui exigeait le maintien de la souveraineté nationale des États européens tout en favorisant la coopération entre les différents pays.
Cependant, cela ne résout pas le problème de l'État-Nation - le centralisme vis-à-vis de ses propres citoyens d'une part, l'incapacité à lutter contre la mondialisation d'autre part - mais tente seulement de l'atténuer dans le cadre d'un "compromis". La véritable alternative à l'État-Nation se nourrit des sources de notre histoire et associe deux concepts: l'empire et le grand espce. De ces deux concepts, l'idée d'empire est sans aucun doute la plus ancienne. Son objectif est de concilier les contraires en son sein, en s'appuyant sur l'idée de communauté. Comme l'a expliqué le sociologue allemand Ferdinand Tönnies en 1887 dans son livre Gemeinschaft und Gesellschaft, la société (qui est la forme dominante de la vie en commun dans l'État-nation) est dans un état permanent de tension et d'hostilité: les gens ne font rien les uns pour les autres tant qu'on ne leur promet pas quelque chose en retour, s'ils coexistent pacifiquement, c'est uniquement séparés les uns des autres (par leurs intérêts économiques en concurrence permanente), et non sous la forme d'une coexistence. La communauté, en revanche, attribue à chaque personne une place unique, elle est "organique" parce que ses membres ne sont pas identiques les uns aux autres, mais se complètent mutuellement comme les organes d'un corps. Elle est fondée sur la notion d'intérêt général, qui ne découle pas du principe de causalité, mais du principe de subsidiarité tel que l'avait formulé Johannes Althusius. Celui-ci définit la communauté comme un empilement de communautés/coopératives de vie simples et privées (familles, collèges séculiers, corporations) et de communautés mixtes (villages, villes et provinces), finalement couronnées par une communauté supérieure. Le chef de l'empire - historiquement sous la forme de l'empereur - est chargé de représenter les valeurs communes de l'empire, d'incarner et de garantir sa mission - le bien commun, la paix - et d'assurer la médiation entre les différents niveaux.
Sa mission religieuse et eschatologique est de constituer le katechon, la figure qui arrête la progression de l'Antéchrist, qui s'oppose aux forces du mal, sans doute représentées aujourd'hui par la mondialisation et l'idée d'un "monde unique". L'État est en cela "res publica", chose commune à l'ensemble du peuple, puisque chaque niveau a pour mission de décider le plus seul possible des choses qui le concernent, la politique a ici pour mission de faire vivre les hommes en communauté, la souveraineté ne se retrouve donc pas ici, comme dans la théorie moderne de l'État (national), uniquement au niveau le plus élevé, qui élimine tous les corps intermédiaires en dessous de l'État et au-dessus de l'individu, mais à tous les niveaux de la communauté. L'empire n'est donc pas un État centralisé, mais plutôt une fédération. Comme il existe en son sein une fédération entre les peuples, les communautés et les activités de production, l'idée de coopération est fondamentale pour l'Empire. Il nie donc les fondements du capitalisme, qui repose sur une concurrence permanente entre les individus.
Mais comment une communauté avec des spécificités culturelles, ethniques et traditionnelles différentes peut-elle fonctionner ? Elle le peut en acceptant précisément ces différences sur le plan juridique, tant qu'elles ne contredisent pas la loi commune. Le peuple politique (demos) n'étant pas assimilé au peuple ethnique (ethnos), ces différences peuvent subsister car, contrairement au libéralisme, l'empire ne cherche pas à réduire la nationalité à la citoyenneté, ni à définir la citoyenneté de manière ethnique, ce qui confondrait les deux concepts. La condition préalable est bien sûr l'existence d'un peuple d'empire qui, conscient de sa propre histoire, de sa religion et de ses origines, se sent capable de créer des valeurs pour un empire commun.
Un tel empire peut alors être multiculturel au sens propre du terme, puisqu'il réunit sous une même idée des peuples différents les uns des autres et conscients de leur identité (dont la remigration éventuelle est ainsi facilitée), et non pas "multiculturel" comme Berlin-Kreuzberg, sans disposer d'aucun type de culture.
D'un point de vue géopolitique, un mariage avec l'idée du Großraum de Carl Schmitt est logique. En 1939, dans son ouvrage sur le "Großraumordnung mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte" (ordre du grand espace avec interdiction d'intervention pour les puissances étrangères à l'espace), celui-ci constatait, sur fond de l'expérience de blocus par les puissances maritimes anglo-saxonnes, que seul un espace à l'abri des blocus pouvait être souverain et garantir la pérennité de ses peuples. L'idée d'autarcie qui en découle, et dont l'Europe prend à nouveau douloureusement conscience dans le contexte de ses propres sanctions contre la Russie, exige la coopération de plusieurs peuples, à charge pour les Reichsvölkern (dans le cas de l'Europe, il en existe même deux, l'Allemand et le Français) d'unifier cet espace par une idée politique dont les peuples doivent disposer d'une autodétermination interne dans le sens de l'idée de subsidiarité. A cet égard, Schmitt a déjà reconnu, par anticipation et par analogie avec les représentants de l'idée eurasienne, qu'il n'existe pas seulement un empire européen qui doit régner sur le monde entier, mais également plusieurs grands espaces et empires (Schmitt citait déjà à l'époque la Russie et le Japon comme exemples à côté des Etats-Unis). L'idée de grand espace est donc d'emblée multipolaire et non unipolaire et permet l'existence de plusieurs systèmes politiques dans le monde, et pas seulement celui de la "seule démocratie occidentale qui fait le bonheur" aux yeux de Washington, ce qui permettrait de reproduire l'ordre intérieur de l'empire à l'échelle mondiale.
Bien sûr, un tel pluricentrisme dans le monde, dont parle également le politologue russe Leonid Savin, présuppose que nous acceptions l'existence de différentes cultures au-delà des slogans tels "Refugees welcome !" et de la "Cancel Culture" néolibérale de l'Occident moderne. Ce n'est qu'ainsi que l'Allemagne et l'Europe pourront elles aussi redécouvrir leur propre identité traditionnelle et faire renaître l'Empire au sens propre du terme.
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L'Europe à l'ombre de la guerre: inflation galopante, prix des services publics faramineux
L'Europe à l'ombre de la guerre: inflation galopante, prix des services publics faramineux
Un bilan par le journal hongrois Magyar Nemzet
Ex: https://magyarnemzet.hu/kulfold/2022/05/europa-a-haboru-arnyekaban-elszabadult-az-inflacio-egekben-a-rezsiarak
L'Europe à l'ombre de la guerre : l'inflation est incontrôlable, les prix des logements montent en flèche
La guerre en Ukraine et la politique de sanctions contre la Russie ont de graves conséquences pour les pays européens, avec une baisse significative du niveau de vie. Le centre d'information MediaWORKS a publié une série d'articles explorant les effets de la guerre jusqu'à présent et ceux qui risquent de se faire sentir dans un avenir proche. Dans la première partie, nous analysons le déchaînement sans précédent de l'inflation et la multiplication des frais généraux en Europe à la suite de la forte hausse des prix des matières premières.
Un conflit de guerre peut à lui seul causer des dommages à l'économie mondiale, mais surtout aux pays situés dans la région du conflit militaire. C'est particulièrement vrai dans le cas de la guerre Russie-Ukraine, qui oppose deux pays riches en ressources. La situation géographique de la Russie et son statut de grande puissance amplifient l'impact économique du conflit. De plus, les conséquences économiques négatives pour l'ensemble du continent européen sont considérablement exacerbées par la politique de sanctions de l'Union européenne et des États-Unis.
Voyons ce que cela signifie en chiffres concrets, et comment les actions de l'UE, motivées par la politique et l'idéologie, affectent le niveau de vie des Européens. L'inflation est l'un des facteurs qui se ressentent immédiatement dans la vie quotidienne.
Le taux d'inflation annuel de la zone euro a été de 7,4% en mars. C'est en Estonie que l'inflation est la plus élevée, avec une hausse des prix de 19,1 % en glissement annuel en avril, mais une forte inflation - supérieure à celle de la Hongrie - touche également la Lituanie, la République tchèque, la Lettonie, la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne, les Pays-Bas et la Slovaquie.
Des records d'inflation sont battus
L'inflation dans la zone euro s'est accélérée pour atteindre un nouveau record à la fin du mois d'avril, lorsque le taux annuel a atteint 7,5 % contre 7,4 % en mars. L'accélération du rythme de la détérioration monétaire est due à la hausse des prix des matières premières en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie, selon les données préliminaires publiées par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, fin avril.
L'inflation dans la zone euro est désormais plus de trois fois supérieure à l'objectif précédent de la Banque centrale européenne, à savoir deux pour cent.
Le rapport montre que les prix des produits alimentaires, de l'alcool et du tabac ont augmenté plus rapidement dans la zone euro ce mois-ci, passant de 5% en mars à 6,4% en avril. Entre-temps, les biens industriels non énergétiques ont augmenté de 3,8 % après 3,4 % au troisième mois, et le prix des services a augmenté de 3,3 %, après une hausse de 2,7 % le mois précédent. La croissance annuelle des prix de l'énergie, quant à elle, a ralenti mais est restée extrêmement élevée, à 38 % en avril contre 44,4 % en mars, selon le résumé d'Eurostat. Hors énergie, l'inflation dans les pays étudiés est passée de 3,4 % en mars à 4,2 %, tandis qu'en excluant l'énergie, les denrées alimentaires et les produits de luxe, l'indice des prix à la consommation a atteint 3,5 % à Pâques, contre 2,9 % le mois précédent.
L'épidémie de Covid et la guerre en Ukraine, entre autres facteurs, ont contribué à cette détérioration.
Les gens ressentent les effets de la hausse des prix
Le taux d'inflation a battu de vieux records dans toute l'Europe. En Autriche, la dépréciation monétaire a atteint 7,2 % en avril. Il s'agit du taux d'inflation le plus élevé en Autriche depuis l'automne 1981. Les gens ressentent les effets de la hausse des prix sur leur propre peau. Selon un sondage réalisé à l'époque, 92 % des personnes interrogées ont déclaré que le prix des denrées alimentaires de base avait augmenté de manière significative.
Trente pour cent des personnes envisagent de modifier leurs habitudes d'achat en conséquence. 75 % pensent qu'il est très important de n'acheter qu'en cas d'offre spéciale, tandis que 59 % pensent qu'ils chercheront une alternative moins chère à la marque à laquelle ils sont habitués.
L'inflation en Espagne est la pire depuis 1985. Fin mars, le gouvernement espagnol a été contraint d'assouplir les conditions d'importation de maïs après que 30 % du maïs destiné à l'alimentation animale ait été importé d'Ukraine, laissant les stocks épuisés par la guerre. Outre les cultures vivrières et fourragères, le prix du gaz et de l'électricité a également augmenté.
L'inflation en Croatie était de 9,4 % en avril. Selon l'Institut national des statistiques, il s'agit de la plus forte dépréciation monétaire depuis l'indépendance du pays. Les derniers chiffres constituent un record absolu pour le pays adriatique. Le record croate était de 8,4 % en juillet 2008. Ceci a maintenant été battu.
La Grèce a organisé une grève nationale le 6 avril en raison de l'inflation, qui, selon les habitants, n'a pas été favorisée par les efforts déployés par le gouvernement pour alléger le fardeau de la hausse des prix de l'énergie grâce à des subventions de quelque 3,7 milliards d'euros depuis septembre.
En dehors de l'UE, la situation n'est pas meilleure au Royaume-Uni. Dans son édition du 21 mai, l'hebdomadaire The Economist rapporte que le taux d'inflation annuel du Royaume-Uni a atteint 9 % en avril, soit l'une des plus fortes augmentations depuis 40 ans. Cela donne au Royaume-Uni le taux d'inflation le plus élevé parmi les pays du G7. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Barley, a déclaré que les hausses "apocalyptiques" des prix des denrées alimentaires étaient à blâmer en tant que facteur externe de l'inflation, mais The Economist note que la hausse des prix de l'énergie était principalement responsable de la flambée de l'inflation britannique.
Des frais généraux élevés
Aux Pays-Bas, les frais généraux ont augmenté de 86 % en avril en raison de la hausse des prix de l'électricité et du gaz naturel. En Estonie, l'augmentation des frais généraux était d'environ 60 % à la mi-mai, sous l'effet d'une hausse de 34 % des loyers, en plus du triplement des prix du gaz naturel. En Lettonie, le prix du gaz naturel domestique avait augmenté de près de cinq fois et demie en un an à la mi-mai, et l'électricité était presque quatre fois plus chère en avril de cette année qu'un an auparavant. En parallèle, les loyers ont augmenté de 32 %. Tout cela a entraîné une augmentation des frais généraux moyens de 335 % en Lettonie, selon les chiffres officiels. En Lituanie, une multiplication par cinq du prix du gaz s'est traduite par une hausse de 38 % des frais généraux moyens à la mi-mai.
En Roumanie, les frais généraux des ménages ont augmenté de 65 % en moyenne à la mi-mai. L'électricité a augmenté de 60 %, tandis que le prix du gaz a augmenté jusqu'à 300 %, selon le fournisseur.
La hausse des prix de l'énergie est donc un casse-tête majeur dans la plupart des pays européens. Alexander Handschuh (photo), de l'Association des villes et municipalités allemandes, a déclaré que la réduction de la durée de l'éclairage des rues était l'une des idées envisagées par les villes à la mi-mai. Mais de nombreuses villes et communes n'ont d'autre choix que de réduire encore l'éclairage public, selon une enquête de l'agence de presse allemande DPA. À Weimar, dans l'est du pays, il est prévu d'allumer les lampadaires une demi-heure plus tard et de les éteindre une demi-heure plus tôt à partir du 1er juin. Dans le même temps, les responsables de la ville de Mayence, dans l'ouest du pays, prévoient de réduire davantage l'éclairage public sur les chemins piétonniers et les pistes cyclables, après que l'éclairage public ait été réduit de 50 % dans certaines zones. Dans la ville de Darmstadt, l'éclairage public est atténué et éclairé lorsque les routes sont utilisées, grâce à la technologie des capteurs. Jusqu'à la moitié des coûts d'électricité des villes sont consacrés à l'éclairage des rues, a récemment annoncé le ministère des affaires économiques du Land de Hesse. La raison en est que les prix de l'énergie en Allemagne ont augmenté progressivement depuis le début de la guerre en Ukraine en février.
Le gouvernement italien limite à la fois la climatisation et le chauffage
Des centaines de milliers de personnes en Italie ont manifesté fin mars parce que 200.000 familles de la Vénétie, la région la plus riche du pays, sont incapables de payer leurs factures de services publics. Le gouvernement fournit 20 milliards d'euros pour aider les familles à faible revenu à faire face à l'augmentation des factures de services publics et propose également des paiements échelonnés, mais cela ne suffit pas pour aider certaines familles et petites entreprises, qui ont également été touchées par les effets de l'épidémie, à faire face à la hausse des prix.
La climatisation dans les écoles et autres bâtiments publics en Italie sera interdite à partir de mai à des températures inférieures à 25 degrés Celsius. Le Premier ministre Mario Draghi a ironiquement décrit la climatisation comme un exemple de ce que les Italiens pourraient avoir à sacrifier en échange de la paix en Ukraine. En effet, la température intérieure des bâtiments publics ne doit pas dépasser 19 degrés Celsius en hiver. La restriction sera en vigueur jusqu'au 31 mars, bien que l'on ne sache pas encore comment la consommation sera contrôlée. Les contrevenants s'exposent à des amendes de 500 à 3000 euros. La mesure ne s'applique pas aux hôpitaux, mais pourrait être étendue aux maisons privées à terme.
Le gouvernement espagnol a été contraint de geler les prix de l'électricité en raison du rythme de la détérioration financière. C'est nécessaire, car des milliers de personnes à travers le pays ont protesté contre les hausses de prix brutales. Plusieurs organisations espagnoles ont appelé à des manifestations à la mi-mars pour faire baisser les prix, protéger l'emploi et arrêter la détérioration des conditions de vie. Les organisateurs ont exigé que le gouvernement et l'Union européenne agissent pour freiner les hausses folles des prix et réformer le système de tarification de l'électricité afin que les ménages et les entreprises paient en fonction de leur consommation réelle.
Nous utiliserons les revenus des bénéfices supplémentaires pour protéger les emplois, les pensions, le soutien aux familles et maintenir les réductions des factures de services publics, ainsi que pour préserver la sécurité", a écrit le ministre d'État László György.
Une enquête choquante sur le peuple britannique
Trois Britanniques sur cinq ont été contraints d'éteindre leur chauffage en raison des prix élevés du gaz, selon un sondage Ipsos publié à la mi-mai. L'enquête révèle des résultats choquants, disent-ils.
Elle a souligné qu'un quart des Britanniques sont contraints de manquer un repas par jour en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, et que trois Britanniques sur cinq ont été contraints d'éteindre leur chauffage en raison des prix élevés du gaz.
Plus d'un quart des Britanniques ont annulé leur abonnement à la télévision par câble ou à un service de streaming (HBO, Netflix), et plus de la moitié des gens ont réduit leurs dépenses de divertissement. L'enquête a également révélé que l'augmentation du coût de la vie est surtout ressentie par les personnes dont les revenus sont les plus faibles selon les normes britanniques. Plus de la moitié des personnes gagnant moins de 20.000 £ par an étaient très inquiètes du coût de la vie au cours des six prochains mois. Au Royaume-Uni, de nombreuses personnes sont contraintes de chauffer moins afin de réduire le coût de leur facture de gaz.
L'augmentation moyenne des frais généraux cette année a été de 700 £ (320 000 forints). Cette évolution a été favorisée par une augmentation de 54 % du plafond des prix en avril, d'autres augmentations étant prévues en octobre. Le sondage a révélé que près d'un Britannique sur cinq a été contraint de contracter un prêt pour couvrir ses frais de subsistance quotidiens.
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La guerre en Ukraine comparée à celles du passé récent
La guerre en Ukraine comparée à celles du passé récent
par Gennaro Scala
Source : Gennaro Scala & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-in-ucraina-paragonata-a-quelle-del-recente-passato
Afin de rendre ce qui se passe en Ukraine plus intelligible pour nous, nous devons nous demander comment nous, Occidentaux, comprenons la guerre. Je vais donc essayer d'esquisser une approche comparative avec les guerres du passé récent, qui servira peut-être de base à des développements ultérieurs. De manière plus ou moins non dissimulée, pour la culture occidentale dominante, la meilleure façon de faire la guerre est le modèle dit "Shock and Awe": vous attaquez une nation (sans même déclarer la guerre), larguez un déluge de bombes sur sa capitale et ses principales villes, forçant ainsi l'État attaqué à se rendre. Cependant, bien que ce modèle garantisse des résultats immédiats, à long terme, comme il évite une véritable confrontation avec l'armée ennemie, il ne parvient pas à établir un contrôle sur l'État vaincu, comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan. La guerre "d'en haut" fait des dizaines de victimes mais ne parvient pas à briser réellement ceux qui sont prêts à se battre. En général, la masse des combattants survit aux bombardements, car elle constitue la partie la plus active et la plus organisée de la population attaquée. Une véritable défaite de l'armée adverse implique de "descendre sur terre" et d'affronter directement l'armée ennemie, même dans des conditions de nette supériorité technique.
La dernière véritable guerre menée par les États-Unis a été la guerre du Viêt Nam. L'issue de cette guerre a conditionné les guerres suivantes, car les États-Unis ont évité toute confrontation directe depuis lors. Avec l'augmentation de l'engagement américain à partir de 1965, cette guerre a entraîné une opposition croissante, en particulier de la part des jeunes, avec un refus généralisé de s'enrôler, des manifestations de masse et la montée d'une culture d'opposition qui a abouti à ce que l'on appelle le mouvement de "68". Probablement inattendues, ces protestations ont induit un profond changement dans les relations entre les classes sociales aux Etats-Unis. Peu de temps après, en 1973, l'armée de conscription prenait fin, laissant place à une armée exclusivement professionnelle, et le pacte social qui l'accompagnait, caractérisé par une prospérité généralisée et un quasi plein emploi, prenait également fin. La pauvreté, et avec elle la marginalisation sociale et la petite criminalité généralisée, a commencé à devenir un phénomène courant dans les sociétés américaines. Une transformation immortalisée, par exemple, dans le film Taxi Driver de Martin Scorsese.
Les manifestations anti-guerre étaient justifiées de tous les points de vue, même ceux qui n'étaient pas purement pacifistes. Tout d'abord, les objectifs de la guerre n'étaient pas bien compris, le pouvoir en place évoquait une "lutte contre le communisme" qui est devenue une lutte contre une sorte de monstre aux contours indéfinis. De plus, la conduite de la guerre par les Etats-Unis, qui consistait à s'attaquer à la société vietnamienne en brûlant des villages entiers, a provoqué de fortes crises morales chez les soldats qui ont été contraints d'attaquer une population envers laquelle ils ne ressentaient aucune inimitié. Le but de la guerre était principalement l'endiguement du communisme, mais si cet objectif était clair pour les classes dirigeantes, pour les soldats des classes inférieures, cet objectif ne semblait pas être une motivation suffisante pour être contraint de faire la guerre. Cet objectif découlait du système américain d'hégémonie mondiale, et n'était pas tant une question idéologique qu'un système de domination mondiale sans finalité concrète. À l'inverse, avec les États-Unis soutenant la résistance afghane, quelque chose de très similaire s'est produit pendant la guerre de l'Union soviétique en Afghanistan, qui fut l'un des facteurs qui ont conduit à l'"effondrement du communisme". Dans cette guerre aussi, il y avait des phénomènes de désaffection populaire, envers une guerre dont on ne comprenait pas les raisons, qui se trouvaient non pas dans un conflit réel avec l'Afghanistan, mais dans la lutte globale contre les USA. Les anciens combattants ont ensuite donné naissance aux premiers groupes d'opposition, ce qui a conduit plus tard à la glasnost de Gorbačëv.
Les mouvements de 68 ont effectivement apporté un changement radical, les motivations de la protestation étaient sacro-saintes mais ont fini par être déclinées en une opposition générique à la guerre de nature essentiellement individualiste, et un rejet générique de la guerre qui évite toute réflexion sur le rôle du conflit dans les relations humaines. La "culture de 68" était née, dans laquelle nous sommes encore partiellement immergés et qui a ensuite été habilement transformée par les médias américains en une autre façon de vendre la culture américaine aux peuples du monde. La base individualiste de cette protestation a fini par correspondre à la reformulation du pacte social après la conclusion de la guerre, que nous pouvons esquisser comme suit :
1) l'État n'exige pas de l'individu qu'il participe à la guerre au péril de sa vie, qui n'est confiée qu'à ceux qui le font professionnellement ;
2) l'État ne garantit pas la participation à la vie sociale par ce mode fondamental qu'est le travail. Cela devient un champ de lutte darwinienne pour l'existence (néo-libéralisme) dans lequel il y a toujours le danger de se retrouver dans le panier des exclus et des sans-abri.
Ce deuxième point a fait l'objet de mystifications considérables, car il est présenté comme le résultat de changements impersonnels dans le système économique. L'économie est conforme à la signification originale du terme, l'"entretien ménager". La concentration du pouvoir économique et le pouvoir coercitif de l'État donnent aux classes dirigeantes un large pouvoir d'"administration" de la société, le secteur économique étant géré précisément comme la propriété des propriétaires du capital. Ainsi, les fortes inégalités sociales et la précarité du travail qui naissent dans ces années-là et qui donneront plus tard naissance au système libéral sont le résultat de la volonté des classes dirigeantes d'exercer une forte pression sur les classes inférieures afin d'inciter une proportion suffisante de la population à choisir "librement" la voie de l'enrôlement dans l'armée, sous peine d'être rejetée dans l'armée des SDF. Cela est possible grâce à la concentration du pouvoir économique et du pouvoir de l'État, qui offrent d'amples possibilités de façonner la société.
En raison de ce pacte, les classes dirigeantes ne peuvent pas demander aux classes populaires de participer à la guerre, sauf par la forme mystifiée de la "coercition libérale" que nous venons d'évoquer. Mais en même temps, le nombre de morts à la guerre doit être minimal, sinon elle n'apparaîtrait plus comme un aléa naturel du métier, mais comme un véritable sacrifice social. Et en même temps, puisque ce qui motive principalement l'enrôlement est le salaire, trop de risques en feraient un jeu qui n'en vaut pas la chandelle. Pour ces raisons, dans les guerres récentes, les États-Unis ont suivi la méthode "choc et effroi" (Shock and Awe) comme principale modalité de faire la guerre, car elle permet d'obtenir des résultats rapides (mais qui sont finalement annulés à long terme), tout en minimisant les pertes en guerre.
Nous arrivons donc à l'époque actuelle pour montrer comment la guerre en Ukraine représente un nouveau narratif par rapport aux guerres jumelles du Viet Nam et de la guerre soviétique en Afghanistan, qui étaient très similaires dans leurs objectifs et leurs résultats.
La guerre en Ukraine, qui n'est en fait pas appelée "guerre" mais "opération spéciale", a été présentée avec des objectifs limités et très spécifiques. Chaque article de Ria Novosti et des autres principaux journaux russes concernant le conflit en Ukraine comporte un paragraphe final (à la demande évidente du gouvernement) résumant les objectifs du conflit, qui ne fait actuellement référence qu'à la protection et à la libération de la population d'origine russe du Donbass. Initialement, il y avait également une référence à la dénazification, mais elle a maintenant disparu, ce qui reflète probablement le nouveau rétrécissement des objectifs à la seule conquête du Donbass. En outre, des efforts ont été faits pour minimiser les pertes civiles, même au prix de la limitation de l'action de l'armée. L'objectif politique étant d'inclure les populations russophones ou russophiles (et en général celles qui, en Ukraine, ont l'intention de se ranger du côté de la Russie), et donc d'éviter la haine de la population civile, il n'y a pas eu de bombardement de villes, et en général les attaques aériennes et de missiles ont été dirigées vers les infrastructures militaires. Au départ, on a tenté de limiter l'attaque aux infrastructures civiles également, mais avec l'augmentation exponentielle de l'aide militaire occidentale, la nécessité de frapper les routes, les ponts, les chemins de fer et les dépôts de carburant pour limiter le flux d'armes et de carburant vers l'armée ukrainienne est devenue évidente.
La Russie y parviendra probablement à un prix considérable en vies humaines et en termes matériels, comme cela est déjà évident. Mais cela n'a pas entaché le consensus de la population russe, qui a en fait augmenté ces derniers mois, et il est donc clair qu'elle partage les objectifs et les modalités de cette guerre. La Russie a été entraînée dans cette guerre par les États-Unis et la Grande-Bretagne dans le but de perturber son fonctionnement civil et militaire, mais l'effet inverse risque d'être atteint.
Ce qui précède nous indique que depuis l'effondrement de l'Union soviétique, la Russie a fait sa conversion en un système impérialiste-mondialiste alternatif au système capitaliste dirigé par les États-Unis pour lequel le communisme était l'ennemi. Précisons que nous utilisons les deux termes, faute d'une meilleure terminologie, "système impérialiste" et "système mondialiste-impérialiste", dans le sens respectif d'un système composé de différentes entités étatiques, ethniques, religieuses et culturelles avec un groupe hégémonique, mais intégré en son sein et délimité vers l'extérieur. En ce qui concerne le "système impérialiste-mondialiste", nous laissons le mot à la revue italienne de géopolitique Limes, en soulignant que ses éditeurs n'utilisent pas ce terme. "En règle générale, l'empire établit et défend ses limites actuelles. L'Amérique refuse de les fixer. Sa frontière est toujours mobile, jamais définie. Si elle devait fortifier un limes au nom du canon impérial (la référence au mur du Rio Grande, Sagrada Familia de l'architecture frontalière, est intentionnelle), elle risquerait de perdre son identité et son empire d'un seul coup. Si elle ne se limitait pas, elle serait victime de la boulimie d'espace et de pouvoir, la maladie professionnelle des empires" (L'Impero nella tempesta, 1/2021).
En bref, l'impérialisme-mondialisme est un système dédié à la domination mondiale sans limites définies.
L'Occident sera-t-il capable de se reconvertir en un système impérial aux objectifs spécifiques et délimités ? Sinon, le risque existe que, dans la confrontation avec le monde non-occidental, qui vient de commencer avec le conflit indirect avec la Russie, ce soit plutôt l'Occident qui s'écroule.
Qui vivra verra. Et c'est aussi un vœu pieux.
12:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, géopolitique, russie, ukraine, europe, affaires européennes, impérialisme, états-unis, guerre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La revue de presse de CD 29 mai 2022
La revue de presse de CD
29 mai 2022
EN VEDETTE
Vidéo de l’intervention de Pap Ndiaye au colloque « Fondements de la discrimination contemporaine » organisé le 15 avril 2021 à la Sorbonne par la mission égalité-lutte contre les discriminations à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. On se croirait dans la pire des universités woke américaine…
Fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/05/24/pap-ndiaye-et-sa-vis...
AFRIQUE
La coopération internationale anti-Daesh s’intensifie à Marrakech
La Réunion ministérielle de la coalition anti-Daech qui s’est tenue les 12 et 13 mai 2022 à Marrakech marque une nouvelle étape dans l’engagement et la coordination internationale dans la lutte contre le terrorisme. L’accueil de l’évènement par le Royaume du Maroc témoigne d’une volonté d’axer l’action internationale sur le continent africain notamment. L’Observatoire d’études géopolitiques assistait à cette réunion en tant qu’observateur.
Revueconflits.com
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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/DICTATURE
Les correspondants de presse en Europe centrale : Hongrie, Tchéquie, Slovaquie (II)
Le profil du correspondant local dans un pays donné influe grandement sur la qualité et l’orientation des articles publiés sur le même pays dans les médias de grand chemin. Nous publions la suite d’une série sur les pays d’Europe Centrale avec deux médias en ligne, d’orientation opposée, mais traitant des mêmes pays. Deuxième partie.
Ojim.fr
https://www.ojim.fr/les-correspondants-de-presse-en-europ...
Jacques Attali détient les clés du bonheur des générations futures
Qui décide de ce qui est bon pour les générations à venir ? Quel être suprême est au courant des découvertes scientifiques et techniques qui viendront ridiculiser quelques-uns de nos émerveillements actuels ? La réponse est dans la question. Jacques Attali se sent une âme de berger conduisant les nouveau-nés vers un horizon rayonnant. Il a tout prévu, tout pensé. Les clés d'un monde idéal sont dans la boîte à gants ! Heureusement qu’il pense pour nous, pauvres humains.
bvoltaire.fr
https://www.bvoltaire.fr/satire-a-vue-jacques-attali-deti...
Bellingcat : Le Monde victime de la propagande britannique, ou complice ?
Quand un « grand quotidien du soir » qualifie Bellingcat, une émanation des services britanniques, « d’ONG », le tout dans le contexte du conflit russo-ukrainien, que faut-il en penser ? Amateurisme ou complicité ? Nous laissons au lecteur le soin de tirer sa propre conclusion. Visite des lieux.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/bellingcat-le-monde/?utm_source=newsl...
ÉCOLOGIE
Marion Cotillard, naïveté écologique et moraline
En promotion pour le film Frère et Sœur, l’actrice Marion Cotillard s’évertue à prodiguer conseils et avertissements sur l’écologie. Un combat d’une hypocrisie sans nom, tant l’artiste fait partie de ceux qui contribuent le plus au réchauffement climatique — en toute connaissance de cause — par leurs habitudes de vie.
Frontpopulaire.fr
https://frontpopulaire.fr/o/Content/co11019390/marion-cot...
ÉCONOMIE
Préparatifs pour un nouveau monde : à propos de la « transformation structurelle » de l'économie russe
Pour le directeur du Centre de mécanique sociale, Mikhail Churakov, il est nécessaire de créer l'infrastructure de base, d'assurer la participation, de combler le fossé entre la métropole et les zones rurales intérieures, de garantir un système de commande et de contrôle efficace et de soutenir l'innovation scientifique. En bref, retour à la programmation économique, sinon à la planification.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/05/21/p...
ÉNERGIES
La solution énergétique européenne ? La pauvreté, pardi !
L’Union européenne a une solution pour combattre sa dépendance énergétique russe : encore plus d’écologie, et plus de pauvreté.
Contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/05/20/427832-la-solutio...
ÉTATS-UNIS
Sans surprise, ce ne sont pas les résultats sur lesquels les médias traditionnels voulaient se concentrer. Pour situer le contexte, le sondage a été commandé par NBC News et réalisé par Hart Research Associates/Public Opinion Strategies du 5 au 10 mai, en posant à un total de 1 000 adultes une série de questions relatives à la politique, aux personnalités politiques et à Disney.
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/05/20/wokisme-la-popularit...
Pourquoi les États-Unis utilisent des armes biologiques sans avoir de comptes à rendre?
Les États-Unis ont depuis longtemps démontré à la communauté mondiale leur mépris des réglementations internationales, ainsi que leur volonté de déclencher une guerre en utilisant des armes de destruction massive partout dans le monde. C’est ce que les Américains ont fait au Japon, lorsqu’ils ont largué des bombes nucléaires sur les civils à Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Par la suite, de nombreux autres incidents ont été documentés et rapportés aux Nations unies, impliquant l’utilisation d’armes chimiques et bactériologiques par les États-Unis contre leurs opposants, non seulement en Corée, mais aussi dans d’autres régions du monde
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FRANCE
Chauffeur de bus assassiné à Bayonne : ce que signifie la décision du juge d'instruction
Sur décision du juge d'instruction, les deux principaux accusés du meurtre, en juillet 2020, de Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, échappent aux assises, et les faits qui leur sont reprochés ont été requalifiés. Une appréciation aussi étonnante que révélatrice des problèmes de la justice française, et que l'avocat Régis de Castelnau propose d'analyser dans cette vidéo.
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Alors que le champ de recherches qu’il propose de développer aurait pu en faire l’économie, Pap Ndiaye a cru bon de consacrer tout un chapitre pour tenter de réhabiliter la « race » dans le discours public français et dans la recherche en sciences sociales. C’est sur cette partie du livre que je vais m’arrêter car l’argumentation de Pap Ndiaye s’oppose en tous points à celle que développent les deux universitaires américaines dans leur livre. Leur but étant de montrer que la race est une fiction qui aboutit à aggraver le racisme en occultant ses véritables causes.
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Nupes, affaire Taha Bouhafs : assiste-t-on au retour d’une gauche autoritaire ? Comment expliquer cette tendance de la principale force de gauche aujourd’hui à renouer ainsi avec les pratiques opaques que l’on croyait dépassées ?
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/05/23/thomas-guenole-et-fa...
GÉOPOLITIQUE
Les pachtounes, peuple d’Afghanistan. Alain Lamballe
Peuple installé à cheval entre le sud de l’Afghanistan et l’ouest du Pakistan, le peuple pachtoune est composé de guerriers montagnards dont les fureurs et les malheurs ont bouleversé le monde. Ce sont eux qui règnent sur l’Afghanistan de manière quasi ininterrompue depuis des siècles. Aujourd’hui, tous les Pachtounes ne sont pas taliban mais la grande majorité des taliban sont pachtounes. Émission avec Alain Lamballe pour comprendre qui sont les pachtounes. Podcast.
Revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/podcast-les-pachtounes-peup...
OTAN : quand la Finlande déclare la guerre
« En compagnie de la Suède, la Finlande a fait acte de candidature auprès de l’OTAN pour intégrer l’Alliance Atlantique. Cette démarche acte une rupture de la neutralité finlandaise issue de la Seconde Guerre mondiale et interroge sur les motivations réelles d’Helsinki ainsi que sur les conséquences de cette décision. Notre incollable historien militaire Sylvain Ferreira décrit le cadre et les enjeux de ce qui constitue une résiliation unilatérale de plusieurs traités internationaux. Je ne sais pas pourquoi mais cela me fait irrésistiblement penser à un jeu de mon enfance, une espèce de jeu de marelle, où l’on traçait le nom de pays à la craie et on déclarait la guerre aux autres. Sauf que ces guerres-là ne faisaient pas de morts. » Régis de Castelnau
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/05/otan-quand-la-finlande-...
Quelles chances pour la diplomatie en Ukraine ? Le grand débat
Comment trouver la porte de sortie face à la guerre en Ukraine, bloquée dans une impasse sur le terrain, aucun des deux côtés n’ayant la force de remporter une victoire militaire ? Au niveau diplomatique, l’Italie vient de soumettre un plan avec 4 points à l’ONU et le G7.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/quelles-chances-pour-la...
Holodomor 2.0
Les gouvernements kiéviens qui se sont succédé ont tenté jusqu’à aujourd’hui de justifier leur russophobie à cause de la grande famine (Holodomor) qui eut lieu dans les années 1930 en URSS. Cette accusation a pour but d’une part de faire endosser les crimes du bolchévisme à la Russie et aux Russes et d’autre part à faire croire à l’existence d’un peuple ukrainien qui aurait en commun d’avoir été « génocidé » par « l’occupant russe ». Ces deux présupposés sont totalement faux. Par Xavier Moreau, homme d’affaires, analyste politico-stratégique installé à Moscou et fondateur du site Stratpol.
Polemia.com
https://www.polemia.com/holodomor-2-0/?utm_source=newslet...
Le cosmos comme espace de la géopolitique
L'espace est devenu une arène de rivalité géopolitique entre trois puissances mondiales: les États-Unis, la Chine et la Russie, la Russie jouant le rôle d'outsider. Au début du 21e siècle, le politologue américain Everett Dolman, dans son article "Geostrategy in the Space Age", a utilisé pour la première fois le terme "astropolitique", le qualifiant de géopolitique étendue au "royaume de l'espace". Par ailleurs, E. Dolman a défini l'astropolitique comme "l'étude de la relation entre l'espace extra-atmosphérique, la technologie et le développement de la stratégie politique et militaire"
euro-synergies.hautetfort.com
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IMMIGRATION
Thilo Sarrazin : « Le grand remplacement a bel et bien commencé. En France, comme en Allemagne »
Après une longue carrière au ministère des Finances fédéral, Thilo Sarrazin, diplômé en économie de l’université de Bonn, docteur en droit et en science politique, est nommé secrétaire d’État au ministère des Finances de Rhénanie-Palatinat. De janvier 2002 à avril 2009, il est élu sénateur en charge des finances à Berlin. Adhérent au SPD (parti socialiste allemand) dès le début des années 1970, il en est exclu en 2020.
Breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2022/05/22/186844/thilo-sarra...
Immigration. Un rapport du sénat réaliste… et inquiétant !
Le rapport met en lumière une administration française qui plie sous le poids d’une immigration croissante et d’un droit complexe. Pourtant, en dépit de ce constat alarmant, auquel on aurait pu ajouter la fragmentation de la société française, les membres de la commission d’information prônent des mesures qui ne feraient qu’augmenter l’immigration extra-européenne. Les préconisations en matière de droit d’asile et d’éloignement des étrangers en situation irrégulière sont également loin de prendre la mesure de la gravité de la situation.
Polemia.com
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LECTURE
Lire et relire Guillaume Faye : Guillaume Faye et la vision archéofuturiste
L’idée de coupler la tradition mythologique et philosophique grecque avec l’élan futuriste agitait l’esprit de Guillaume Faye dès le moment où je l’ai connu et ai travaillé avec lui entre 1979 et 1987. Ces années furent les plus fécondes de son itinéraire intellectuel. Guillaume Faye avait été profondément marqué par ses professeurs de grec et de latin lors de ses années de lycée. Il avait lu Platon, se réclamait du réalisme d’Aristote, lectures qu’il avait complétées par une immersion dans les travaux de Mircea Eliade, de Walter Otto et de Georges Dumézil. Faye était aussi un disciple du philosophe italien Giorgio Locchi qui fut le véritable mentor de ce que l’on allait appeler plus tard, par simplification journalistique, la « Nouvelle Droite ». Sans Locchi, elle n’aurait pas été ce qu’elle est, en dépit de l’ostracisme subi injustement par le penseur italien, après 1979, année de son retrait définitif. Un beau texte de Robert Steuckers.
euro-synergies.hautetfort.com
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MONDIALISME/BIOTERRORISME
Bioterrorisme: la variole recréée en laboratoire. Vidéo Science et vie, 2020
L’humain subit une attaque en règle depuis de nombreuses années maintenant. La chose prend des formes multiples et variées selon le moment et le lieu. Cela peut aller de la simple confiscation du travail par délocalisation d’activités ancestrales jusqu’à l’organisation de pénuries alimentaires ou médicamenteuses. Cependant, le plus impressionnant reste la volonté de dénaturer l’être humain, de le chosifier, pour mieux en faire une ressource exploitable à volonté.
Lilianeheldkhawam.com
https://lilianeheldkhawam.com/2022/05/25/bioterrorisme-la...
OTAN
En voulant adhérer à l’OTAN, la Suède et la Finlande se jettent au bord du gouffre
En décidant de détruire leurs relations avec la Russie, les dirigeants suédois et finlandais entraînent leur peuple sur une voie dangereuse. La neutralité a été abandonnée sans autre raison objective que la russophobie dictée par les Américains.
Lecridespeuples.fr
https://lecridespeuples.fr/2022/05/23/en-voulant-adherer-...
RÉFLEXIONS
Dominique et Pierre-Guillaume de Roux
Dominique et Pierre Guillaume de Roux, père et fils morts jeunes, privés de ce que le destin aurait souhaité et que le destin a refusé, de sorte qu'il reste d'eux un homme inachevé, pris dans l'embuscade de la mort. Éditeurs par urgence impraticables, gaullistes à la droite du Général, Dominique païen posthume de tout serment et Pierre Guillaume chrétien par la foi : il a choisi l'Église orthodoxe comme un Byzantin après l'implosion des Croisades, prostitué à un souk d'indulgences, d'honneurs, de manœuvres avec l'Islam.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/05/20/d...
De l'importance de la censure
De la même manière que la richesse ne peut s'apprécier que parce qu'il y a de la pauvreté, le bonheur parce qu'il y a le malheur, la confrontation à la censure permet d'apprécier la valeur de la liberté d'expression. Celle-ci est aussi indispensable à la démocratie que la censure l'est à la dictature.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/opinions-editos/de-limportance-...
SANTÉ/INTERDICTIONS
Déclarations de Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé, le 5/01/2022
"Derrière les non-vaccinés, il y a un mouvement contestataire qui est violent, qui est très violent, qui est même menaçant avec tous ceux qui se vaccinent". "La liberté de ces 10 % s’arrête là où celle des 90 % commence".
https://twitter.com/SenseurFR/status/1527695584731201536
Pilotes et scientifiques se regroupent au niveau mondial pour alerter sur les risques de la vaccination
30 compagnies aériennes, des milliers de pilotes et environ 17 000 physiciens et chercheurs en médecine tirent la sonnette d’alarme pour dénoncer les risques liés « aux vaccins ». Un communiqué du collectif Free to fly Canada publié le 17 mai rapporte les incohérences en matière de sécurité aérienne et dénonce l'obligation vaccinale pour travailler.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe-sante/milliers-de-navig...
Qu’attendre de la nouvelle ministre de la Santé ?
Brigitte Bourguignon a été nommée ministre de la Santé et de la Prévention dans le gouvernement Élisabeth Borne. Des défis urgents et colossaux l’attendent.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/05/25/428200-quattendre...
Sommet mondial sur le Covid: 17.000 scientifiques appellent à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire
Lors d'un sommet mondial sur le Covid, 17 000 médecins et scientifiques ont fait une déclaration commune le 11 mai par la voix de leurs représentants. Appelant à mettre un terme à l'état d'urgence sanitaire enclenché au début de la crise du Covid-19, ils accusent les grandes sociétés pharmaceutiques, les gouvernements, les agences de santé publique et les médias grand public d'avoir, par leurs actions, causé la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Avec vidéo.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/sommet-mondial-...
Tout sur le Monkeypox
Une simulation de pandémie à Monkeypox avait été faite il y a 14 mois, faisant dire que c’était prévu, voire organisé. Non. Cet organisme est sérieux, les responsables également, et la maladie n’est pas si rare et ancienne. Faites 20 simulations avec des germes différents pour des épidémies de ce type, il y en aura forcément une qui tombera juste. Si le résultat de cette étude est inquiétant, c’est parce que c’est une simulation dans l’hypothèse d’une guerre bactériologique, avec infestation initiale massive, ce qui n’est pas le cas ici.
covid-factuel.fr
https://www.covid-factuel.fr/2022/05/26/tout-sur-le-monke...
UNION EUROPÉENNE
Le Conseil de l’Europe a publié une série de lignes directrices à l’intention de ses 46 États membres, qui visent à prévenir et à combattre le discours de haine, aussi bien en ligne qu’hors ligne. Dans une « Recommandation » adoptée lors de sa session annuelle qui se tient à Turin, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe appelle les gouvernements à élaborer des stratégies globales de prévention et de lutte contre le discours de haine, notamment en adoptant un cadre juridique efficace et en mettant en œuvre des mesures calibrées et proportionnées.
Sdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/05/20/le-conseil-de-leurop...
Vote à la majorité : Nathalie Loiseau promeut « l’Union européenne à 32 »
Ce week-end, Nathalie Loiseau répondait aux questions de L’Obs à propos de la généralisation envisagée du vote à la majorité qualifiée dans les institutions européennes. Une occasion pour elle de faire la promotion du fédéralisme.
frontpopulaire.fr
https://frontpopulaire.fr/o/Content/co11241180/vote-a-la-...
12:00 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, france, presse, médias, journaux | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 28 mai 2022
Forum économique eurasien: l'Occident sur une trajectoire de collision avec les économies émergentes
Forum économique eurasien: l'Occident sur une trajectoire de collision avec les économies émergentes
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/05/26/euraasian-talousfoorumi-lansi-tormayskurssilla-nousevien-maiden-kanssa/
L'Union économique eurasienne (qui comprend actuellement la Russie, le Belarus, l'Arménie, le Kirghizstan et le Kazakhstan) organise pour la première fois cette année son propre forum économique. Le coup d'envoi de l'événement, qui se déroulera du 26 au 27 mai, a été donné dans la capitale kirghize, Bishkek.
Le thème du Forum est "L'intégration économique eurasienne à l'ère du changement mondial". Nouvelles opportunités d'investissement".
Plus de 2500 participants de 15 pays de l'Union économique eurasienne et de pays désireux d'approfondir leurs relations avec l'Organisation - la Chine, le Vietnam, d'autres pays asiatiques et l'Amérique latine - prendront part au Forum économique. Plusieurs pays africains et européens ont également exprimé leur intérêt pour la réunion.
Le Forum comprendra une session plénière avec la participation des chefs d'État de l'Union par vidéoconférence, et 21 sessions thématiques pour discuter du "développement des infrastructures de transport et d'énergie, de la politique financière et bancaire, de la coopération industrielle, du commerce électronique, de l'agenda de la jeunesse et des nouveaux domaines de coopération au sein du Conseil économique eurasien".
En ouvrant l'événement, le Premier ministre kirghize Akylbek Žaparov estime que l'Union économique eurasienne "pourra devenir une destination majeure pour l'économie mondiale et contribuer à éliminer les distorsions et les déséquilibres qui se sont développés dans les relations économiques mondiales au cours des dernières décennies".
Le Forum économique se penchera également sur "la promotion et la popularisation de l'idée d'eurasisme". Ceci est lié au "programme jeunesse, qui est l'un des nouveaux domaines de l'intégration eurasienne en termes de large participation des jeunes aux processus de l'Union économique eurasienne".
Lors d'un débat sur l'interaction et la coopération internationales, le représentant de la Biélorussie, le vice-ministre des Affaires étrangères Yuri Ambrazevich, a déclaré que "l'essor de l'Eurasie a lieu au milieu des changements mondiaux". "L'Occident, défendant sa position dominante, se heurtera inévitablement aux pays émergents", a-t-il déclaré.
De nombreux analystes estiment qu'à moyen terme, nous nous dirigeons déjà vers un "monde macro-régional". Ce scénario est soutenu par de nombreux facteurs, et le concept de mondialisation n'est plus défini uniquement en fonction de l'Occident.
"La transition vers un monde multipolaire sera perturbatrice. Les affrontements entre l'Occident défendant sa position dominante et les leaders émergents définissant de nouveaux pôles sont inévitables", confirme M. Ambrazevich.
Selon lui, le conflit actuel en Ukraine est l'une de ces perturbations. "Il est encourageant que le vote de l'ONU [au cours duquel de nombreux pays ont refusé de participer aux sanctions anti-russes] ait montré que de plus en plus de pays non occidentaux décident de poursuivre leurs propres intérêts. Cependant, les nouveaux centres de développement devront travailler dur pour prouver leur droit à l'existence."
"Avant que le monde macro ne voie la lumière du jour, l'ordre mondial subira de nombreux changements. Par exemple, les chaînes de production et de logistique seront raccourcies et confinées à d'énormes clusters régionaux", prédit M. Ambrazevich.
"L'industrie manufacturière jouera à nouveau le rôle principal dans l'économie, avec l'importance croissante de la spécialisation industrielle, qui dépend de la disponibilité des ressources naturelles", a conclu le diplomate biélorusse.
Il a souligné qu'"en se concentrant sur l'autosuffisance, une plus grande résilience aux chocs extérieurs" et "une gouvernance efficace par des gouvernements forts", les macrorégions ont le potentiel de "fournir une alternative à la mondialisation occidentale, d'assurer une distribution plus équitable des ressources et des biens et l'inclusion de tous dans le développement".
"L'ordre mondial libéral rend impossible pour le tiers monde d'atteindre le même niveau de vie que le milliard d'or [la population totale des pays développés]. Le concept occidental de mondialisation cimente ce fossé", a déclaré M. Ambrazevich, qui s'attend à un changement de la situation.
La réunion du Forum économique eurasien est un autre signe que les institutions de l'Occident sont déjà remises en question. Espérons que le souhait du Premier ministre kirghize Zhaparov se réalisera et que la Communauté économique eurasienne deviendra également une union politique, s'enrichissant de nouveaux membres.
19:53 Publié dans Actualité, Eurasisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : forum économique eurasien, géopolitique, économie, eurasie, eurasisme, asie, europe, affaires européennes, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 27 mai 2022
La Russie, l'Iran et l'Inde créent un troisième pôle d'influence dans les relations internationales
La Russie, l'Iran et l'Inde créent un troisième pôle d'influence dans les relations internationales
Andrew Korybko
Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/37812-2022-05-23-12-51-00
Le ministre russe des Transports, Valery Savelyev, vient de reconnaître le rôle vital que joue aujourd'hui l'Iran pour la logistique de son pays grâce au corridor de transport Nord-Sud (NSTC - North South Transport Corridor). Selon lui, les sanctions occidentales sans précédent imposées par les États-Unis en réponse à l'opération militaire russe en cours en Ukraine "ont pratiquement brisé toute la logistique dans notre pays. Et nous sommes obligés de chercher de nouveaux couloirs logistiques".
La principale priorité de son pays est le NSTC à travers l'Iran, notant que trois ports de la mer Caspienne servent déjà de conduits commerciaux avec la République islamique, tout en reconnaissant qu'il reste beaucoup à faire en matière de connectivité terrestre.
Peu après le début de l'opération spéciale de la Russie, il avait déjà été prédit que l'Iran deviendrait beaucoup plus important pour la Russie. En effet, le NSTC fonctionne comme un corridor d'intégration entre les civilisations, reliant la civilisation historiquement chrétienne de la Russie, la civilisation islamique-chiite de l'Iran et la civilisation hindoue de l'Inde, sans oublier d'autres, comme celles d'Afrique et d'Asie du Sud-Est, qui peuvent se relier indirectement à la Russie par cette voie. Il s'agit d'une soupape irremplaçable à la pression économique et financière de l'Occident dirigée par les États-Unis, qui a créé tant de difficultés logistiques pour la Russie ces derniers mois, d'autant plus qu'elle est reliée à l'Inde, qui a défié la pression occidentale en continuant à pratiquer sa politique de neutralité de principe.
Sans la participation de premier plan de l'Iran au NSTC, la Russie serait isolée de ses indispensables partenaires indiens dont l'intervention décisive lui a évité de manière préventive une dépendance potentiellement disproportionnée vis-à-vis de la Chine à l'avenir. Ce résultat, à son tour, a aidé le monde à dépasser l'actuelle phase intermédiaire bi/multipolaire de la transition systémique mondiale vers la multipolarité qui a vu les relations internationales largement façonnées par la compétition entre les superpuissances américaine et chinoise. Il est de plus en plus possible de parler d'un troisième pôle d'influence représenté par la grande convergence stratégique entre la Russie, l'Iran et l'Inde.
Leurs diplomates ne le reconnaissent pas officiellement, de peur que les superpuissances américaines et/ou chinoises n'interprètent mal les intentions de leurs États-civilisation, mais tous trois tentent officieusement de réunir un nouveau Mouvement des non-alignés ("Néo-NAM"). Ils espèrent servir de centres de gravité égaux au sein du troisième pôle d'influence qu'ils souhaitent créer afin de faire évoluer les relations internationales au-delà de leur phase intermédiaire bi/multipolaire actuelle et vers un système de "tripolarité" qui, espèrent-ils, facilitera inévitablement l'émergence de relations multipolaires complexes. L'objectif de cette démarche est de maximiser leur autonomie stratégique respective dans le cadre de la nouvelle guerre froide vis-à-vis des deux superpuissances.
Les implications internationales de la réussite de leur plan changeraient littéralement les règles du jeu, ce qui explique pourquoi des efforts sont déployés pour les arrêter. Elles ont pris la forme d'une campagne de guerre de l'information menée par l'Associated Press à la tête des grands médias occidentaux dirigés par les États-Unis contre le partenariat stratégique Russie-Iran, tandis que d'autres médias mènent une campagne complémentaire contre le partenariat stratégique Russie-Inde. Les deux ont échoué alors que leurs dirigeants s'appuient sur leur vision du monde multipolaire-conservatrice-souverainiste (MCS) commune pour maintenir le cap malgré une pression considérable après que leurs stratèges leur aient soi-disant assuré que tout finirait par payer, pour peu qu'ils restent patients.
Cela contraste avec son voisin pakistanais, qui semble de manière convaincante être en train de recalibrer sa grande stratégie et le rôle associé envisagé dans la transition systémique mondiale suite à son changement scandaleux de gouvernement. Les signaux contradictoires que ses nouvelles autorités ont envoyés à la Russie, parallèlement à leur rapprochement enthousiaste avec les États-Unis, suggèrent fortement que la vision du monde MCS précédemment épousée par l'ancien premier ministre Khan est progressivement remplacée, à un degré incertain, par un libéralisme unipolaire favorable à l'Occident mondialiste (ULG - Unipolar Liberal-Globalist). Cela complique les processus multipolaires en Asie du Sud et risque d'en isoler le Pakistan dans le pire des cas.
Cependant, le Pakistan n'a aucune intention d'interférer avec le NSTC, même s'il devait s'engager dans un rapprochement complet et extrêmement rapide avec les États-Unis. Cette observation signifie que la grande convergence stratégique entre la Russie, l'Iran et l'Inde va se poursuivre, les deux derniers devenant encore plus importants que jamais pour Moscou en tant que soupapes à la pression occidentale et alternatives fiables pour éviter de manière préventive toute dépendance potentiellement disproportionnée vis-à-vis de la Chine. Le Pakistan était censé jouer un rôle complémentaire dans le Grand partenariat eurasiatique (GPE) de la Russie en servant également à équilibrer la dépendance croissante de Moscou vis-à-vis de Téhéran et de New Delhi, mais cela semble peu probable à la lumière des récents développements.
Avec des relations virtuellement gelées sur le front énergétique qui était conçu comme la base de leur partenariat stratégique espéré, il y a peu de chances que la Russie considère un jour le Pakistan comme plus important pour son "pivot vers l'Oumma" que l'Iran ne l'est aujourd'hui, alors qu'il est en train de le devenir, à moins que ces questions ne soient résolues de toute urgence. Selon toute vraisemblance, elles ne le seront pas, et cette prédiction désastreuse découle de la conjecture selon laquelle les nouvelles autorités pakistanaises considèrent le ralentissement du rythme de son rapprochement avec la Russie comme une "concession unilatérale acceptable" en échange de la poursuite des pourparlers sur l'amélioration des liens avec les États-Unis, qui est leur nouvelle priorité en matière de politique étrangère.
Bien que de petits pas vers le rétablissement des relations aient été constatés récemment, l'interview du ministre des Affaires étrangères Bhutto à l'Associated Press lors de son voyage inaugural aux États-Unis pour assister à un événement de l'ONU et rencontrer personnellement Blinken a jeté le doute sur l'intérêt d'Islamabad à reprendre les pourparlers sur l'énergie avec la Russie. Selon les médias, il a révélé que "lors de ses entretiens avec Blinken, il s'est concentré sur l'augmentation des échanges commerciaux, en particulier dans l'agriculture, les technologies de l'information et l'énergie". Cela suggère que les États-Unis tentent d'exercer un effet de levier sur le prétendu accord conclu par la Russie avec le Pakistan pour lui fournir des denrées alimentaires et du carburant à un prix réduit de 30 %, et peut-être même d'offrir un rabais moins important, le cas échéant, comme "coût nécessaire" pour améliorer les relations...
Le résultat prévisible de la décision du Pakistan de ne pas reprendre les pourparlers sur l'énergie avec la Russie est que l'importance de l'Iran et de l'Inde dans la grande stratégie russe continuera à croître sans que le facteur d'équilibre pakistanais, que Moscou considérait auparavant comme acquis, ne puisse être contrôlé. Ce ne sera pas un problème, à moins qu'ils ne politisent leur rôle de soupape pour la pression occidentale, ce qu'ils sont réticents à faire de toute façon, car cela pourrait nuire à leurs intérêts communs de MSC dans la transition systémique mondiale par le biais du Néo-MNA. Cependant, il reste important de noter que l'élimination pratique de l'influence équilibrante du Pakistan dans ce paradigme accroît la dépendance de la Russie vis-à-vis de l'Iran et de l'Inde.
Que les relations russo-pakistanaises deviennent stratégiques ou non, comme Moscou l'espérait, et qu'elles contribuent par conséquent à équilibrer le Néo-NAM qu'elle envisage, il ne fait aucun doute que l'axe que la Russie est en train de constituer avec l'Iran et l'Inde continuera à se renforcer, ces trois pays poursuivant conjointement la création d'un troisième pôle d'influence dans les relations internationales. La réussite de ce projet aidera le monde à dépasser la phase intermédiaire bi/multipolaire actuelle de la transition systémique mondiale et, par conséquent, à créer davantage d'opportunités pour les autres pays de renforcer leur autonomie stratégique dans la nouvelle guerre froide.
18:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, north south transport corridor, iran, inde, russie, europe, asie, affaires européennes, affaires asiatiques, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le conflit Russie-Ukraine: une guerre par procuration entre la Russie et l'OTAN
Le conflit Russie-Ukraine: une guerre par procuration entre la Russie et l'OTAN
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/russia-ukraine-conflict-proxy-war-between-russia-and-nato?fbclid=IwAR1zhprjBrNCYVN8cKfNgAkcu5crJZSAyRlMX6RcCYgdRmslgaN__KevLuw
Pour le développement futur du conflit Russie-Ukraine, il existe au moins trois scénarios et des options mixtes entre ceux-ci. Le premier est une reddition des forces ukrainiennes. Elle dépend de la décision politique du président Zelensky. Mais comme les pays de l'OTAN fournissent toujours des armes à l'Ukraine, je pense que ce nesera pas possible dans un avenir proche. Le deuxième scénario est un conflit prolongé. Il peut être gelé ou s'intensifier mais sera limité par région. La troisième variante est la plus dangereuse et signifie une implication plus active des pays de l'OTAN contre la Russie et le Belarus (notre allié et partenaire militaire) ou la Transnistrie où se trouvent une base et des stocks militaires russes. L'enclave russe de Kaliningrad est également une cible possible pour une attaque militaire de l'Occident. Dans ce cas, la Russie ripostera et des armes nucléaires pourraient être utilisées.
Je suppose que le conflit Russie-Ukraine pourra influencer fondamentalement l'ordre international. Il ne s'agit pas d'un conflit entre deux États seulement; c'est une guerre par procuration entre la Russie et l'OTAN où l'Ukraine est simplement utilisée comme un champ de bataille avancé. Nous constatons que les sanctions ont un effet similaire à celui de l'époque de la guerre froide et l'Occident cherche toujours à isoler davantage la Russie (mais sans succès). La Russie et la Chine rejettent toutes deux l'ordre "basé sur des règles" que cherche à imposer partout Washington et le découplage est plus intense qu'auparavant.
La question ne porte pas sur la base du triangle dans un avenir proche, mais sur la concurrence entre les partisans de la multipolarité et ceux de l'hégémonie américaine.
La Russie et la Chine sont dans le même camp. Nous avons des cultures et des visions différentes, mais toutes deux sont intéressées par la coexistence et la politique de non-ingérence, contrairement aux puissances occidentales qui, sous couvert de liberté et de démocratie, ont imposé leur contrôle et leur influence sur le globe pour leur seul bénéfice.
Je pense que le conflit Russie-Ukraine va modifier la carte géopolitique de l'Europe. En effet, la carte européenne a été modifiée une première fois lors de l'éclatement de la Yougoslavie. Du point de vue de la législation internationale (en raison de la violation de l'accord d'Helsinki), il s'agissait d'un précédent grave, mais les États-Unis ont soutenu ce processus puis, lors de la crise du Kosovo en 1999, ont encouragé la deuxième phase du
séparatisme européen. C'était l'époque du moment unipolaire.
Maintenant, c'est terminé et nous voyons la montée de la multipolarité. Je vois donc se dessiner à l'horizon un nouveau changement de la carte politique européenne, qui s'avère très possible.
Par ailleurs, l'adhésion de la Finlande à l'OTAN violera l'accord de paix de Paris. Nous assistons donc réellement à l'effondrement du système politique du XXe siècle (post-Yalta). Quelque chose de nouveau va émerger et cela ne dépend pas seulement des acteurs européens, mais du monde entier.
Les Etats-Unis sont intéressés à prolonger leur propre domination et hégémonie - Washington essaiera d'engager plus d'Etats neutres dans sa propre orbite. C'est la raison pour laquelle la Suède et la Finlande vont demander l'adhésion à l'OTAN (une propagande active y ont été menées au cours des 10 dernières années et encouragées par les États-Unis).
La question de l'expansion de l'OTAN et de sa limite ultime est une question complexe. Bien sûr, il y a des limites à l'élargissement de l'OTAN. Plus de pays signifie plus de difficultés et moins de flexibilité. Je pense que le commandement politique (c'est-à-dire les États-Unis) essaiera de réformer l'OTAN d'une manière ou d'une autre pour éviter la lenteur du processus décisionnel.
Nous constatons maintenant des frictions et une opposition au sein de l'OTAN. Les présidents de la Turquie et de la Croatie ont déjà fait savoir qu'ils n'autoriseraient pas la Finlande et la Suède à entrer dans l'alliance. En outre, la question est de savoir quel pourcentage du PIB national doit être payé pour alimenter le panier de l'OTAN. De nombreux membres (en particulier les pays pauvres du sud de l'Europe) n'en sont pas satisfaits. Certains ont peur de la réaction russe (et le cas ukrainien n'est qu'un élément de cette réaction). Nous verrons ce qui se passera au sommet de Madrid en juin.
Les médias grand public sont pro-occidentaux et ils ne fournissent des images qui ne reflètent que leurs propres intérêts. Lorsque j'essaie de voir les médias arabes ou pakistanais, je constate qu'ils reprennent des dépêches de l'Associated Press, de Reuters, de CNN, etc. - il n'y a que de la propagande en noir et blanc et de la désinformation. Les faits sont déformés. Il y a quand même de bons journalistes occidentaux qui font bien leur propre travail et fournissent de vraies enquêtes, mais ils sont peu nombreux. Le journalisme au sens classique du terme est mort. Les réseaux sociaux sont également utilisés comme outils de propagande. Récemment, j'ai lu une opinion sur un site militaire américain selon lequel le conflit ukrainien est la première guerre Tik-tok, car ce média a été utilisé activement par les Ukrainiens et les propagandistes de l'OTAN.
"L'intention de Poutine d'établir une petite Union soviétique" est notamment un faux récit qui est systématiquement promu par Washington depuis 2012. Lorsque l'idée de l Union économique eurasienne a été annoncée, Hillary Clinton a immédiatement dit que ce serait une restauration de l'URSS. Mais une telle restauration n'est pas possible. De nombreux pays dans de nombreuses régions ont adhéré à des vastes ensembles similaires pour des raisons d'activité financière et économique: citons, à ce propos, le Mercosur, l'Unasur et le CELAC en Amérique latine, le SAARC et l'ASEAN en Asie n'en sont que quelques exemples.
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jeudi, 26 mai 2022
Les bonnes et les mauvaises alliances militaires
Les bonnes et les mauvaises alliances militaires
Andreas Mölzer
Source: https://andreasmoelzer.wordpress.com/2022/05/26/von-guten-und-bosen-militar-bundnissen/
Les débats actuels sur l'élargissement du pacte de l'Atlantique Nord nous renvoient à l'histoire des diverses alliances militaires, du moins à celle du XXe siècle. Tout a commencé avec les deux pactes militaires qui se sont affrontés en Europe à la veille de la Première Guerre mondiale. Il y avait la double alliance entre la Prusse-Allemagne et la monarchie des Habsbourg, qui s'est ensuite élargie à la triple alliance avec le royaume d'Italie. Face à ces puissances centrales se trouvait l'Entente cordiale, composée de la République française et de la Russie tsariste, élargie par la suite au Royaume-Uni.
L'Allemagne, qui représentait alors une sorte de puissance quasi hégémonique en Europe, puisqu'elle était devenue la plus grande puissance économique et disposait également de la plus grande armée, se sentait encerclée par l'Entente. La France voulait prendre sa revanche sur 1870 et la Russie voulait stopper l'influence croissante de l'Allemagne en Europe de l'Est. L'Angleterre, quant à elle, craignait la puissance économique de l'Empire allemand et se sentait menacée dans sa domination maritime mondiale par le développement de la flotte allemande.
Ainsi, les deux alliances militaires qui se faisaient face avaient en fait une vocation défensive et étaient principalement destinées à lutter contre une trop forte montée en puissance des puissances adverses. Pourtant, la Triple Alliance et l'Entente allaient finalement devenir des alliances offensives avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. L'historien australien Christopher Clark décrit cela de manière impressionnante dans son ouvrage de référence "Les somnambules".
La leçon à tirer de la structure des alliances avant la Première Guerre mondiale est tout simplement que les alliances militaires qui s'opposent conduisent avec un certain automatisme à la guerre réelle, même si les représentants des deux parties ne le souhaitent pas explicitement.
Dans l'entre-deux-guerres, on a essayé de créer une sorte d'organisation internationale des États par le biais de la Société des Nations, afin d'éviter l'émergence d'alliances militaires antagonistes. Mais le simple fait que les États-Unis n'aient pas adhéré à la Société des Nations a montré que celle-ci était vouée à l'échec. L'Allemagne vaincue s'étant sentie violée et bâillonnée par le diktat de paix de Versailles, il était évident que Berlin s'opposerait au nouvel ordre d'après-guerre à la première occasion. Et ce, sans doute, même sans une prise de pouvoir par les nationaux-socialistes. La révision du traité de Versailles, souhaitée par Hitler dans les années 30 et réellement mise en œuvre, a finalement entraîné la dissolution de la communauté d'États prévue par le biais de la Société des Nations. Celle-ci fut alors remplacée par deux blocs militaires antagonistes. Il y avait d'une part l'Allemagne, alliée à l'Italie fasciste, et l'alliance des anciens alliés de la Première Guerre mondiale, en particulier la Grande-Bretagne et la France. Le fait qu'Hitler ait réussi à conclure une alliance de courte durée avec Staline a perturbé le retour à la constellation d'avant la Première Guerre mondiale pendant à peine deux ans. Avec l'invasion de l'Union soviétique par l'armée allemande, cette structure d'alliance antagoniste s'est soudainement renouvelée. Et comme lors de la Première Guerre mondiale, les États-Unis sont entrés en guerre contre l'Allemagne avec un certain retard. Ainsi, les puissances de l'Axe, renforcées cette fois par le Japon, ont mené une guerre mondiale contre les Alliés, qu'elles devaient presque inévitablement perdre.
Comme les vainqueurs écrivent l'histoire, il est clair aujourd'hui encore que la responsabilité de la Première Guerre mondiale incombait aux puissances centrales, en particulier à l'Allemagne prussienne et à la monarchie des Habsbourg, et que la Seconde Guerre mondiale était de toute façon une guerre d'agression criminelle de l'Allemagne nazie contre le reste du monde. Ainsi, alors qu'avant la Première Guerre mondiale, il existait encore une sorte d'équivalence morale entre les alliances militaires, il était tout à fait clair lors de la Seconde Guerre mondiale qu'il s'agissait du bien contre le mal. Lorsque la guerre froide a éclaté après la Seconde Guerre mondiale entre les anciennes puissances victorieuses, les États-Unis et l'Union soviétique, il était clair dès le début qu'il s'agissait là aussi du bien contre le mal.
L'Union soviétique et le Pacte de Varsovie ont pris fin à la fin des années 80 et les États-Unis, avec le Pacte de l'Atlantique Nord qu'ils dirigeaient, sont restés la seule puissance militaire mondiale. Prétendre que les États-Unis et l'OTAN n'ont pas mené de guerre depuis lors serait tout simplement une négation des faits historiques. L'une ou l'autre guerre a sans nul doute été menée sous mandat de l'ONU, mais bien d'autres l'ont été sans mandat. Les États-Unis, seule superpuissance restante, ont toujours cru pouvoir imposer leurs intérêts. Bien entendu, il n'y a jamais eu de sanctions de la communauté internationale contre les États-Unis, comme c'est le cas aujourd'hui contre la Russie. Si l'OTAN s'élargit aujourd'hui avec l'adhésion de la Suède et de la Finlande, c'est dans la continuité de ce qui avait déjà commencé après la fin de la Guerre froide et l'effondrement du Pacte de Varsovie. Malgré les promesses contraires faites à Gorbatchev, l'OTAN s'est étendue à un certain nombre de pays qui faisaient partie du Pacte de Varsovie. Comme le Reich allemand avant la Première Guerre mondiale, la Fédération de Russie, dirigée par Vladimir Poutine, a dû se sentir encerclée. Il ne fait toutefois aucun doute que cela est loin de légitimer une guerre d'agression telle que celle que Poutine mène aujourd'hui en Ukraine.
D'un point de vue géopolitique et mondial, la Russie est sans aucun doute la grande perdante de la guerre et des développements actuels. Un autre perdant est l'Europe, qui n'a d'importance qu'en tant que payeur, par exemple pour la reconstruction de l'Ukraine, et qui reste sous la coupe politique de Washington : un équilibre avec la Russie, judicieux du point de vue de la politique de puissance et de la géopolitique, a été rendu impossible pour des générations. Et les États-Unis, ou plutôt le complexe politico-militaire américain et les forces qui le dirigent en coulisses, ont réussi à faire en sorte que les États-Unis restent la seule puissance mondiale pertinente. En revanche, les membres européens de l'OTAN peuvent simplement se féliciter d'être membres de la bonne alliance militaire, posée commesupérieure sur le plan moral, humanitaire et démocratique.
En ce qui concerne l'Autriche, toujours neutre, la pression médiatique et politique en faveur d'un débat sur la neutralité devrait augmenter dans un avenir proche. Il semble que l'objectif de certaines forces en arrière-plan soit de faire tomber les derniers bastions qui refusent l'adhésion à l'OTAN. La position développée au début du gouvernement Schüssel/Riess-Passer, selon laquelle on pourrait devenir membre de l'OTAN s'il existait une OTAN européanisée, est donc totalement caduque. Une européanisation de l'OTAN ne se dessine plus depuis longtemps, bien au contraire. Et c'est ainsi que l'Autriche, jusqu'ici neutre, court le risque de faire partie du pacte de l'Atlantique Nord avec tous les autres États européens. Ce pacte est absolument dominé par la seule superpuissance restante, à savoir les États-Unis. Ainsi, l'alliance militaire occidentale et tous les membres de l'alliance, en particulier les États européens, sont livrés en premier lieu aux intérêts politiques et militaires des États-Unis. Mais on fait ainsi partie d'une bonne alliance militaire, d'une alliance militaire démocratique de haut niveau moral. Quel bonheur !
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mercredi, 25 mai 2022
La Suède dans l'OTAN
La Suède dans l'OTAN
Leonid Savin
Source: https://katehon.com/en/article/sweden-nato?fbclid=IwAR1nV_IoY07nu5fnBmG2D_1kO38wvQTwKUsXqsLkFWhnq4hrOPLm8BXx1Uo
Stockholm a aidé et aide encore l'OTAN à mener des agressions militaires dans d'autres pays de toutes les manières possibles.
Contrairement à la Finlande, la Suède n'a pas de frontière commune avec la Russie, de sorte que l'entrée de ce pays dans l'Alliance de l'Atlantique Nord peut ne pas être perçue comme trop problématique. D'un autre côté, tout renforcement de l'OTAN est un défi, puisque ce bloc est lui-même une menace pour la Russie et le Belarus (et pas seulement).
La neutralité de la Suède est discutable. Pour s'en rendre compte, il suffit de regarder les statistiques officielles de l'OTAN.
Leur coopération a débuté lorsque la Suède a rejoint le programme dit de "Partenariat pour la paix" en 1994 et le Conseil de partenariat euro-atlantique (un forum multilatéral de dialogue réunissant tous les alliés et pays partenaires de la région euro-atlantique) en 1997.
La Suède est l'un des six pays (appelés "Partenaires aux possibilités accrues" dans le cadre de l'initiative d'interopérabilité du Partenariat) qui apportent des contributions particulièrement importantes aux opérations de l'OTAN et aux autres objectifs de l'Alliance. Ainsi, le pays a élargi les possibilités de dialogue et de coopération avec ses alliés.
Il existe désormais un dialogue politique et des consultations régulières entre l'OTAN et la Suède, un échange d'informations sur la guerre hybride, une coordination de la formation et des exercices, et une sensibilisation générale à la situation pour éliminer les menaces communes et élaborer des actions conjointes, si nécessaire.
La Suède a contribué pour la première fois à une opération dirigée par l'OTAN en 1995, lorsqu'elle a envoyé un bataillon à la force de maintien de la paix dirigée par l'OTAN en Bosnie-Herzégovine. En outre, elle a soutenu la force de maintien de la paix de l'OTAN au Kosovo depuis 1999.
Le personnel suédois a travaillé aux côtés des forces de l'OTAN dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan de 2003 jusqu'à la fin de la mission de la FIAS en 2014. La Suède a également soutenu une mission de soutien résolue (RSM) de suivi pour continuer à former, aider et conseiller les forces de sécurité et les institutions afghanes jusqu'à son achèvement en septembre 2021. La Suède a contribué à hauteur de plus de 13 millions de dollars au fonds fiduciaire de l'armée nationale afghane.
En avril 2011, la Suède a contribué à l'opération United Protector (OUP), une opération militaire de l'OTAN en Libye, conformément aux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU. La Suède participe également à la mission de l'OTAN en Irak.
En outre, la Suède a signé un protocole d'accord de soutien au pays hôte qui, sous réserve d'une décision nationale, lui permet de fournir un soutien logistique aux troupes alliées situées sur son territoire ou y transitant, lors d'exercices ou en cas de crise. [i]
La Suède soutient également un certain nombre de projets du fonds d'affectation spéciale de l'OTAN dans d'autres pays partenaires, axés sur des domaines tels que la formation et l'évaluation des unités militaires, la réadaptation médicale des militaires blessés, la neutralisation des explosifs et la lutte contre les engins explosifs improvisés, la formation avancée du personnel du secteur de la sécurité.
La Suède participe au processus de planification et d'analyse, qui aide le pays à développer son potentiel militaire et à améliorer l'interopérabilité des forces armées suédoises avec les alliés et les autres partenaires.
La Suède participe au concept de capacités opérationnelles de l'OTAN, qui utilise un programme d'évaluation et de retour d'information pour développer et former les unités des forces terrestres, maritimes, aériennes ou d'opérations spéciales des partenaires qui s'efforcent de respecter les normes de l'OTAN.
La Suède participe à de nombreux exercices, et a également participé aux exercices de la coalition cybernétique de l'OTAN.
La Suède a coopéré avec un certain nombre d'autres pays à la création d'une force multinationale de réaction rapide pour les opérations de maintien de la paix, dirigée par l'Union européenne (UE).
Depuis 2014, dans le cadre de l'initiative d'interopérabilité du Partenariat, la Suède participe à la plateforme d'interopérabilité, qui unit les alliés à certains partenaires participant aux opérations de l'OTAN.
La Suède participe à deux initiatives stratégiques dans le domaine du transport aérien : le programme de capacités de transport aérien stratégique (SAC) et la solution intérimaire de transport aérien stratégique (SALIS).
L'OTAN apprécie beaucoup le rôle de la Suède dans la formation des forces armées des autres pays partenaires de l'OTAN. Le Centre international des forces armées suédoises (SWEDINT) organise des exercices et des formations axés sur l'aide humanitaire, les services de sauvetage, les opérations de maintien de la paix, l'état de préparation des civils et le contrôle démocratique des forces armées. Le Nordic Center for Gender in Military Operations est également situé à SWEDINT.
La Suède entretient des liens étroits avec les autres pays nordiques et participe à la Coopération nordique en matière de défense (NORDEFCO), une initiative de défense régionale qui encourage la coopération entre les forces armées nordiques.
En d'autres termes, la coopération entre la Suède et l'OTAN est très active depuis longtemps. Et Stockholm a aidé l'OTAN par tous les moyens possibles à mener des agressions militaires dans d'autres pays.
Il convient de noter qu'un large débat sur la possibilité que la Suède rejoigne l'OTAN a commencé fin décembre 2012, lorsque le chef de la défense suédoise, le général Sverker Göranson, a déclaré dans une interview largement diffusée que si la Suède était attaquée, elle ne pourrait se défendre que pendant une semaine avant que l'aide étrangère ne soit nécessaire.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a ensuite ajouté que, bien que la Suède soit le partenaire le plus actif et le plus compétent de l'OTAN, elle ne peut pas compter sur une assistance en cas d'attaque, car la garantie de sécurité prévue à l'article 5 de l'Alliance ne s'applique qu'aux membres de l'OTAN, une organisation à laquelle la Suède refuse d'adhérer.
Mais la ministre suédoise de la Défense, Karin Enström, a déclaré dans une interview ultérieure que la Suède peut compter sur l'assistance de l'UE, puisque le traité de Lisbonne prévoit une clause de solidarité, l'article 42.7, qui oblige les États membres de l'UE à fournir une assistance aux autres membres de l'UE en cas d'événements catastrophiques ou d'attaques. [ii]
Naturellement, en 2014, après la situation en Crimée, les États-Unis ont commencé à inciter activement la Suède à rejoindre l'OTAN. [iii] Entre autres, les déclarations sur une possible "agression de Moscou" ont été activement reproduites. Les experts américains estiment que "dans le conflit entre l'OTAN et la Russie, par exemple, lors de l'invasion russe des États baltes, la Suède sera profondément impliquée. Comme la Finlande fait office de tampon contre la Russie, une attaque depuis la terre est extrêmement improbable.
Au lieu de cela, la Suède sera confrontée à trois tâches défensives : la protection contre les attaques aériennes et les missiles russes, la protection de son vaste territoire contre la pénétration russe, et la protection de l'île de Gotland et d'autres infrastructures clés afin que les forces armées de l'OTAN puissent les utiliser pour protéger l'entrée des troupes dans les États baltes et en d'autres endroits". Pour ce faire, il est nécessaire de pré-déployer des avions et des systèmes de défense aérienne pour couvrir Gotland et un certain nombre de positions en Suède. Cela coûtera 3,2 milliards aux États-Unis, et l'OTAN devra ajouter 6,4 milliards supplémentaires. [iv]
Le nombre de partisans de l'adhésion du pays à l'OTAN en Suède n'a cessé d'augmenter d'année en année. S'il y a 10 ans, en 2012, les sondages montraient que seuls 18 % d'entre eux pensaient qu'ils devaient devenir membres de l'alliance, et 44 % étaient contre, alors en 2015, 38 % étaient en faveur, et 31 % contre.
Les propagandistes externes et leurs agents comme Carl Bildt ne sont pas les seuls à avoir travaillé sur l'image de l'OTAN. De nombreux spécialistes suédois des questions internationales ont contribué au discours pro-OTAN. Selon eux, le changement d'identité évoqué dans l'introduction est devenu possible en faisant appel aux discours dominants de l'"idéalisme" et de l'"internationalisme actif".
Autrefois partie intégrante de l'identité nationale suédoise, le thème de la "neutralité" a été remplacé par la justification de l'existence et de l'expansion de l'OTAN dans la période de l'après-guerre froide. Le sens de la "solidarité" a également changé et a commencé à impliquer que les États qui se soucient de la paix ne devraient pas agir comme des "passagers clandestins", mais devraient être prêts à agir en solidarité avec d'autres États européens et démocratiques contre les tyrans et les terroristes. [v]
Déjà en 2015, la coopération active entre l'OTAN, la Suède et la Finlande était considérée à Stockholm comme une sorte de nouvelle norme nécessaire à la sécurité dans les pays baltes. [vi] Bien qu'avant cela, dans la pratique, la Suède utilisait effectivement la coopération bilatérale informelle avec les États-Unis et d'autres États européens pour assurer sa sécurité.
Par conséquent, le mythe de la politique de "neutralité armée" du pays pendant la guerre froide n'est pas devenu un obstacle majeur pour obtenir le soutien de l'opinion publique à l'adhésion à l'OTAN.
Comme dans la Finlande voisine, des rumeurs de panique et des sentiments russophobes se sont répandus en Suède ces derniers temps. Gunilla Herolf, de l'Institut suédois des relations internationales, a déclaré à The National que "les Russes ne respecteront pas le territoire de la Suède. Ils feront en sorte que le premier jour, nous ne puissions pas utiliser de cartes de crédit ou avoir de l'électricité. C'est ce à quoi les gens s'attendent et se préparent." [vii]
Selon elle, les Suédois achètent des réservoirs d'eau spéciaux, des radios portatives, des réchauds de camping et de la nourriture supplémentaire en cas de conflit. Le gouvernement suédois prévoit également de réapprovisionner le grand réservoir de pétrole de Vattenfall et d'utiliser une centrale électrique construite pendant la guerre froide.
Herolf pense également que l'île de Gotland, qui a été militarisée à nouveau il y a quelques années, servira de base de soutien pour "dissuader les Russes". Ou, peut-être, pour les provocations et les attaques ?
Récemment, en décembre 2021, la Suède a participé à des cyber-manœuvres sous les auspices de l'OTAN. [Et en mars-avril de cette année, les exercices militaires VIKING 22 ont eu lieu sur le territoire de la Suède, où des représentants de l'Ukraine étaient également présents. En février 2021, le ministère suédois de la Défense a créé le Centre de recherche sur les opérations spéciales, dont la direction comprend des représentants du siège de l'OTAN et de l'US Air Force[ix].
Quant au complexe militaro-industriel, l'industrie de la défense suédoise dispose "d'importantes technologies avancées et d'une capacité de combat", ayant des alliances industrielles solides avec le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Allemagne. Cela lui a permis de développer conjointement avec le Royaume-Uni des systèmes tels que le missile antichar NLAW, qui a été utilisé en Ukraine contre les troupes russes.
Les produits du complexe militaro-industriel suédois sont également l'avion militaire polyvalent Gripen, les systèmes de guerre électronique avancés, la surveillance aérienne, les radars intelligents d'artillerie et de contre-batterie, et tout cela sera utile aux futurs alliés de l'OTAN, vraisemblablement contre la Russie. Par conséquent, les mesures de réponse devraient représenter quelque chose de plus que les notes de protestation standard et/ou la fermeture des magasins IKEA.
Notes:
[I] https://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_52535.htm
[ii] https://blogs.lse.ac.uk/europpblog/2013/05/20/sweden-nato-eu-alternative-us-defence-policy/
[iii] https://www.foreignaffairs.com/articles/finland/2014-04-30/nordic-nato
[iv] https://www.geopolitika.ru/article/vo-chto-mozhet-oboytis-rasshirenie-nato
[v] https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0010836720966376
[vi] https://www.ui.se/butiken/uis-publikationer/ui-brief/2015/a-new-normal-for-nato-and-baltic-sea-security/
[vii] https://www.thenationalnews.com/world/europe/2022/05/11/sweden-stockpiles-against-possible-russia-attack-over-nato-application/
[viii] https://www.fhs.se/en/swedish-defence-university/news/2020-04-24-sweden-participates-in-worlds-largest-live-fire-cyber-exercise.html
[ix] https://www.fhs.se/en/swedish-defence-university/about-sedu/organisation/specialised-centres/the-centre-of-special-operations-research-csor.html
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L'Europe a bel et bien perdu!
L'Europe a bel et bien perdu!
Par Mario Porrini
Source: https://www.centroitalicum.com/ha-perso-leuropa/
La guerre doit durer aussi longtemps que possible afin de saigner à blanc la Russie et de la faire échouer. À ce stade, la domination américaine sur l'Europe deviendra encore plus pesante, certifiée par l'identification désormais complète de l'UE avec l'OTAN.
Deux mois après le début de la guerre en Ukraine, Washington peut être satisfait de la tournure des événements. Le scénario actuel a été esquissé point par point dans un rapport préparé en mars 2019 par la Rand Corporation, le puissant et influent think tank américain, financé par le Pentagone, la CIA, diverses organisations non gouvernementales ainsi que par des "philanthropes" qui, accessoirement, ont également des intérêts dans le secteur militaro-industriel américain. Dans l'étude, publiée sous le titre "Overextending and Unbalancing Russia" et remise à l'administration américaine, diverses actions sont suggérées pour forcer une puissance ennemie ayant des liens trop étroits avec les nations européennes, comme la Russie, à une intervention militaire au cœur du Vieux Continent qui provoquerait la dissolution de ces liens, renforçant encore la dépendance de l'UE vis-à-vis des États-Unis et minant son économie au point de la faire imploser, comme à l'époque de l'URSS.
À cette fin, il a été instamment demandé d'accroître la pression des forces de l'OTAN le long des frontières de la Russie afin de pousser Poutine à l'action ; de forcer l'Europe à rompre toute relation politique et économique avec Moscou ; de saper l'image de la Russie à l'étranger en l'isolant complètement. Une recommandation particulière concernait l'octroi d'une aide militaire à l'Ukraine, qui devrait être soigneusement calibrée de manière à prolonger la guerre le plus longtemps possible afin de saigner la Russie à blanc, mais sans s'immiscer dans un conflit plus large.
Toutes les suggestions de Rand ont été ponctuellement reprises par la Maison Blanche et le Pentagone. Depuis lors, la pression de l'OTAN sur Moscou n'a cessé d'augmenter et a culminé avec trois exercices militaires massifs envisageant des scénarios de guerre en Ukraine, menés en succession rapide. La première en juin 2021 (Sea Breeze), la deuxième en juillet 2021 (Three Swords), la dernière en septembre 2021 (Rapid Trident). Pendant ce temps, le nombre d'instructeurs militaires des pays de l'Alliance atlantique envoyés en Ukraine pour former les forces armées de Kiev a augmenté de façon exponentielle.
La gigantesque base de Yavoriv, située en territoire ukrainien à environ 25 kilomètres de la frontière polonaise, a accueilli des troupes américaines, britanniques, canadiennes, polonaises et lettones. Cette attitude progressive de défiance et les déclarations provocatrices de Zelenskyj, qui insistait sur l'entrée immédiate de l'Ukraine dans l'OTAN, ont convaincu Poutine d'empêcher cette entrée tout en tombant dans le piège savamment préparé. Le plus probable est que Moscou, surestimant l'efficacité de ses troupes, espérait atteindre rapidement ses objectifs stratégiques et que le président russe, avec trop d'optimisme, pensait prendre un risque (mal) calculé...!
A ce stade, les jeux étaient faits. Avec le début des hostilités, la puissante machine de propagande de guerre s'est mise en marche, visant à criminaliser Poutine, montré du doigt comme l'agresseur et le seul coupable, et à sublimer un personnage qui, bien qu'étant le principal responsable de la tragédie dans laquelle il a plongé son pays, a été élevé au rôle de héros national: Volodymyr Zelenskyj. L'exposition médiatique et le narratif positif tissé autour de sa personne ont été impressionnants ; les liens avec les différents parlements des nations européennes et les émissions quotidiennes en direct du front ont monopolisé l'attention de tous les médias, tandis que son activité sur les médias sociaux est très suivie. S'afficher avec une barbe mal taillée et une tenue militaire, afin de s'accréditer comme un président qui mène son peuple en armes, sont le fruit d'indéniables compétences en communication, même s'ils devraient nous expliquer comment il est possible que dans une nation qu'ils nous disent avoir été presque totalement détruite par des bombardements, l'internet, outil indispensable à ces connexions, fonctionne encore. Quoi qu'il en soit, la stratégie de chantage moral de Zelensky à l'encontre des pays européens a pleinement réussi. Presque toutes les chancelleries, sous l'emprise émotionnelle de l'opinion publique et confortées par son soutien, se sont empressées d'exécuter les ordres de Washington, se rangeant du côté de l'Ukraine et acceptant de renforcer encore les sanctions contre la Russie, même au prix d'en subir elles-mêmes les conséquences les plus graves. L'interruption de toute forme de relation, tant politique qu'économique, entre l'Europe et la Russie était, comme nous l'avons vu, précisément l'un des objectifs visés par les États-Unis, et pour l'instant, il a été pleinement atteint.
L'autre objectif était d'affaiblir l'économie russe. À cette fin, les États-Unis et les pays satellites européens sont occupés à fournir des armements aux forces armées ukrainiennes. La guerre doit durer le plus longtemps possible afin de saigner la Russie à blanc et de provoquer sa faillite sans courir le risque d'une escalade nucléaire. Il importe peu que le coût en termes de vies humaines soit subi par le peuple ukrainien ; au contraire, ces victimes contribuent à créer un climat de peur dans l'âme des citoyens européens qui se sentent protégés par l'OTAN et ceux qui n'en font pas partie s'empressent de chercher refuge sous son parapluie, comme cela est arrivé à des pays traditionnellement neutres comme la Suède et la Finlande, convaincus de pouvoir rejoindre l'Alliance atlantique en très peu de temps. À ce stade, la domination américaine sur l'Europe devient encore plus complète, confirmée, de surcroît, par l'identification désormais complète de l'Union européenne à l'OTAN, une organisation qui, depuis quelque temps, assume de plus en plus le rôle d'un bras armé aux ordres des États-Unis.
Cependant, ce qui est présenté dans les médias comme un isolement complet de la Russie au niveau mondial est en réalité une mystification totale. Dans le monde, seules 37 nations ont décidé d'adopter des sanctions contre Moscou ; il n'y a pas d'Etats d'Afrique, d'Amérique du Sud, il n'y a ni la Chine ni l'Inde, il n'y a pas 90% du monde islamique, pas d'Etats d'Asie du Sud-Est. En Europe même, les positions sont différentes et ne vont pas dans un sens particulier: la Hongrie, la Bulgarie et la Turquie continuent à entretenir des relations commerciales avec Moscou, tandis que l'Allemagne et la France temporisent sur l'interruption des livraisons de gaz. Avec les pays baltes et la Pologne, ennemis traditionnels des Russes, et la Grande-Bretagne, désormais reléguée au rang de fidèle écuyer des États-Unis, seule l'Italie se range inconditionnellement du côté des États-Unis. Dans les prochains jours, Draghi s'envolera pour Washington afin de réitérer l'engagement de l'Italie à renoncer progressivement au gaz de Poutine. Son objectif, soutenu avec conviction par le PD - un parti "socialiste" désormais ouvertement pro-américain - est de devenir l'interlocuteur privilégié de Biden en Europe, face à la prudence de Scholz et aux hésitations de Macron.
En septembre, le mandat de secrétaire général de l'OTAN expirera et l'on murmure que Draghi vise ce poste prestigieux auquel on n'accède que si l'on se montre obséquieux face aux souhaits de Washington, et quelle meilleure preuve de loyauté que d'apporter en dot la soumission totale de l'Italie ? Notre Premier ministre a donné sa pleine volonté de fournir des chars et des armes offensives à l'Ukraine sans qu'il n'y ait eu aucun débat au Parlement et sans connaître la liste des types d'aide militaire déjà envoyée à Kiev car elle est secrète et ne peut être consultée que par les membres du Copasir.
Les sanctions imposées de manière inattendue à la Russie par les dirigeants européens causent de très graves problèmes. L'augmentation des coûts de l'énergie et des matières premières, la fermeture d'un marché aussi riche que celui de la Russie et le blocage des marchandises des citoyens de ce pays à l'étranger ont causé d'énormes dommages à de nombreuses entreprises européennes qui risquent désormais la faillite. Les protestations des syndicats et des industriels allemands ; l'opposition des travailleurs de Renault en France ; la décision des usines de chaussures de Marche de continuer à exporter vers la Russie, sont autant de signes que quelque chose bouge. Malgré la gigantesque et puissante machine médiatique qui fonctionne à plein régime, les sondages révèlent que l'écrasante majorité de la population européenne n'approuve pas l'envoi d'armes à l'Ukraine car elle s'inquiète, à juste titre, d'une éventuelle escalade du conflit, dont le théâtre serait toujours l'Europe. Les industriels, les syndicalistes, les travailleurs et les entrepreneurs du Vieux Continent se montrent plus réalistes et lucides que les politiciens en réclamant avec force la fin de cette guerre par procuration, décidée Outre-Atlantique, qui nous pénalise lourdement et ne profite qu'à une seule puissance : les Etats-Unis d'Amérique. Les pouvoirs en place font l'expérience directe que l'Europe a perdu dans ce conflit qui a éclaté au cœur de notre continent !
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Kissinger: "La Russie ne doit pas être vaincue". Mais ne mordez pas à l'hameçon, pour lui, l'ennemi, c'est toujours l'Europe!
Kissinger: "La Russie ne doit pas être vaincue". Mais ne mordez pas à l'hameçon, pour lui, l'ennemi, c'est toujours l'Europe!
Eugenio Palazzini
SOURCE : https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/kissinger-russia-non-va-sconfitta-non-abboccate-nemico-e-sempre-europa-234472/
Pour l'ancienne figure de proue de la politique étrangère américaine, la Maison Blanche fait tout de travers, car elle devrait éviter de pousser l'Occident dans un choc frontal avec la Russie. Henry Kissinger ne change pas sa vision historique et pointe désormais du doigt ceux qui tentent d'infliger une défaite à Moscou sur le terrain. Selon lui, un compromis est nécessaire et l'Ukraine doit "entamer les négociations avant que ne surviennent des émeutes et des tensions qui ne seront pas faciles à surmonter" en cédant un certain territoire en échange de la paix. C'est ce qu'a déclaré le très cher ami de 98 ans de Napolitano lors du Forum économique mondial.
Kissinger : "Une erreur fatale d'isoler la Russie"
Kissinger a souligné que "idéalement, le point de basculement devrait être un retour au statu quo ante", celui d'avant l'invasion russe. Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne serait plus une question de liberté pour l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même", a-t-il souligné. Le diplomate américain a également déclaré que la Russie fait partie de l'Europe et que ce serait une "erreur fatale" d'oublier sa position de force sur le Vieux Continent. "J'espère que les Ukrainiens sauront tempérer l'héroïsme dont ils ont fait preuve par la sagesse", a souligné Kissinger. En soi, en passant sous silence le rôle principal de Moscou pour un instant, les mots de l'ancien secrétaire d'État américain pourraient certainement plaire à ceux qui souhaitent rouvrir la table des négociations.
Kissinger contre Brzezinski. La gaffe américaine
Il y aurait cependant une erreur fondamentale, un champignon hallucinogène que mâcherait l'analyste distrait : croire que Henry Kissinger est le visage angélique des États-Unis, un porteur généreux de bons conseils pour l'Europe, en tant que tel préférable à l'unilatéralisme radical de son rival du vingtième siècle Zbigniew Brzezinski. Évitez les gaffes, s'il vous plaît. Pour les deux grands stratèges américains, accaparer l'Europe, la rendre non pertinente et donc contrôlable, a toujours été l'inévitable objectif. C'est sur la manière de maintenir la vassalité que les deux "âmes sages" de l'Amérique continuent de s'affronter.
Pour Kissinger, une entente russo-américaine est nécessaire, il l'a réclamée immédiatement après l'effondrement de l'URSS, l'a revigorée à l'époque d'Eltsine et l'a renouvelée sans trop de distinctions avec Poutine. Pour les élèves de Brzezinski, décédé il y a cinq ans, la domination américaine sur le "grand échiquier" doit être maintenue en s'opposant frontalement à la Russie, renforçant dans un système asymétrique la collaboration avec les autres acteurs qui avancent dans le sillage de Washington.
Méthodologies différentes, même objectif. La politique étrangère américaine, en ce sens, n'a jamais vraiment donné naissance à une troisième ligne "européiste", à l'exception de quelques aperçus fugaces parus dans Foreign Policy. Et nous ne faisons certainement pas référence à celles de son cofondateur Samuel Huntington, qui a trébuché de façon célèbre dans une lecture simpliste - autant que manichéenne - de la dynamique mondiale.
Eugenio Palazzini
16:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henry kissinger, états-unis, russie, europe, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 24 mai 2022
La Turquie et l'ordre multipolaire
La Turquie et l'ordre multipolaire
par Pierluigi Fagan
Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/turchia-e-ordine-multipolare
Je m'inspire d'un article sur la Turquie paru dans Ria Novosti (Russie), pour montrer la complexité des jeux multipolaires. La Turquie est l'idéaltype d'un lieu géo-historique multipolaire. Pendant plus de six siècles, un empire musulman sunnite, avec un passé plus récent en tant que société réformiste laïque. Asiatique mais toujours méditerranéenne, la Turquie est née de peuples non indigènes qui ont migré il y a des siècles de l'Asie centrale, où leur ethnie et leur langue sont originaires, la zone violette de la carte (ci-dessous, entre la Caspienne et l'Aral, les peuples Orghuz).
Il va sans dire qu'il existe un penchant naturel pour les peuples de langue turque (les quatre "stans" d'Asie centrale, cercle jaune), bien que ceux-ci soient également courtisés par les États-Unis, sont les alliés (économiques et militaires) pas toujours convaincus de la Russie, qui demeurent en étroite relation économique avec la Chine. En utilisant ces trois zones horaires du cadran général, nous allons procéder dans le sens des aiguilles d'une montre pour voir les autres lignes de relation entretenues par la Turquie contemporaine.
Avec la Chine, la concurrence porte précisément sur la zone de l'Asie centrale et surtout sur les Ouïghours, avec lesquels, soit dit en passant, les ancêtres des Orghuz ont eu un conflit historique au 8e siècle. Les djihadistes ouïghours (chinois) ont été un élément important utilisé par la Turquie dans le récent conflit en Syrie. D'autre part, Ankara regarde avec satisfaction le projet chinois BRI, qui devra compter avec la zone turque pour son développement. L'analyse même des relations avec la Chine montre une dynamique typique des relations multipolaires, à savoir le découplage des intérêts militaires et économiques. On peut être en concurrence sur l'un et collaborer sur l'autre, et investir davantage sur l'un au détriment de l'autre peut servir à équilibrer les relations avec différents partenaires. Le réseau systémique élastique qui en résulte est précisément ce qui caractérise un "ordre multipolaire", un concept que beaucoup ont du mal à comprendre.
Il semble que les Turcs aient désormais une présence militaire dans l'Afghanistan post-conflit, dont ils gèrent actuellement l'aéroport. La Turquie développe fortement son industrie militaire dont elle utilisera les produits pour la géopolitique de sa région, en concurrence avec les Russes, les Chinois et les Américains ou les Européens. Sur l'Iran nous ne rapportons rien de spécial, les relations sont discrètes bien que les deux pays soient des ennemis historiques et naturels.
La courbe bleue signale l'allié organique le plus proche d'Ankara, le Qatar. Mais depuis l'époque des grandes frictions entre le Qatar et les monarchies du Golfe, nous sommes passés à une recomposition des intérêts. Ainsi, après l'affaire du journaliste saoudien taillé en morceaux à Ankara (l'affaire Khashoggi), qui avait rendu les relations avec les Saoudiens très aigres, ceux-ci ont maintenant rouvert des relations diplomatiques selon leurs intérêts (Ligne verte, sur la carte).
La Turquie a un ennemi naturel à sa porte, à savoir les factions kurdes de Syrie (YPG), liées au Parti communiste kurde (PKK) de Turquie, qu'Ankara considère comme des terroristes. C'est la raison, avec d'autres questions d'approvisionnement militaire et de relations avec la Grèce, l'ennemi des ennemis pour Erdogan, pour laquelle les négociations USA-Suède/FIN-TURK donnent le feu vert à l'entrée des Scandinaves dans l'OTAN. Ce problème est moins simple que présenté habituellemen et typique des contradictions entre politique intérieure et extérieure dans les systèmes multipolaires. Pour les Suédois et les Finlandais, il s'agit d'abjurer leur amitié idéale et valorisante avec les formations politiques de la démocratie radicale (le tournant d'Öçalan vers la pensée démo-anarcho-écologiste et féministe de M. Bookchin), pas du tout simple en termes d'échelles de valeurs pour les deux pays historiquement en tête du classement occidental des "démocraties complètes". Le reste, c'est-à-dire les fournitures d'armes et de technologies demandées par Ankara, s'arrangera, mais ce point, en termes de politique intérieure, sera douloureux pour les deux Etats scandinaves.
La nouvelle géopolitique d'Ankara a également conduit à une récente recomposition des relations avec Israël, où Erdogan s'était distingué en étant pratiquement le dernier musulman à soutenir le Hamas (plus de forme que de fond, mais cela compte dans le monde arabe). Cela s'explique également par le cercle jaune ci-dessus. C'est là que se trouve le plus grand trésor, encore caché dans les entrailles de la terre, le gaz naturel. Mais il y a aussi un enchevêtrement multipolaire. La région est dominée par l'Égypte, qui, dans les partitions que constituent les différentes formes de sunnisme politique, est aux antipodes d'Ankara (même si le rapprochement avec les monarchies arabes alliées du Caire pourrait apaiser les esprits) et les deux sont dans des camps opposés en Libye. Il y a ensuite Israël, le Liban et la Syrie, précisément la partie nord-ouest où se trouve une présence militaire russe stratégique. Mais surtout Chypre, ou plutôt le différend historique entre les zones grecque et turque, et bien sûr la Grèce en tant que propriétaire de facto de la mer Égée, autant un ennemi extérieur que les Kurdes sont un ennemi intérieur.
En Libye, Ankara est avec nous et au moins formellement aussi les Américains contre les Russes-Emiratis-Français. L'ancrage turc en Libye est peut-être la présence militaire étrangère la plus importante d'Ankara et fait partie d'une stratégie méditerranéenne très complexe, mais considérée comme stratégique au plus haut degré également parce qu'elle a une base géo-historique solide.
Passons pour l'instant sur la ligne blanche des relations avec les États-Unis, sur laquelle nous reviendrons en conclusion. L'article russe fait allusion à quelque chose de nouveau qui devra être vérifié et suivi. Les Américains auraient promis à Ankara d'entrer dans l'EMS-EPA, qui est un traité de collaboration entre les États-Unis, Israël, la Grèce et Chypre (Grèce) pour forer dans la mer Égée et faire un nouveau gazoduc (East Med) utile à l'opération de désengagement de l'Europe vis-à-vis des approvisionnements russes. Le sujet de beaucoup d'impolitesse mutuelle entre Ankara et Athènes ces dernières années et d'une longue perspective en tout cas. La Grèce, à son tour, s'allie localement avec la France et l'Italie. Un bel enchevêtrement, du pain pour la haute diplomatie, fournir des armes un peu ici et un peu là, ce qui n'est pas du tout facile. Comme dans le cas des sacrifices demandés aux Scandinaves pour lever le blocus turc, convaincre les Grecs sera une tâche ardue, mais là encore, le poids d'Athènes est nul sur le plan international et géopolitique, ils avaleront l'accord à n'importe quel prix, si Washington le veut. Ce n'est pas le cas de la population grecque. La haine des Grecs pour les Turcs est inextinguible, elle est au cœur de l'identité nationale la plus viscérale.
La Turquie a pénétré profondément dans les Balkans musulmans, le Kosovo et l'Albanie en premier lieu. Ankara fait du chantage à l'UE et à l'Allemagne in primis, avec laquelle elle partage une importante communauté étrangère, sur le problème des migrants que les perturbations alimentaires et climatiques récentes et futures vont accroître, augmentant ainsi le pouvoir de chantage d'Erdogan. En outre, alors que l'Ukraine dépose sa demande d'adhésion à l'UE en une demi-heure, Ankara a déposé sa demande d'adhésion à l'UE en 1987, une UE avec laquelle elle partage une présence dans l'OTAN. Et pendant que nous sommes sur le sujet, notez la fourniture de drones turcs mortels à Kiev, comme un acte d'équilibre contre les Russes, pour maintenir l'équilibre à trois dans la mer Noire.
Nous en arrivons ainsi aux relations complexes avec les Russes. Ankara veut maintenir des relations bivalentes sur le plan militaire, mais cordiales sur le plan économique (elle n'a pas participé aux sanctions et a tenté d'organiser des sommets de la paix), un cas typique d'équilibrage avancé. Pour débusquer les "ambiguïtés" d'Erdogan (les mentalités dichotomiques qualifient d'"ambiguïté" tout ce qui n'est pas tout simplement noir ou tout simplement blanc) ou peut-être simplement pour suivre les intérêts des alliés "stan", Moscou a invité Ankara à rejoindre leur union militaire (OTSC), même si elle sait que c'est peu probable puisque les Turcs font partie de l'OTAN. Attention au Caucase. Ankara est avec l'Azerbaïdjan dans l'affaire du Nagorno-Karabakh, contre l'Arménie, la Russie à l'opposé. Je signale la sortie récente de Kadyrov (Tchétchène-Russe) engagé et à bien des égards crucial dans le conflit en Ukraine, un musulman, qui se dresse précisément contre les "ambiguïtés" d'Erdogan, la Tchétchénie est au beau milieu du Caucase et il y a des Tchétchènes qui sont peut-être parrainés par les Turcs du côté ukrainien, chose que n'apprécie pas Kadyrov dont le poids politique en Russie augmente.
Nous pouvons donc conclure en revenant sur les relations avec les États-Unis. En avril dernier, les États-Unis et la Turquie auraient mis en place un nouveau "mécanisme stratégique" conjoint, dirigé par Victoria Nuland (!), dont la première réunion a eu lieu à Washington entre Blinken et Cavasoglu il y a quelques jours. Tous les jeux énumérés ici composent un parallélogramme très complexe dans lequel les États-Unis tentent de s'insérer aux côtés d'Ankara, en donnant et en demandant. Après tout, Erdogan a fait de l'équilibre multipolaire la figure structurelle de sa stratégie géopolitique.
Nous avions besoin du cas turc à la fois pour actualiser le tableau des relations complexes avec le sommet turc et pour montrer à quel point elles sont complexes. On peut compter au moins 25 États de la vaste région "péri-ottomane" impliqués dans les relations avec Ankara, dont, en plus, trois puissances (USA-Russie-Chine), pour six macro-zones -Asie-Arabie-Afrique-Europe-Amérique-Méditerranée-, avec de multiples interrelations militaires, économiques, culturelles-religieuses, énergétiques, migratoires, géopolitiques, compétitives et coopératives.
Ce thème (la géopolitique d'aujourd'hui et de demain) sera désormais comme cela. Vous comprendrez donc comment le fait de s'enfermer dans l'angoisse du jugement, de surcroît litigieux, avant même d'avoir compris 10% du sujet, de cette affaire ou d'autres, expose la plupart au ridicule. Ceux qui minimisent ensuite la complexité vont également au-delà du ridicule, ce qui devrait être souligné et qui était alors le but implicite du poste laborieux.
[Le post mentionne le balayage des sujets mais ne suit pas entièrement le contenu de l'article de Ria Novosti que je joins tout de même par souci d'exactitude: https://ria.ru/20220522/ssha-1789945361.html ].
12:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, levant, méditarranée, asie centrale, russie, ukraine, europe, politique internationale, affaires européennes, erdogan | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'Amérique se battra jusqu'au dernier Européen
L'Amérique se battra jusqu'au dernier Européen
par Maurizio Bianconi
Source: https://www.destra.it/home/lamerica-combattera-fino-allultimo-europeo/
Mon frère, cadre supérieur sa vie durant, expert du monde d'en haut, m'a envoyé un SMS au début de la guerre : "L'Amérique est prête à combattre la Russie jusqu'au dernier ukrainien". Ces mêmes jours, le président Biden a lancé des épithètes contre Poutine, suicidaire sur le chemin de la paix. Je me suis souvenu d'une citation de Ken Follet: "un imbécile est un imbécile, mais un imbécile à la Maison Blanche est la chose la plus dangereuse au monde".
Ensuite, les choses sont allées sur une pente descendante jusqu'à la fourniture d'armes au pays attaqué avec des crédits faramineux. Il a été dit que les armes seraient utilisées pour aider l'Ukraine à résister. Puis la cible a changé : il a été dit que les armes et l'aide seraient utilisées "pour vaincre la Russie" et que la guerre durerait "très longtemps".
La Russie a annoncé des "armes secrètes" et a renforcé l'effort de guerre, de sorte que, dans un crescendo apparemment insensé, on s'attendait à l'annonce de la "guerre totale" par Poutine. Entre-temps, la demande, jamais formulée au cours des 70 années précédentes, de la Suède et de la Finlande d'adhérer à l'OTAN est apparue. Ce que Brzezinski a dit - selon l'histoire - à l'époque de la tentative d'intégration de la Russie à l'Europe "La Russie doit être repoussée en Asie" m'est revenu en tête.
Aujourd'hui, les choses semblent plus claires et des comportements que l'on croyait dénués de sens peuvent être déclinés à bon escient. Le mondialisme planétaire prôné par la post-démocratie financière envisageait un monde dominé par le marché. Les marchés en haut, les États en bas", comme le dit Tremonti. Le marché devait être dirigé par la finance occidentale.
Dans cette optique, la Chine a été admise au club du marché mondial (W. T. O.) en 2001 et la Russie en 2012. L'objectif était d'amener 2 milliards et plus de consommateurs sur le marché libre pour qu'ils soient également utilisés comme main-d'œuvre bon marché. En outre, des flots de ressources auraient été introduits sur le marché financier, qui seraient autrement à peine utilisables par la spéculation internationale.
Un geste imprudent, et l'Occident financier et mondialiste a eu le sort des cornemuses de montagne. Il a été joué et rejoué. L'Est produit à bas prix mais pour lui-même et envahit les marchés. Ses fonds souverains ont fait le plein et sont venus acheter une grande partie de la dette publique américaine. La Russie est stratégique en matière d'approvisionnement en énergie. Il s'est avéré que le mondialisme spéculatif devenait une arme aux mains de l'Est pour gagner la confrontation économique avec les pharaons de Wall Street. La phrase attribuée à Brzezinski s'est avérée prophétique.
Peu importe que cette guerre ait été causée, même en petite partie, par la pression américaine sur les nerfs à vif de la Russie. Ce qui est important, c'est que cette guerre est la prophase (le "prétexte" selon l'enseignement de l'historien Polybe) pour ramener le mondialisme à des dimensions plus autarciques. Une marche à reculons et un avenir qui sent le passé: l'Ouest par ici, l'Est par là.
Avec quelques précisions : l'Est compte autant de milliards d'habitants que l'Ouest et le jeu économique est désormais grand ouvert, avec une seule : les pauvres (de l'Est) seront plus riches, les riches (de l'Ouest) seront plus pauvres. L'Est possède des armes nucléaires chez tous ses protagonistes (Russie, Chine, Pakistan, Inde); l'Ouest n'en possède pas.
Le continent européen perd toute chance de constituer un bloc autonome et devient avant tout une ressource de guerre au service de l'atlantisme : l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, un avant-poste de l'empire par-delà la mer. Dans ce contexte, la fuite des Américains d'Afghanistan est plus compréhensible mais tout aussi inexcusable.
Une fuite déshonorante, un précédent à rappeler pour les hommes euroricains (Macron, Johnson) et nationaux (Draghi, Mattarella, E. Letta, M. Maggioni pour tous). La première Amérique présuppose un besoin similaire de fuir l'Europe. À ce stade, je reformule le SMS de mon frère : "L'Amérique est prête à combattre la Russie jusqu'au dernier Européen".
12:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, europe, affaires européennes, russie, ukraine, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 23 mai 2022
Confrontation dans l'Arctique
Confrontation dans l'Arctique
par le comité de rédaction de Katehon
Source: https://www.ideeazione.com/confronto-nellartico/
L'opération militaire spéciale en Ukraine a entraîné l'imposition de nombreuses sanctions par l'Occident. L'Arctique a également souffert de ces événements. Les activités du Conseil de l'Arctique ont été suspendues et de nombreux projets sont désormais en danger.
Conseil de l'Arctique
Le Conseil de l'Arctique existe depuis 1996. Elle comprend huit États : Danemark, Islande, Canada, Norvège, Russie, Etats-Unis, Finlande et Suède. Le pays qui préside le conseil change tous les deux ans. Les États prennent cette position à tour de rôle. En 2021, la présidence du Conseil de l'Arctique est passé à la Russie.
Les questions prioritaires de l'organisation sont les suivantes : assurer un développement socio-économique durable de l'Arctique, mettre en œuvre des programmes d'étude et de protection de l'environnement, préserver la biodiversité de la région et adapter la vie en fonction du changement climatique.
L'opération militaire spéciale en Ukraine a entraîné des changements dans les activités du Conseil de l'Arctique.
En mars 2022, sept États membres de l'organisation ont annoncé leur décision de suspendre les travaux du conseil. Des mesures similaires ont été prises suite aux actions de la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine.
Les initiateurs du "bloc" de coopération ont noté que le Conseil de l'Arctique a toujours suivi les principes de "souveraineté et d'intégrité territoriale". La Russie, selon eux, ne remplit pas ces conditions. Compte tenu de la violation de ces dispositions, les représentants des États arctiques ont refusé d'assister aux réunions du conseil en Russie.
Le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a condamné cette décision. Le général Nikolai Korchunov, ambassadeur du ministère russe des Affaires étrangères et haut responsable du Conseil de l'Arctique russe, a déclaré que le "blocus temporaire" entraînerait des risques et des défis en matière de sécurité dans la région. Il a noté que dans cette situation, il est important de préserver les activités de projet de l'organisation.
Korchunov a attiré l'attention sur le fait que le Conseil de l'Arctique a toujours été une plateforme de dialogue dépolitisé. Les questions de sécurité militaire ne sont pas incluses dans le mandat de l'organisation.
"Les documents fondateurs et stratégiques du Conseil expriment clairement la nécessité de préserver l'Arctique en tant que territoire de paix, de stabilité et de coopération constructive. Et à cet égard, il est important de protéger ce format unique d'interaction de l'introduction de questions extrarégionales afin qu'il ne devienne pas leur otage", a commenté le diplomate.
La volonté de l'Occident d'empêcher la Russie de mener des activités de projet dans le monde atteint la limite de l'absurde. Au cours des 25 dernières années, l'Arctique a été une zone de paix et de dialogue. Pour de nombreux analystes, l'interaction des pays de cette région semblait plus que prometteuse.
Les membres du conseil parlent de l'importance de suivre les principes de base de l'organisation. En même temps, ils oublient l'essentiel. Le but de la collaboration dans l'Arctique n'est pas de résoudre les différends politiques. En outre, la stabilité et la coopération constructive énoncées dans les documents de l'organisation ne peuvent être atteintes dans une lutte constante pour la "loyauté" des opinions politiques.
Voix de l'Amérique
Les problèmes dans les relations entre la Russie et l'Occident dans l'espace arctique ont commencé il y a longtemps. En 2019, le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton a annoncé son intention d'augmenter la flotte de navires brise-glace dans la région. Les navires ont été mis en service toute l'année pour contrer la Russie et la Chine dans l'Arctique.
Contrer la "présence militaire russe croissante" est devenu un domaine d'intérêt clé pour l'Amérique. Les États sont à la traîne derrière la Russie en ce qui concerne le développement de l'Arctique. Bien sûr, cette situation ne leur convient pas.
En février 2022, le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Mikhail Popov, a annoncé la volonté des États-Unis de contester les droits légaux de la Russie dans l'Arctique. Washington prévoit d'obtenir un accès sans entrave aux ressources régionales et à la route de la mer du Nord. Selon M. Popov, ces objectifs américains seront atteints en déployant des destroyers américains équipés d'armes à missiles guidés dans la mer de Barents.
En mars, la secrétaire de l'armée américaine, Christine Wormuth, a déclaré lors d'une vidéoconférence sur la sécurité que le gouvernement américain travaillait activement au renforcement des capacités militaires dans l'Arctique. Elle a noté que ce territoire est d'une importance stratégique. En outre, des exercices avec les alliés peuvent être menés ici.
Les événements ci-dessus suggèrent que les États-Unis sont déterminés à dépasser la Russie et à se débarrasser de sa présence dans la région. Ce sont probablement les Américains qui ont pris l'initiative de suspendre les activités du Conseil de l'Arctique. Dans les conditions d'une opération militaire spéciale, c'est même pratique. Maintenant, la Russie est confrontée à la quasi-totalité du monde. Des sanctions contre l'État russe sont imposées par de nombreux pays. Il était difficile de trouver un prétexte plus efficace pour résister aux activités de la Fédération de Russie.
La position de la Russie
Yury Averyanov, premier secrétaire adjoint du Conseil de sécurité de la Russie, a déclaré en 2021 que l'Occident transforme de plus en plus "les questions environnementales en un outil de pression, de discrimination et de concurrence déloyale". Il a noté que les écologistes nous rappellent régulièrement la conservation des écosystèmes vulnérables de l'Arctique, qui sont situés juste à côté des installations stratégiques de la Russie.
Après le rejet des sept pays participant au Conseil de l'Arctique dans les négociations avec la Russie, le discours du président russe Vladimir Poutine a suivi. Le chef d'État a commenté la situation actuelle et a insisté pour que la mise en œuvre des projets dans l'Arctique ne soit pas retardée. Le chef d'État russe a également déclaré que le pays est prêt à coopérer dans ce domaine.
Dans le cadre de l'endiguement de la Russie dans la région, M. Poutine considère qu'il est particulièrement important de prêter attention au développement de projets sociaux, car de nombreux Russes vivent et travaillent dans les territoires arctiques.
Il est important de noter que la région arctique est importante pour la Fédération de Russie en termes stratégiques et économiques. Tout d'abord, cela est dû à la longueur du littoral qui borde l'Arctique.
Les experts du Bureau du projet de développement de l'Arctique affirment que la dépendance de la technologie à l'égard de l'économie occidentale a considérablement diminué au cours des huit dernières années. La crise ukrainienne, malgré les longues listes de sanctions contre la Russie, a contribué au développement de cette zone.
La position des libéraux russes et des représentants de la sixième colonne, qui estiment que sans l'aide d'autres États, la Russie ne sera pas en mesure de développer l'Arctique, est révélatrice de la rupture avec l'Occident.
Oleg Barabanov, professeur au département des relations internationales de la faculté d'économie mondiale et de politique mondiale de l'école supérieure d'économie de l'université nationale de recherche, directeur du programme du Valdai Club, a partagé ses hypothèses sur cette situation. Il estime que l'opération militaire spéciale en Ukraine et les sanctions qui en découlent auront un impact négatif sur le développement de l'Arctique. Selon lui, dans les conditions créées par l'Occident, la Russie devra développer son industrie nationale de manière indépendante. Par conséquent, le financement sera distribué différemment. Ces tendances peuvent entraîner une diminution de l'intérêt pour l'Arctique, car les projets dans la région ne constituent pas la principale priorité financière.
Le directeur de programme du club Valdai, Timofey Bordachev, estime que si des difficultés surviennent dans ce domaine, elles seront dues, avant tout, à l'insuffisance des capacités technologiques de la Russie. La solution pour sortir de cette situation sera d'attirer des partenaires alternatifs. La Chine peut aider dans ce domaine.
Mise en œuvre du projet
La Fédération de Russie met en œuvre de nombreux projets dans l'Arctique, malgré la confrontation avec l'Occident. Par exemple, le concours international "Arctic 2022" a débuté le 26 avril. Les participants présenteront les développements scientifiques, techniques et innovants visant à développer l'Arctique et le plateau continental. Les candidatures seront acceptées jusqu'au 5 août, les résultats seront résumés et les lauréats seront récompensés en septembre à Saint-Pétersbourg.
Une conférence sur la garantie d'un environnement urbain confortable, intitulée "L'Arctique est un territoire de développement", se tiendra également à la fin du mois de mai. L'événement aura lieu à Yakutsk. Des représentants du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, du ministère de la Fédération de Russie pour le développement de l'Extrême-Orient et de l'Arctique, de la Société pour le développement de l'Extrême-Orient et de l'Arctique, des chefs des régions de la zone arctique russe et des experts de premier plan y participeront.
Le thème principal de la prochaine conférence est de fournir un environnement urbain confortable pour améliorer le mode de vie et le bien-être de la population arctique.
Il est désormais beaucoup plus difficile pour la Russie de réaliser des projets avec la participation de partenaires internationaux. Les sanctions ont mis en péril une vaste coopération scientifique internationale avec la participation de scientifiques du monde entier, axée sur l'une des régions les plus sensibles aux effets négatifs du changement climatique.
L'expédition en Arctique a été organisée l'année dernière en coopération avec l'Institut polaire suisse. Soixante-dix scientifiques du monde entier sont montés à bord du brise-glace russe. De précieux échantillons de sol et de végétation ont été collectés pendant les travaux.
Dans le cadre de l'opération militaire en Ukraine, il y a eu un problème de livraison de matériel à l'étranger. À la fin de l'expédition, tous les échantillons collectés se trouvaient en Russie. Aujourd'hui, les scientifiques étrangers s'inquiètent de ne pas pouvoir interpréter les résultats de l'étude, qui sont cruciaux pour comprendre les conséquences du dégel rapide du permafrost arctique.
Selon Reuters, en raison de la situation actuelle en Ukraine, de nombreux projets impliquant des institutions scientifiques russes et occidentales ont été affectés et un certain nombre d'expéditions de recherche ont été reportées.
Alors, qu'est-ce qui est le plus important : la résolution des différends politiques ou le succès des activités conjointes dans l'Arctique ? Apparemment, pour l'Occident, la réponse est évidente. Seule la recherche dans le domaine de la fonte des glaciers et de l'amélioration de l'écosystème de la zone arctique est importante pour l'ensemble de la communauté mondiale. Obtenir des résultats positifs dans les plus brefs délais n'est possible qu'en écartant les différences et en unissant les forces.
L'opération militaire spéciale en Ukraine a donné à l'Occident une raison de rejeter la coopération avec la Russie dans l'Arctique. Bien que la Fédération de Russie continue d'investir dans le développement de la région, le régime de sanctions a menacé certains grands projets.
Il est évident que l'Occident continuera à essayer de "neutraliser" la Russie dans l'Arctique et d'y accroître son pouvoir. Toutefois, cela demandera beaucoup plus d'efforts que le "gel" du Conseil de l'Arctique et du régime de sanctions.
23 mai 2022
19:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, géopolitique, arctique, océan glacial arctique, russie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le nouveau rideau de fer de l'Occident
Le nouveau rideau de fer de l'Occident
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/05/20/lannen-uusi-rautaesirippu/
La nouvelle guerre froide en Europe a commencé lorsque Vladimir Poutine est devenu président de la Russie après Boris Eltsine. Certains affirment que la "guerre hybride" de l'Occident contre la Russie dure depuis l'époque des tsars. Elle se poursuivra jusqu'à ce que la Russie soit détruite ou jusqu'à ce qu'elle vainque ses adversaires.
Dans les temps modernes, l'Occident a intensifié sa guerre anti-russe en organisant un coup d'État en Ukraine en 2014 qui a monté les Ukrainiens les uns contre les autres. La stratégie géopolitique de Zbigniew Brzezinski pour déstabiliser et immobiliser la Russie s'est poursuivie avec succès.
Les Etats-Unis ont enregistré une autre victoire dans leur lutte, lorsque les derniers neutres d'Europe, la Finlande et la Suède, ont été encouragés à demander leur adhésion à la machine de guerre transatlantique de Washington, l'OTAN, en invoquant des "conditions de sécurité modifiées".
Comme le souligne Patrick Lawrence, cette alliance renforce encore le mur que Washington, avec l'aide de ses alliés européens, a érigé pour séparer la Russie de l'Europe. Un nouveau rideau de fer s'est levé, cette fois-ci par l'Occident seul, divisant à nouveau ce coin du monde en "un Est et un Ouest".
Les États-Unis sont toujours la première superpuissance mondiale déstabilisatrice et maintenant, grâce à la guerre de l'information menée par les médias 24 heures sur 24, la culture russe est devenue une culture paria, que sous prétexte des événements d'Ukraine, on tente d'éradiquer.
De nombreux exemples de la censure de la culture russe pourraient être cités, visant les athlètes, les artistes, les écrivains et autres citoyens russes, mais citons, comme exemple le plus récent, le fait que la ville de Turku en Finlande a jugé bon de retirer la statue de Lénine du centre ville.
Il est ironique qu'à la suite de l'opération militaire russe, la statue de l'homme qui a donné à l'Ukraine et à la Finlande leur indépendance ait été retirée de l'espace public en Finlande. L'histoire qui nous unit à la Russie est maintenant balayée d'un revers de main, tout comme les statues ont été renversées aux États-Unis au nom de l'idéologie Woke. Est-ce cela que signifie cette "compatibilité avec l'OTAN" dont on parle tant ?
Tout porte les empreintes des stratèges de Washington, car c'est l'État profond américain qui reconstruit l'infrastructure euro-atlantique qui définira la nouvelle guerre froide. L'entrée des Finlandais et des Suédois dans l'OTAN est la dernière étape de la tentative d'isoler la Russie. La mer Baltique doit également être transformée en une "mer de l'OTAN" (dont les ressources naturelles des profondeurs doivent être accaparées par l'élite qui dirige l'Occident...).
Malgré les efforts et les facéties de Washington, il se pourrait bien que l'Occident, qui représente la "communauté internationale" dans son propre imaginaire, s'isole de la majorité des peuples du monde qui n'ont pas rejoint les masses haineuses et russophobes qui arborent des drapeaux ukrainiens sur leurs profils de médias sociaux.
Même l'annonce de la demande d'adhésion de la Finlande à l'OTAN et l'appel sans détour du président Sauli Niinistö à Poutine de "se regarder dans le miroir" n'ont pas, à la déception des zélateurs atlantistes, fait réagir le Kremlin. La Russie a adopté une attitude professionnelle, mais cela n'a fait qu'encourager la presse finlandaise à continuer de ricaner sur le fait que Poutine "n'ose rien faire".
Il y aura certainement une sorte de représailles si et quand la Finlande deviendra un membre officiel de l'OTAN. La Russie a déjà expulsé les diplomates finlandais et les robinets de gaz sont fermés. Il ne fait aucun doute que Moscou verra d'abord quel genre de mouvements militaro-techniques les États-Unis feront sous la bannière de l'OTAN dans l'espace territorial finlandais.
Après que le président américain Ronald Reagan ait demandé au dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, à Berlin en 1987, de "démolir le mur" qui symbolisait la séparation entre l'Est et l'Ouest, le programme "Build Back Better" créé sous la présidence de Joe Biden a pris une nouvelle signification en matière de politique étrangère ces derniers mois, à mesure que le rideau de fer occidental est tombé.
Comme dans les moments les plus froids de la confrontation entre les blocs de l'Ouest et de l'Est, ainsi dans la crise ukrainienne, la conscience des Européens et des Américains a été ratatinée par une éducation médiatique appropriée, de sorte que tout est devenu binaire, manichéen, dualiste. L'objectivité est absente et c'est maintenant la vision du monde en noir et blanc de la Finlande occidentalisée qui est servie au public dans la presse.
La Russie est catégoriquement "mauvaise" dans cette bulle de politique étrangère et de sécurité occidentale, tandis que l'Occident, avec ses guerres par procuration et ses sanctions contre la Russie, est "bon" dans toute sa grotesque exhibition. Les Européens sont prêts à perdre les derniers rêves de souveraineté qui leur restent et à commettre un suicide économique à la poursuite des intérêts de Washington.
La Finlande d'autrefois semble être en train de mourir. En raison de leur complexe d'infériorité, de nombreux Finlandais, y compris l'élite politique, sont prêts à tout pour avoir le sentiment d'"appartenir à l'Occident". La nation unique qui s'est dressée entre l'Est et l'Ouest est en train de reculer, alors que le processus d'américanisation met la touche finale à son adhésion à l'alliance militaire.
L'adhésion à l'Union européenne était déjà une erreur fatale et une perte d'indépendance, mais sur l'échiquier de l'Occident, étant devenue un pion à sacrifier à la politique des grandes puissances, la Finlande officielle abandonne son ancienne position, sûre et respectée, et ce de manière tout à fait inutile.
L'Union européenne s'est également rendue un mauvais service en participant aux plans sinistres de l'administration Biden. Bruxelles peut oublier le rôle potentiel du continent en tant que centre de pouvoir indépendant. Les rêves d'importance politique mondiale des eurocrates peuvent être enterrés à cause de la politique étrangère des États-Unis.
Pour Sauli Niinistö et ses partenaires, le plus important est de promouvoir la cause de l'élite qui dirige l'Occident. La dernière visite à Washington (photo) a été un autre spectacle embarrassant, avec ce vendu souriant comme un laquais à côté du président Biden et de la Première ministre suédoise Andersson. Peut-être que cette théâtralité des Coalitionnistes sera suivie d'une sévère gueule de bois et d'une dépression ?
Heureusement, une grande différence entre la première et la deuxième guerre froide est que maintenant le reste du monde a son mot à dire. Comme l'a dit la Chine, si je me souviens bien, dans le monde actuel d'interdépendance, aucun pays ne peut être simplement isolé par une décision unilatérale des États-Unis.
L'Occident cherche désespérément à déstabiliser et à diviser le monde en camps car sa suprématie est de plus en plus menacée. Elle est prête à lever un nouveau rideau de fer et à construire des murs pour tenter de répéter l'histoire. Bien sûr, cela ne réussira pas très longtemps, mais il ne fait aucun doute que l'hégémon aura le temps de créer davantage de chaos et de destruction avant d'être évincé.
19:15 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, états-unis, otan, atlantisme, occident, occidentalisme, finlande, suède, ukraine, russie, mer baltique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Mythes et réalités de l'économie verte
Mythes et réalités de l'économie verte
Leonid Savin
Source: https://katehon.com/en/article/myths-and-realities-green-...
Pourquoi les sources d'énergie "écologiques" ne sont pas écologiques, et autres aspects de la décarbonisation
L'UE et les États-Unis, ainsi que de nombreux autres pays, promeuvent depuis longtemps le thème de l'énergie écologique, qui est générée par des systèmes modernes allant des générateurs éoliens et solaires aux turbines sous-marines qui exploitent les marées. Cette approche se fonde sur l'Accord de Paris, selon lequel il est nécessaire de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Et récemment, l'énergie verte a été stimulée par la dépendance aux vecteurs énergétiques russes - pétrole et gaz.
Le 14 juillet 2021, la Commission européenne a lancé son prochain paquet, qui comprend un large éventail de propositions législatives visant à obtenir une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030.
La révision de la directive sur les énergies renouvelables fait partie de cet ensemble de propositions interdépendantes. Il est prévu que l'ensemble du paquet soit adopté et entre en vigueur d'ici 2023, ce qui ne laisse que sept ans pour sa mise en œuvre.
Récemment, le Conseil européen s'est également engagé à abandonner la dépendance de l'UE vis-à-vis des importations de gaz, de pétrole et de charbon russes dès que possible, et maintenant la Commission européenne a été chargée d'élaborer un plan de mise en œuvre détaillé d'ici la fin mai 2022. La tâche est double : prendre des mesures immédiates pour l'hiver prochain et pour les 2 ou 3 prochaines années (économies d'énergie, diversification des approvisionnements en gaz, etc.) et prendre des mesures structurelles en révisant la stratégie pour la période allant jusqu'à 2030, en accordant une attention particulière à la réduction de la consommation d'énergie et à l'investissement dans des alternatives à faible émission de carbone, y compris les sources d'énergie renouvelables.
Mais selon une étude réalisée par l'Institut français des relations internationales, il existe des écarts importants entre la théorie de l'énergie verte et les praticiens. Il y a un risque de conflit entre les impératifs environnementaux et climatiques (i), et il faut le résoudre correctement par la cohérence des politiques, car sinon, il continuera à s'éterniser et à entraîner des désaccords.
Pour mettre en œuvre la directive, il est nécessaire de simplifier les processus administratifs excessivement complexes et de surmonter la lenteur de la délivrance des permis pour la mise en service des systèmes qui génèrent de l'énergie verte. D'autres moyens sont l'unification des lieux de travail et des délais, ainsi que l'augmentation du nombre de personnes dans les institutions publiques concernées. La prévision des besoins de raccordement aux réseaux d'énergie renouvelable contribuera également à accélérer le développement du réseau.
Augmenter l'ampleur des sources d'énergie renouvelables à au moins 40 % sans actualiser et numériser l'ensemble du système coûtera très cher aux citoyens. Une approche unifiée du système doit également être inscrite dans les plans de développement du système aux niveaux européen et national, et cette approche unifiée du système doit être appliquée à l'ensemble du paquet.
En outre, les décideurs et les régulateurs doivent être conscients des coûts des retards et des avantages de la rapidité dans un sens plus large, non seulement lorsqu'il s'agit de construire des infrastructures et de nouveaux réseaux, mais aussi lorsqu'il s'agit d'utiliser plus efficacement les réseaux existants. Il faut une approche assortie d'un ensemble d'outils qui tienne compte de l'interaction des technologies d'assistance, y compris le stockage, tant centralisé que décentralisé.
En effet, il existe dans l'UE un certain nombre d'obstacles bureaucratiques à l'introduction rapide de l'énergie verte. Par exemple, l'obtention de permis pour la construction d'éoliennes terrestres en Italie prend en moyenne cinq ans, et non six mois, comme l'exige la loi. Ces retards ont réduit le taux de déploiement à environ 200 MW par an.
Et c'est loin des niveaux requis pour atteindre l'objectif de l'Italie de 70 GW de capacité d'énergie renouvelable d'ici 2030. L'impact sur les investissements est assez évident : le récent appel d'offres de l'Italie pour les sources d'énergie renouvelables a échoué, avec pour résultat que seuls 975 MW ont été alloués à des projets à l'échelle des services publics sur un total de 3300 MW proposés.
Mais aux États-Unis, les objectifs de production d'électricité sans carbone d'ici 2035 sont également menacés en raison de problèmes liés à l'octroi de permis, alors que les projets d'énergie éolienne doivent passer une longue liste d'inspections et de permis. Au niveau fédéral, il s'agit d'inspections ou d'approbations en vertu d'un certain nombre de lois. Les agences fédérales prennent en moyenne 4,5 ans pour rédiger les rapports d'impact environnemental conformément à la loi sur la politique environnementale nationale. Et ce n'est que la première contradiction, qui repose sur des procédures bureaucratiques.
Hydrogène vert et éco-hybrides
Le rapport du Conseil mondial de l'énergie éolienne définit le rôle de l'hydrogène écologique et des applications Power-to-X pour une décarbonisation profonde des secteurs industriels et pour assurer le stockage à long terme. Il convient de noter que selon un scénario, d'ici 2050, un quart de la production mondiale d'électricité sera orienté vers la production d'hydrogène écologique, ce qui nécessitera environ 10 000 GW d'énergie éolienne et solaire.
Au cours de l'année écoulée, l'intérêt mondial pour l'hydrogène a encore augmenté, et de plus en plus de pays ont annoncé des feuilles de route ou des stratégies nationales dans le domaine de l'hydrogène. En 2021, plus de 30 pays ont commencé à élaborer ou à publier une stratégie en matière d'hydrogène.
À titre d'exemple, la Chine a publié une feuille de route sur l'hydrogène pour le secteur des transports en 2016 et a désigné l'énergie de l'hydrogène comme l'une des plus importantes industries futures dans son plan quinquennal actuel (2021-2025), avec le développement de l'information quantique et de l'industrie aérospatiale. [ii]
L'Inde a lancé sa mission nationale sur l'hydrogène en 2021, visant à étendre la production nationale d'hydrogène respectueux de l'environnement et les mandats potentiels pour les raffineries et les entreprises d'engrais pour introduire de l'hydrogène et de l'ammoniac respectueux de l'environnement dans les processus industriels.
L'UE a inclus "l'hydrogène vert" dans son accord vert européen, qui a été annoncé en 2020, notant que les réseaux d'hydrogène sont essentiels pour une "économie propre et circulaire". [iii]
L'énergie éolienne coopère actuellement directement avec un certain nombre de secteurs industriels afin d'assurer la décarbonisation en utilisant de l'hydrogène écologique comme carburant. Par exemple, Vattenfall a collaboré avec le fabricant d'acier suédois SSAB et la société minière LKAB sur une usine pilote pour la production d'éponge de fer utilisant de l'hydrogène vert. [iv]
Cette interaction conduit à l'émergence de projets hybrides. En général, toutes les énergies vertes gravitent vers les hybrides. Par exemple, les panneaux solaires sont combinés à des aérogénérateurs (car l'absence de lumière solaire ou de vent séparément entraînera inévitablement des temps d'arrêt des équipements, ce qui affectera l'approvisionnement en énergie). Mais l'énergie traditionnelle est aussi en partie liée aux démarches environnementales. Et c'est là la deuxième contradiction.
Connexion de l'éco-énergie avec les métaux de terres rares
L'ancien secrétaire d'État adjoint américain aux affaires mondiales, Aaron Ringel, note qu'à mesure que les technologies d'énergie renouvelable, notamment les véhicules électriques, les panneaux solaires et les batteries lithium-ion, occupent le devant de la scène, la demande de métaux des terres rares augmente. Mais les États-Unis dépendent presque entièrement des importations de terres rares.
Jusque dans les années 1980, les États-Unis étaient en fait les leaders mondiaux de l'extraction des éléments de terres rares. Mais un virage à courte vue vers les importations a conduit à l'assèchement de la capacité d'extraction nationale de l'Amérique. Le résultat est le contrôle actuel de Pékin sur l'approvisionnement de ces ressources importantes.
La Chine fournit plus de 85 % des réserves mondiales d'éléments de terres rares et abrite environ deux tiers de l'offre mondiale de métaux et minéraux rares tels que l'antimoine et la barytine. [v]
En 2021, un communiqué de presse de l'Office of Fossil Energy du ministère américain de l'énergie indiquait que les États-Unis importent actuellement 80 % de leurs éléments de terres rares directement de Chine, le reste provenant indirectement de Chine par le biais d'autres pays. Les États-Unis sont totalement dépendants des importations de 14 des 35 minéraux les plus importants. Plus récemment, il a été rapporté que des entreprises chinoises sont déjà activement engagées dans l'exploitation minière de l'Afghanistan. La Chine nie toute intention d'utiliser l'exportation d'éléments de terres rares comme une arme - à moins que des intérêts de sécurité nationale ne soient en jeu. [vi]
Le Congrès et l'administration ont récemment pris un certain nombre de mesures pour remédier à cette vulnérabilité. Par exemple, le ministère de l'Énergie explore de nouvelles méthodes de traitement des éléments de terres rares. Et le Congrès cherche à développer la fabrication nationale de haute technologie avec un paquet législatif basé sur la loi sur la concurrence en Amérique.
Il est intéressant de noter que, malgré l'accent mis sur un environnement sûr, l'Amérique continue de dépendre de l'exploitation minière chinoise, décidément peu écologique. Des lacs et des décharges toxiques apparaissent en Chine en même temps que l'exploitation rapide et rentable des gisements de terres rares.
Cette approche est doublement préjudiciable aux intérêts des entreprises qui adhèrent à des mesures strictes de protection de l'environnement dans le monde. Par exemple, la société The Metals Company (TMC), cotée à la bourse du NASDAQ, a démontré la possibilité d'exploiter en profondeur d'importants minéraux. La société a exploré le plus grand gisement connu de métaux adaptés à la fabrication de batteries sur la planète - la zone de Clarion Clipperton dans l'océan Pacifique. Elle réussit maintenant à traiter les métaux clés des batteries, y compris le nickel et le cuivre, à partir des nodules des grands fonds marins, de telle sorte que peu de déchets sont générés pendant le traitement.
Cependant, l'extraction des minéraux et des terres rares n'est que la première étape. Pour obtenir un avantage concurrentiel, il est nécessaire de couvrir l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, y compris le recyclage et l'élimination.
Bien qu'aux États-Unis, certains pensent qu'ils peuvent rétablir leur leadership dans la production de haute technologie - et le faire tout en protégeant l'environnement. Pour ce faire, le président Biden est censé utiliser la loi sur la production de défense afin de lancer l'extraction nationale sécurisée des minéraux les plus importants et des métaux des terres rares. [vii]
Quoi qu'il en soit, l'extraction actuelle des métaux des terres rares pour leur utilisation dans l'énergie verte consiste à créer des mines et des carrières, ce qui ne s'inscrit clairement pas dans les approches environnementales. C'est la troisième contradiction. Et la quatrième est le problème du recyclage des mêmes éoliennes ou panneaux solaires. Il n'existe pas encore de technologie verte pour cela.
Les contradictions dans l'UE
Mais même avec l'intensification de la construction de nouveaux parcs éoliens et parcs solaires, d'autres contradictions apparaissent. C'est l'une des questions les plus gênantes de notre époque, car la réponse inclut nécessairement des références aux prix du cuivre, de l'acier, du polysilicium et de presque tous les métaux et produits minéraux. En outre, la construction de ces installations prend du temps, plus de temps que, par exemple, le passage au GNL (si vous disposez de terminaux d'importation) ou au charbon.
Et dans le plan récemment publié pour réduire la consommation de gaz russe - ainsi que de pétrole et de charbon - la Commission européenne a fait un gros pari non pas sur l'énergie éolienne et solaire, mais sur davantage de gaz et de charbon.
Il s'agit de la même Europe qui prévoyait de fermer toutes ses centrales électriques au charbon d'ici 2030 afin d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de l'Accord de Paris. Cette même Europe mise également sur le remplacement du gaz naturel par du fioul pour remplacer 10 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz russe.
Au total, la Commission européenne semble prévoir de remplacer plus de la moitié de sa consommation de gaz russe par d'autres combustibles fossiles. À titre de comparaison, la part de l'énergie éolienne et solaire dans le remplacement du gaz russe devrait être d'environ 22,5 milliards de mètres cubes, tandis que 10 milliards de mètres cubes proviendront de l'énergie éolienne et 12,5 milliards de mètres cubes de l'énergie solaire. Mais c'est peu pour une région qui aspire à devenir la plus verte de la planète dans les plus brefs délais.
Ainsi, il semble que la réalité de l'approvisionnement et de la consommation d'énergie se réaffirme, alors que l'UE se retrouve dans une crise du gaz. Si son plan implique une consommation beaucoup plus importante de combustibles fossiles, alors ces derniers devraient être plus faciles - et plus rapides - à extraire et peut-être moins chers que l'éolien et le solaire. Sinon, pourquoi les choisir au lieu de sources d'énergie renouvelables ? [viii] C'est la cinquième contradiction complexe.
Des projets prometteurs
Avec le développement des énergies alternatives, la question de leur redistribution se pose naturellement. On suppose que les câbles électriques sous-marins pourraient être utilisés plus souvent à mesure que les gouvernements orientent leurs stratégies énergétiques vers les sources d'énergie renouvelables. Lorsque les pays développeront leur énergie éolienne et solaire, il y aura davantage d'incitations à la construction de câbles sous-marins qui pourront faciliter la distribution de l'électricité entre les régions.
Il est déjà prévu de poser le premier de nombreux nouveaux câbles majeurs entre le Royaume-Uni et l'Allemagne, pour un coût estimé à 1,95 milliard de dollars. Le projet NeuConnect permettra de transmettre 1,4 GW d'électricité vers et depuis les deux pays via des câbles sous-marins couvrant une distance de plus de 450 miles. Le projet a été appelé "l'autoroute invisible de l'énergie" qui permet la distribution d'électricité entre le Royaume-Uni et l'Allemagne. [ix]
Des contrats clés d'un montant total de plus de 1,5 milliard de livres sterling (1,95 milliard de dollars) ont été attribués pour un important projet d'interconnexion qui reliera l'Allemagne et le Royaume-Uni, alors que les pays du monde entier tentent de renforcer leur approvisionnement en énergie dans le contexte de la crise actuelle en Ukraine.
Le projet NeuConnect est centré sur des câbles sous-marins qui permettront la transmission de 1,4 gigawatts d'électricité dans les deux sens entre le Royaume-Uni et l'Allemagne - les deux plus grandes économies d'Europe. La longueur de l'interconnexion est de 725 kilomètres, soit un peu plus de 450 miles.
Le câble ira de l'île de Grain dans le Kent en Angleterre à la région allemande de Wilhelmshaven, en traversant les eaux britanniques, néerlandaises et allemandes. Après sa construction, il pourra fournir de l'électricité à 1,5 million de foyers.
Les contrats approuvés comprennent des travaux de pose de câbles et de stations de conversion, Siemens et Prysmian ayant tous deux remporté des contrats pour travailler sur le projet. Siemens fournira un système de transmission à courant continu haute tension (CCHT), tandis que le fabricant de câbles italien, Prysmian Group, dirigera la conception, la fabrication, l'installation, les essais et la mise en service de l'interconnexion NeuConnect.
La construction devrait commencer cette année, ce qui permettra au Royaume-Uni de "puiser dans la vaste infrastructure énergétique de l'Allemagne, y compris ses importantes sources d'énergie renouvelable." En outre, "la nouvelle liaison avec le Royaume-Uni contribuera à éliminer les goulets d'étranglement actuels où les éoliennes sont souvent arrêtées en raison de l'excès d'énergie renouvelable produite."
Le consortium NeuConnect, dirigé par Meridiam, Kansai Electric Power et Allianz Capital Partners, discute de ce développement depuis un certain temps, mais les sanctions contre la Russie ont obligé les gouvernements européens à chercher des sources d'énergie alternatives beaucoup plus rapidement. En plus de trouver des sources alternatives d'approvisionnement en pétrole et en gaz, plusieurs gouvernements élaborent des stratégies pour accélérer leurs projets d'énergie renouvelable et discutent même de l'augmentation de la capacité nucléaire pour la première fois depuis de nombreuses années.
Cependant, ce n'est pas le premier câble sous-marin approuvé en Europe, puisque les travaux ont commencé l'année dernière sur un câble sous-marin géant qui devrait relier le Royaume-Uni à la Norvège. Le North Sea Link (NSL), long de 450 miles et d'une valeur de 1,86 milliard de dollars, est une coentreprise entre British National Grid et Norwegian Statnett.
Les deux pays veulent partager les ressources hydroélectriques de la Norvège et les ressources en énergie éolienne du Royaume-Uni, ce qui permettra à chacun d'entre eux d'optimiser sa production pour répondre à la demande. Le National Grid explique : "Lorsque la demande au Royaume-Uni est élevée et que la production éolienne est faible, l'hydroélectricité peut être importée de Norvège."
Le Royaume-Uni et la Norvège sont tous deux des acteurs majeurs. Mais la Norvège affirme que 98 % de son électricité est produite à partir de sources d'énergie renouvelables, principalement l'hydroélectricité. Pendant ce temps, au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé l'objectif de fournir 100 % de l'électricité du pays à partir de sources renouvelables d'ici 2035.
Et les projets de pose de câbles sous-marins se développent non seulement en Europe, mais s'étendent également à différents continents. L'année dernière, la Grèce et l'Égypte ont annoncé qu'elles négociaient un potentiel connecteur sous-marin de 2 GW traversant la mer Méditerranée pour connecter les systèmes électriques des pays. [x]
Il s'agira du premier projet de ce type reliant l'Europe à l'Afrique, ce qui démontre un énorme potentiel d'expansion des liens interrégionaux. La Grèce envisage également de créer un interconnecteur euro-asiatique qui irait d'Israël au continent grec en passant par Chypre.
Une fois achevé, le câble sera long de 1 500 km et transmettra de 1 à 2 GW d'électricité entre les régions, reliant les réseaux électriques d'Israël, de Chypre et de la Grèce. Alors que les premières projections laissaient entendre que le câble serait terminé en 2022, de nouvelles estimations suggèrent qu'il sera achevé en 2024 et qu'il coûtera près de 823 millions de dollars. Le financement proviendra en partie de l'UE et contribuera à mettre fin à l'isolement énergétique de Chypre. [xi]
Mais là encore, la question des risques politiques et technologiques se pose lors de la pose de tels câbles et interconnexions.
La géopolitique de l'électricité
Tout ceci indique que l'importance géopolitique de l'électricité a traditionnellement été sous-estimée, mais avec la transition mondiale vers une énergie plus respectueuse de l'environnement et l'expansion de l'utilisation des sources d'énergie renouvelables ("transition énergétique"), les réseaux électriques deviennent de plus en plus importants et prennent de l'ampleur.
Pékin, en particulier, promeut le système mondial d'approvisionnement en électricité par le biais de son initiative "One Belt, One Road". L'Institut allemand pour les affaires internationales et la sécurité note qu'aujourd'hui, l'impact de l'unification des réseaux électriques sur les relations internationales et la géopolitique mérite d'être étudié de près [xii].
L'étude indique que la zone continentale Europe-Asie (c'est-à-dire l'Eurasie) fait preuve d'une dynamique particulière. De nouvelles configurations de l'infrastructure électrique - sous la forme d'interconnecteurs (c'est-à-dire de lignes de transmission transfrontalières reliant les réseaux) et de réseaux électriques intégrés - reconstruisent l'espace, redéfinissant la relation entre le centre et la périphérie.
Outre les anciens centres d'attraction - la Russie et l'UE - de nouveaux centres émergent. Ceux-ci comprennent non seulement la Chine, mais aussi la Turquie, l'Iran et l'Inde. Leurs réseaux ne sont pas encore aussi étroitement interconnectés qu'en Europe et dans certaines parties de l'ancienne Union soviétique, mais ils prévoient néanmoins de les connecter. Par conséquent, des régions autrefois considérées comme périphériques, telles que la Méditerranée orientale, les régions de la mer Noire et de la mer Caspienne, ainsi que l'Asie centrale, deviennent rapidement des objets de concurrence.
L'électricité est connectée au réseau. L'électricité se déplace presque à la vitesse de la lumière et relie des points éloignés et couvre de vastes espaces dans un réseau interconnecté. Les réseaux électriques ("infrastructures") façonnent les régions sur le long terme, créant leur propre topographie qui reflète l'organisation de la vie économique et sociale au sein d'une zone géographique. Le système d'alimentation électrique est la base de toute économie, et les réseaux électriques représentent l'infrastructure la plus importante.
L'interaction de trois facteurs - le réseau électrique, l'espace et le pouvoir géopolitique - mérite une attention particulière. Les réseaux d'infrastructure créent des sphères d'influence techno-politiques et techno-économiques. Puisque les espaces énergétiques s'étendent au-delà des frontières des États et des juridictions légales, ils assurent la propagation du pouvoir géopolitique. La vulnérabilité des États à la projection de force et à l'influence extérieure dépend également de la fiabilité et de la stabilité des réseaux électriques.
Et la Communauté européenne et l'Union européenne n'ont jamais été identiques au concept plus général d'"Europe électrifiée". L'extension et la synchronisation du réseau y dépendent encore principalement des conditions économiques et géographiques. Malgré le cadre politique et juridique général, l'intégration technique et commerciale au sein de l'UE s'est déroulée de manière très inégale et avec un certain retard.
Avec la création du marché intérieur, l'UE a également recherché l'intégration et l'harmonisation aux niveaux politique, technique et économique. Mais les nœuds physiques correspondants et les centres de contrôle du pouvoir technique, opérationnel, économique et politique ne se chevauchent ni dans leur localisation ni dans leur structure organisationnelle.
En utilisant l'exemple des métaux de terres rares, on constate que la politique de Pékin montre la perméabilité des espaces et des sphères d'influence, ainsi que le degré auquel le pouvoir politique peut être projeté par le biais de "liens de connexion". La projection du pouvoir, réalisée par l'expansion des lignes électriques et le développement des réseaux, conduit à la réorganisation des grands espaces économiques. Et ils sont certainement caractérisés par des ambitions géopolitiques. Dans un cadre réglementaire aussi volatile, le décalage entre les niveaux d'interconnexion et les approches réglementaires soulève un certain nombre de questions géopolitiques.
Les connexions et réseaux électriques peuvent servir les intérêts géopolitiques de trois manières principales. Les acteurs politiques peuvent les utiliser pour établir une dépendance asymétrique ; ils peuvent les utiliser pour établir une domination du marché, une domination réglementaire et une domination technique et économique ; et, enfin, ils peuvent les utiliser pour atteindre des objectifs mercantiles.
Dans de telles situations, un exemple classique est l'ouvrage de Carl Schmitt de 1939 Völkerrechtliche Großraumordnung (L'ordre des grands espaces en droit international), à savoir qu'il existe un lien au niveau du développement technique et organisationnel entre les grands territoires, les relations économiques et les réseaux énergétiques et électriques.
Cela vaut également pour la mesure de l'énergie verte. Malgré les objectifs déclarés, l'Occident ne dispose pas de suffisamment d'atouts et de ressources pour mettre en œuvre ce projet global sans la participation d'acteurs énergétiques majeurs tels que la Russie, l'Iran et la Chine, où chacun a ses propres atouts. Le même gaz naturel et l'énergie nucléaire peuvent également être considérés comme faisant partie de l'économie verte, la question est de savoir à partir de quelle position considérer ces industries.
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Notes:
[I] https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/nies_eu_plan_renewables_2022.pdf
[ii] https://cset.georgetown.edu/wp-content/uploads/t0284_14th_Five_Year_Plan_EN.pdf
[iii] https://www.fch.europa.eu/news/european-green-deal-hydrogen-priority-area-clean-and-circular-economy
[iv] https://group.vattenfall.com/uk/what-we-do/roadmap-to-fossil-freedom/industry-decarbonisation/hybrit
[v] https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3130990/chinas-dominance-rare-earths-supply-growing-concern-west
[vi] https://www.fpri.org/article/2022/03/rare-earths-scarce-metals-and-the-struggle-for-supply-chain-security/
[vii] https://www.realclearenergy.org/articles/2022/04/05/end_us_dependence_on_mining_in_china_825505.html
[viii] https://oilprice.com/Energy/Energy-General/Why-Renewables-Cant-Solve-Europes-Energy-Crisis.html
[ix] https://www.cnbc.com/2022/04/12/huge-undersea-cables-to-give-uk-germany-first-ever-energy-link.html
[x] https://balkangreenenergynews.com/several-undersea-power-cables-about-to-connect-europe-with-africa/
[xi] https://oilprice.com/Energy/Energy-General/Invisible-Energy-Highways-Could-Usher-In-A-New-Era-Of-Shared-Power.html
[xii] https://www.swp-berlin.org/en/publication/geopolitics-of-...
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La Russie souhaite que le transit par voies d'eau entre la mer Caspienne et la mer d'Azov reste ouvert toute l'année
La Russie souhaite que le transit par voies d'eau entre la mer Caspienne et la mer d'Azov reste ouvert toute l'année
Par Paul Goble
Source : http://moderntokyotimes.com/russia-seeks-to-keep-water-transit-between-caspian-and-azov-seas-open-year-round/
Publication : Eurasia Daily Monitor
La Fondation Jamestown
À l'heure actuelle, Moscou ne peut déplacer des navires, y compris les navires de la Flottille Caspienne, entre la mer Caspienne et la mer d'Azov que pendant environ huit mois de l'année en raison des faibles niveaux d'eau dans le canal Volga-Don. Cependant, en raison du désir du Kremlin de réintégrer et de dominer les anciennes républiques soviétiques au sud de la Russie, y compris l'Ukraine, et de pouvoir utiliser les navires de sa Flottille Caspienne non seulement contre l'Ukraine mais aussi en mer Noire et en Méditerranée, Moscou a maintenant annoncé des plans pour un effort majeur d'élargissement et d'approfondissement du canal. Ces améliorations permettraient aux navires de transiter par le canal Volga-Don 365 jours par an. Les responsables affirment que le projet de 10 milliards de dollars sera achevé en 2030. Et certains d'entre eux suggèrent que les entreprises chinoises joueront un rôle majeur dans cet effort, étant donné que les entreprises russes ne peuvent actuellement pas obtenir de soutien occidental et ne disposent pas de la capacité nationale pour mener à bien une entreprise aussi gigantesque.
Deux gestes importants, bien que largement négligés, ont été faits dans cette direction depuis que le président Vladimir Poutine a lancé l'opération à grande échelle de la Russie en Ukraine le 24 février. D'une part, les responsables russes ont annoncé il y a plusieurs semaines qu'ils poursuivraient les plans annoncés précédemment d'élargir et d'approfondir le canal Volga-Don pour permettre l'utilisation de la voie navigable toute l'année (Rossiyskaya Gazeta, 16 avril 2021 ; Casp-geo.ru, 21 avril 2021 et 6 mai 2022). Cela représente un retard par rapport aux plans antérieurs qui prévoyaient de terminer les travaux d'ici 2028. Pourtant, le fait que Moscou persévère, même dans un contexte de guerre et de renforcement des sanctions occidentales, souligne l'importance du trafic fluvial pour la Russie sur le plan économique, géopolitique et militaire (Casp-geo.ru, 27 septembre 2021). En outre, l'initiative semble marquer la fin de toute possibilité pour la Russie de construire un nouveau canal, encore plus coûteux, à travers le Caucase du Nord, comme beaucoup le réclamaient depuis longtemps dans cette région (voir EDM, 25 juin 2007 et 1er octobre 2010).
D'autre part, des représentants du groupe chinois CCCC Dredging Group sont venus en Russie à l'approche de cette décision pour discuter avec les gestionnaires d'Astrakhan du canal Volga-Don de la possibilité pour les entreprises chinoises de prendre part aux opérations de dragage pour élargir et approfondir cette voie navigable (Rosmorport.ru, 11 mars). Les responsables russes auraient été réceptifs. Et maintenant qu'il a été décidé de s'attaquer aux limitations du canal - une décision probablement motivée par des considérations de sécurité autant qu'économiques - il semble que la Chine deviendra un acteur majeur dans cet effort. Une telle coopération permettra à la Russie d'utiliser le canal non seulement pour promouvoir un rôle pour elle-même dans le commerce est-ouest de la Chine, mais aussi à des fins militaires et de sécurité. Dans ce dernier cas, même si le projet ne sera pas achevé avant un minimum de huit ans, toute amélioration du canal aidera en fin de compte la Russie à poursuivre sa rude campagne de pression contre l'Ukraine (voir EDM, 31 mai 2018, 27 novembre 2018, 13 avril 2021).
Les tâches auxquelles les entreprises russes et maintenant chinoises sont confrontées pour remettre en état le canal Volga-Don vieux de 70 ans sont énormes. Une grande partie de ses 101 kilomètres de long se remplit de limon, ce qui réduit continuellement la taille et le nombre de navires qui peuvent l'emprunter ; le canal est classé comme ayant une profondeur de 3,5 mètres tout au long de son parcours, mais à de nombreux endroits, la profondeur est bien inférieure à cela. Si quelque 6000 navires et péniches ont transité par lui l'année dernière, la plupart étaient de petite taille, et leur passage était ralenti par le grand nombre d'écluses qu'ils devaient franchir. Ces limitations de taille et de temps ont été particulièrement problématiques lorsque Moscou a voulu déplacer sa flottille caspienne pour faire pression sur l'Ukraine. Beaucoup des plus grands navires de cette flotte sont tout simplement trop grands pour effectuer le passage, ce qui les a laissés embouteillés dans la mer Caspienne (voir EDM, 26 mars 2019). En outre, le fait que le canal soit fermé au moins trois mois par an à cause de la glace signifie que la Russie devra construire ou acheter un grand nombre de nouveaux brise-glace pour qu'il reste ouvert. À son tour, cela limite sa capacité à déployer de tels navires dans la région arctique et l'Extrême-Orient russe, où les brise-glace sont encore plus nécessaires.
Maintenant que la Chine s'est impliquée, éliminant les obstacles posés par le manque d'investissements occidentaux, la reconstruction du canal Volga-Don devrait se poursuivre, bien que très probablement à un rythme plus lent que celui annoncé par Moscou. Néanmoins, si cet effort réussit, même en partie, la voie navigable intérieure sera en mesure d'acheminer le trafic de conteneurs à un coût bien inférieur à celui des chemins de fer de la région. Cela porterait atteinte aux projets ferroviaires soutenus par l'Occident et la Chine dans la région (voir EDM, 19, 20, 2022) et rappellerait que même en ce siècle, le trafic fluvial joue un rôle géo-économique et géopolitique important (voir Jamestown.org, 25 septembre 2020). En outre, non seulement il stimulera le trafic économique dans le sud, mais il permettra à la Russie d'atteindre deux objectifs. Premièrement, elle ouvrira une voie pour que la flottille de la Caspienne quitte cette mer et complète la marine russe, durement éprouvée, dans la mer d'Azov et la mer Noire. Et deuxièmement, il permettra l'intégration du trafic fluvial et des canaux dans le sud de la Russie dans les plans plus larges, souvent rejetés, de Moscou visant à utiliser ses fleuves et ses canaux au nord et à l'ouest pour projeter l'influence russe (voir EDM, 18 février 2020 et 13 mai 2020).
La Fondation Jamestown permet aimablement au Modern Tokyo Times de publier ses articles très estimés. Veuillez suivre et consulter le site Web de la Jamestown Foundation à l'adresse http://www.jamestown.org.
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dimanche, 22 mai 2022
L'Europe et/ou l'Occident - L'Europe contre l'Occident
L'Europe et/ou l'Occident - L'Europe contre l'Occident
Par Franco Cardini
Source: https://domus-europa.eu/2022/03/03/europa-e-o-occidente-europa-versus-occidente-di-franco-cardini/
La crise russo-ukrainienne, que nous vivons actuellement, a eu parmi ses effets les plus délétères sur le plan conceptuel - outre le caractère tragique des destructions et des victimes - celui de pousser de nombreux Européens vers des choix opposés et polarisants: pour certains, l'Atlantique semble s'être réduit à un filet d'eau, tandis que la ligne séparant la Fédération de Russie des pays anciennement membres de l'URSS ou liés au Pacte de Varsovie, mais qui ont rejoint l'UE et donc automatiquement l'alliance de l'OTAN, s'est transformée en un mur infranchissable, immense et très haut. Certains Européens, qui se revendiquent "atlantistes", semblent même avoir mis de côté des auto-qualifications telles que celles de "souverainistes" ou de "patriotes" (termes impropres de toute façon, étant donné leur asservissement à l'OTAN, qui les subordonne à la volonté du haut commandement américain et à celle de Washington) et se qualifient fièrement et résolument d'"Occidentaux".
A cette idéologie, que l'on pourrait définir très grossièrement comme "atlantiste" et "occidentaliste", s'oppose une autre, très minoritaire mais plus solidement structurée d'un point de vue géo-historique et géo-anthropologique, qui se définit sciemment depuis quelque temps comme "eurasiste" et qui vise à la valorisation culturelle et politique - mais pas, ou pas encore, institutionnelle - de l'unité du macro-continent compris entre la péninsule ibérique et les îles britanniques à l'ouest et la Chine à l'est.
De notre point de vue de pro-européens, qui réclamons depuis longtemps une redéfinition politique et institutionnelle unitaire décisive de notre "Grande Patrie" commune - pour laquelle un modèle institutionnel confédératif serait peut-être préférable, étant donné les nombreuses différences nationales et régionales qui existent dans notre pays et leur nécessaire défense - nous considérons que la position eurasiste est plausible et compatible avec la nôtre, même si nous considérons que sa configuration concrète est un objectif encore lointain, tandis que nous rejetons fermement, ou plutôt considérons qu'elle est hostile à toute option "atlantiste-occidentaliste". Ceci est principalement dû à une raison politique: la lourde hégémonie américaine sur ce front avec une soumission presque totale de la liberté et des intérêts du continent européen à la volonté et aux intérêts des USA. Il est en effet clair à présent, malgré le ton arrogant et triomphaliste de nombreux médias qui fonctionnent selon le "pays légal" et selon les partis discrédités qui se partagent les sièges de notre parlement, que les sanctions "anti-russes" voulues par les Américains se traduisent par des mesures et des situations qui mettent la Russie, mais surtout l'Europe, à genoux en termes de production, d'économie et de finances.
En réalité, le fait est que, de manière générale, dans les années 1960, De Gaulle et, dans les années 1980, Gorbatchev avaient de très bonnes raisons d'affirmer que l'Europe et la Russie vivent (habitent) dans une "maison commune", alors qu'on ne peut pas en dire autant des relations entre les États-Unis, le Canada et l'Australie d'une part (l'Occident proprement dit) et au moins l'Europe continentale d'autre part: avec peut-être une certaine possibilité d'exception pour les îles britanniques, auxquelles il serait peut-être raisonnable de laisser la liberté de choix pour des raisons socio-historiques et linguistico-culturelles.
En d'autres termes, malgré l'enthousiasme nonchalant avec lequel certains dirigeants politiques italiens se sont qualifiés d'"Occidentaux", les deux concepts et les deux zones historico-culturelles, l'occidentale et l'européenne, ne sont pas les mêmes, restent distantes l'une de l'autre et différentes entre elles. En particulier, alors que l'Occident moderne se qualifie désormais pour un choix de société de plus en plus libéral sur le plan économique et un choix culturel inspiré par la "pensée unique" homologuée de manière conformiste (et on ne comprend pas comment des Européens qui se disent conservateurs peuvent être d'accord avec des choix tels que l'avortement et l'euthanasie, qui, au moins sur le plan éthique, sont loin de leur horizon, tout comme le phénomène de la répartition injuste et inégale des richesses, leur concentration entre quelques mains et la disparition consécutive des classes moyennes). Au contraire, les traditions européennes sont orientées vers une politique plus décisive de collaboration et de solidarité interclasse, que l'Occident hyper-libéral indigné rejette.
En bref, l'Occident n'est plus la pars Occidentis de l'empire romain ou de la "chrétienté occidentale", mais un espace dominé par l'arbitraire pratiquement illimité des grands lobbies multinationaux et en nette régression en termes de justice sociale et de progrès: et les Européens qui se sentent occidentalistes doivent fermement reconsidérer leurs positions.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsque Oswald Spengler a écrit et publié son ouvrage Der Untergang des Abendlandes, il n'y avait encore aucun doute (ou du moins le doute n'était pas encore profondément ancré ou répandu) que - sur la voie de ce qui avait été une définition célèbre de Hegel, "l'Occident comme le grand soir du jour de l'Esprit" - entre les dimensions occidentale et européenne, il existait un sentiment et une conscience d'identité absolue.
Longtemps identifié tout court à l'Europe, l'Occident est aussi autre chose. Emanuele Severino (photo) a soutenu que son âme profonde est techne : un mot ambigu, difficile à esquiver. En ce sens, il a semblé à beaucoup que le monde auquel l'Occident peut s'identifier est la Modernité: le monde du faire, du construire, du dominer, de l'avoir.
Le héros fondateur de l'Occident moderne - un grand historien, David S. Landes (photo), l'a bien compris - est Prométhée. Dans un splendide tableau de Gustave Moreau, conservé dans son musée parisien, le héros qui se sacrifie pour l'humanité a les traits inimitables du Christ: et son supplice, enchaîné sur un pic caucasien, rappelle la crucifixion avec une force passionnante. C'est l'héroïsme humain déifié, le Christ immanentisé dans l'humanité (l'immanentisation, qui est bien différente de l'Incarnation), la représentation parfaite du mythe romantique et progressiste de l'Occident qui brise toutes les contraintes et tous les obstacles, qui désobéit aux dieux et se fait dieu de lui-même, qui prétend ne faire que le Bien pour le simple fait, tautologique, qu'il considère toujours ce qu'il fait comme bon : comme le vieil optimisme historiciste, selon lequel tout ce qui est arrivé est bon parce que c'est arrivé et est arrivé parce que c'est bon.
Se croyant le créateur du meilleur des mondes possibles et le découvreur-inventeur de la formule constitutive d'un tout inséparable de liberté, de vérité, de justice, de raison, de tolérance et de poursuite du bonheur, l'Occident moderne ne veut pratiquement pas tolérer l'"Autre que lui", de quelque manière que ce soit ; il ne peut accepter aucune forme de civilisation différente de la sienne mais d'égale dignité, croire qu'il est possible que des alternatives existent (et encore moins qu'elles soient fausses). Les apologistes de l'Occident, en confondant le relativisme éthique avec le relativisme anthropologique, montrent qu'ils ignorent la grande leçon de Levi-Strauss, selon laquelle chaque civilisation doit être jugée dans son ensemble et il n'y a rien de plus impraticable que d'isoler ses composantes individuelles pour les examiner à la lumière de principes qui ne sont pas les siens.
Il s'ensuit que l'Occident moderne est atteint de l'infection totalitaire exprimée par sa "pensée unique" qui le conduit à concevoir un modèle unique de développement pour toute l'humanité. Elle est, en outre, victime d'une schizophrénie irrémissible entre la tolérance et les droits de l'homme, valeurs qu'elle considère comme fondamentales pour son identité, qu'elle révère en paroles et qu'elle prétend défendre, et le noyau dur et profond de sa réalité fondée sur l'avoir et le faire au lieu de l'être: la volonté de puissance.
La néo-idéologie de "l'exportation de la démocratie" proposée il y a des années par le groupe néo-conservateur qui a inspiré au moins une partie de la politique du président George W. Bush Jr, le groupe Wolfowitz, Perle et Kagan - certains de ses épigones réapparaissent aujourd'hui avec Biden - repose sur le vertige de cette persuasion d'excellence et de supériorité, sur la conviction d'une "destinée manifeste" capable et habilitée à étendre au monde entier cette "arrière-cour" qui, dans la thèse isolationniste de Monroe formulée en 1823, s'étendait à l'ensemble du continent américain. Que cette volonté illimitée de puissance, cette recherche inusable du bien-être, de la sécurité du bonheur, finisse par rendre ceux qui tombent dans ce tourbillon éternellement insécurisés, malheureux et insatisfaits, est une autre affaire: mais c'est précisément de là que découle le risque de la "guerre sans fin" dans laquelle les chantres du nouvel Occident risquent de nous entraîner.
Mais, au niveau des définitions, nous sommes dans le champ d'un malentendu infini. Aujourd'hui, l'Occident semble être une véritable "chose", un terme clair indiquant un sujet précis : cette "civilisation occidentale" qui, selon un livre de Samuel P. Huntington écrit il y a quelques années et faisant l'objet d'un succès alors injustifié et non accidentel, courrait le risque d'être assaillie par d'autres civilisations, compactes et bien délimitées comme la sienne mais qui lui sont hostiles. Dommage que ce ne soit, au contraire, qu'une nomination nue. "L'Occident" n'est pas une chose, une réalité géo-historique ou géo-culturelle: c'est un mot équivoque, qui a subi une série de glissements sémantiques au fil du temps et dont le sens actuel est aussi récent qu'équivoque et perversement différent de la façon dont de nombreux Européens le comprennent, convaincus que cet Occident et l'Europe sont presque synonymes.
Ce qui, rappelons-le, est également vrai d'un point de vue étymologique. Giovanni Semerano a montré que le mot "Europe" provient d'une racine akkadienne qui est ensuite passée au grec "erebos", indiquant l'endroit de l'horizon où le soleil se couche, alors que le mot "Asie", au contraire, dérive d'un autre terme akkadien indiquant le lever du soleil. Si nous pouvions nous limiter à de simples valeurs étymologiques, l'identité entre l'Europe et l'Occident (et entre l'Asie et l'Orient) serait parfaite. Mais ce n'est malheureusement pas un luxe que l'on peut se permettre lorsqu'on veut éviter de tomber dans des pièges grossiers.
Au-delà de l'opposition ancienne entre l'Asie et l'Europe, célébrée dans un passage immortel des Perses d'Eschyle, l'attraction et la fusion des valeurs "orientales" (asiatiques) et "occidentales" (helléniques puis romaines) passent par la grande synthèse hellénistique, initiée par Alexandre le Grand et perfectionnée par César - héritier de la grande pensée mûrie dans le "cercle des Scipions" - et la christianisation de l'empire. Les termes "Orient" et "Occident" étaient certes utilisés dans le monde de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge : mais dans la perspective de la relation entre la pars Orientis et la pars Occidentis de l'empire romain qui émergeait de la partition imposée par la volonté de Théodose à la fin du IVe siècle. Au début du XIIe siècle, un chroniqueur de la première croisade, Foulcher de Chartres, célébrant le fait que des "Francs" et des "Italiques", après la conquête de la Terre Sainte, s'étaient installés en Palestine, affirmait que des "Occidentaux", ils étaient devenus des "Orientaux". Mais cela ne va même pas au-delà de la distinction théodosienne de l'origine.
Malgré ce que l'on croit aujourd'hui, l'utilisation actuelle de l'identification de "notre nous" à la "civilisation occidentale" est récente. Même au début du 20e siècle, on parlait encore d'"Europe", bien qu'il soit peut-être possible de discerner l'"invention de l'Occident" dans cette projection de l'Europe au-delà de ses frontières qui a eu lieu à partir de la fin du 15e siècle et a coïncidé avec le début de l'ère des grandes découvertes et des conquêtes géographiques. L'émergence de l'orientalisme en tant que courant esthético-littéraire, certes, envisageait une sorte de distinction Est-Ouest ; mais ce dernier terme restait synonyme d'Europe. Oswald Spengler, en parlant d'un "crépuscule de l'Occident", pensait surtout à l'Europe. Même les historiens qui ont utilisé avec assurance les termes "Occident" et "civilisation occidentale", comme Christopher Dawson et Elijahu Ashtor, ne sont pas allés au-delà d'une distinction qui implique la diversité mais n'apparaît pas comme une opposition. On pourrait cependant, entre le 16ème et le 20ème siècle, suivre l'itinéraire d'une connexion constante entre l'idée de développement, de domination technologique, de rationalité-raison, de progrès, à l'Ouest compris comme l'Europe, en contraste croissant avec un 'Est' (ou plusieurs 'Est') lieu(x) de tradition, de calme, de rêve, de magie, de fabuleux-irrationnel. La civilisation européenne ressentie par Hegel comme "le grand soir" de la journée de la civilisation humaine est peut-être le point culminant de la maturation de cette conception.
Le changement important qui concerne nos jours, cependant, a ses racines dans la publicité américaine. Comme le démontre Romolo Gobbi dans son ouvrage L'Amérique contre l'Europe, c'est au XIXe siècle que les écrivains et les hommes politiques américains ont considéré leur continent et les États-Unis comme cet Occident de la liberté auquel s'oppose un "Orient" auquel les Européens ne s'attendent pas: cet Orient, c'est l'Europe précisément (et d'ailleurs elle se trouve, sans exception et objectivement, à l'est de l'Amérique); cette Europe-Orient est décrite comme une terre de l'autoritarisme, de la tradition et des infinies contraintes théologiques et juridiques qui brident la liberté.
Il est symptomatique qu'au moment même où Spengler écrivait en Europe son livre sur le "crépuscule", une chaire de culture occidentale était fondée à l'université Columbia de New York, dont la conception montre clairement que l'Occident - le lieu du progrès et de la liberté - est le lieu de tous les malheurs. dont les États étaient le cœur - n'était nullement contrée par l'Orient de Rudyard Kipling et son péremptoire "Oh, East is East, and West is West, and never the twain shall meet", mais par l'Europe, lieu de l'autoritarisme et du culte stérile et poussiéreux du passé.
Cette identité américaine de l'Ouest et de la liberté est revenue, après Yalta, pour étayer la nouvelle dichotomie du pouvoir sur l'écoumène, désormais distinguée entre un "monde libre" et un "monde socialiste": deux mondes qui se rencontraient précisément et qui bordaient le rideau de fer qui coupait l'Europe en deux ; et qui ont convergé pour faire disparaître le concept même d'Europe, selon le dessein convergent du président Roosevelt et du maréchal Staline, sous les yeux sensiblement impuissants mais somme toute pas du tout mécontents de Winston Churchill, qui - pour le dire en termes schmittiens - de la défaite finale du Béhémoth territorial attendait sinon le triomphe, du moins une survie plus ou moins longue du Léviathan impérial britannique, seigneur d'un système complexe de terres et de mers.
Mais, après le Finis Europae, la fin du temps de l'équilibre entre les deux superpuissances (guerre froide oui, mais aussi partition et, à bien des égards, complicité) avait également semblé conduire à une nouvelle situation, définie précisément par Samuel P. Huntington : l'Occident comme culture unitaire et compacte, mais caractérisée par le leadership de la volonté politique et des valeurs élaborées par les États-Unis, auxquelles la "vieille Europe" était appelée à bien des égards à se conformer et à laquelle on reprochait de ne pas le faire suffisamment. Le temps de cette proposition, lié à l'ère de l'unilatéralisme américain explicite, semble désormais irréversiblement révolu. Aujourd'hui, face à un nouvel "Occident" qui propose d'accepter la subalternité et la marginalisation, l'Europe - en accord d'ailleurs avec la réalité géographique du globe - peut peut-être répondre en retraçant sa vocation de civilisation née et élevée en contact étroit avec la Méditerranée, l'Asie et l'Afrique, et en revendiquant à la lumière de cela un rôle charnière avec l'"Orient". Être occidental et être européen ne sont plus synonymes.
Les événements des vingt premières années du XXIe siècle, qui se sont tragiquement ouverts sur le scénario apocalyptique du 9/11, ont néanmoins eu le mérite de nous inciter tous à repenser en profondeur des catégories qui auraient pu sembler claires et consolidées, et qu'au contraire, tant les événements que la corrosion d'une critique stimulée et accélérée par leur rythme pressant ont fini par fragmenter, voire pulvériser. Dans un beau livre paru il y a quelques années, L'Europe et le mythe de l'Occident. La construction d'une histoire, Georges Corm (photo) a retracé d'une main ferme et élégante les étapes d'un processus tortueux par lequel la notion géographique d'"Occident" est devenue l'axiome organisateur d'une vision du monde. Nous sortons lentement mais laborieusement de la toile des malentendus, de la mer des stéréotypes, du marais des mystifications.
Il est donc sérieusement nécessaire de partir d'un point fixe, qui devra rester l'axe d'une conscience ayant enfin acquis une base claire et ferme : "la catégorie de l'Occident est une invention idéologique". Il n'y a pas non plus de scrupules politiquement corrects à utiliser des auteurs que la pruderie de professeurs également préparés et intelligents, mais disons pas exactement audacieux, les incite parfois à reléguer timidement à quelques notes de bas de page ou même à ne pas citer : de Serge Latouche Augusto Del Noce à Emanuele Severino à Massimo Fini à Guillaume Faye.
On peut légitimement conclure que la civilisation "occidentale" est celle qui s'est formée dans l'espace de l'Occident à l'époque moderne et à partir de la "modernité", elle-même une notion comprise comme l'émancipation de la subjectivité des contraintes immobilisantes de la tradition, de la transcendance et du sacré, auto-présentée comme l'émancipation d'un mode de vie qui autorise le libre usage de la raison, sans avoir à la soumettre à un pouvoir extérieur, et la libre planification de l'avenir, sans l'obligation de tenir compte du passé. La modernité comme primauté de l'individualisme et de la dimension économico-financière, par rapport à laquelle la dimension proprement politique est reléguée au second plan tandis que disparaît la glorieuse dimension aristotélicienne et thomiste du bien public.
Il est d'autant plus urgent de s'en rendre compte à une époque comme la nôtre où les attaques continues contre la vérité, la justice et même le bon sens sont déchaînées par une partie de la politique et des médias précisément "occidentalistes" (pensez par exemple à la culture de l'annulation) dans le but de justifier les agressions, les occupations et les répressions en prétendant traiter comme des objets historiques concrets et réels ceux qui sont au contraire le résultat d'une manipulation idéologique: comme le concept de "civilisation occidentale". Cette conscience doit être tenue fermement comme un vade-mecum précieux dans notre combat pour le désenchantement et, par conséquent, la libération de la mystification et des mensonges.
Franco Cardini
11:41 Publié dans Affaires européennes, Définitions, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, occident, franco cardini, définition, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les tensions du vingtième siècle derrière le conflit Russie-Ukraine
Les tensions du vingtième siècle derrière le conflit Russie-Ukraine
Le rôle des États-Unis, le choc entre l'Ours et la Baleine tandis que l'Europe reste une "belle endormie"
par Giuseppe Del Ninno
Source: https://www.barbadillo.it/104453-le-tensioni-novecentesche-dietro-il-conflitto-russia-ucraina/
Le différend dans la mer d'Azov
La guerre en Ukraine a fait remonter à la surface des mouvements souterrains ataviques, mais elle a aussi confirmé des tendances récentes; de plus, elle a fait exploser des contradictions qui couvaient déjà dans nos sociétés, par exemple en remaniant les distinctions entre la droite et la gauche, au point que les lecteurs de "Avvenire" et de "La Verità" se sont retrouvés sur des positions opposées à l'envoi d'armes en Ukraine, et donc dans le camp opposé à celui occupé par les lecteurs de "Il Giornale", "Corriere" et "Repubblica". Parmi les motions ataviques, il faut surtout compter l'opposition dynamique entre Terre et Mer, déjà théorisée par Carl Schmitt, qui l'a identifiée dans le conflit entre Rome et Carthage, sa première manifestation dans l'histoire ; or, les événements guerriers qui se déroulent à deux heures de vol de chez nous en représentent une variante typique.
Ce n'est qu'avec l'avènement de l'arme nucléaire et l'extension à la planète entière du scénario sur lequel s'affrontent les nouveaux sujets en lutte pour le Pouvoir que s'est imposée la notion de "guerre par procuration", où les véritables protagonistes - l'un, les Etats-Unis, la baleine symbolique dans la métaphore de Carl Schmitt, l'autre le binôme russo-chinois, souvent dépeint comme un ours - choisissent des représentants théâtraux et tragiques de leurs intérêts respectifs, pour déclencher des conflits qui les impliquent le moins possible.
C'est un scénario que nous avons vu mis en scène depuis la guerre de Corée, avec les États-Unis directement engagés contre cette puissance régionale, mais en réalité contre la République populaire de Chine, comme ce fut également le cas au Vietnam. Dans la suite de l'histoire de ce vingtième siècle que l'on croyait "court", mais qui a étiré ses excroissances malignes jusqu'au vingt-et-unième, la superpuissance américaine a toujours été présente, soit à la première personne, soit comme leader de coalitions, sous le signe de cette "alliance atlantique" qui, par son nom même, souligne son appartenance à la catégorie "mer" : avant l'Ukraine, nous en avons eu un avant-goût en Syrie.
Dès lors, l'opposition réactivée entre cet ours et cette baleine, qui une fois de plus - après Belgrade et le Kosovo, autres exemples récents - a choisi l'Europe comme lieu de cette conflictualité représentative, atavique et tragique, ne doit pas surprendre. À nos yeux, ce sont donc moins les causes occasionnelles du conflit - que l'on veut de manière simpliste faire remonter et réduire à l'invasion russe de l'Ukraine - qui comptent que ces funestes tendances souterraines que nous avons mentionnées. Avec un minimum de prévoyance et de mémoire historique, le conflit, avec son cortège sanglant de mort et de dévastation, aurait pu être évité.
Quant au rôle évanescent de l'Europe, dans son pâle avatar qu'est l"Union européenne", nous sommes toujours dans le déjà vu: le chimérique "empire de 400 millions d'hommes" rêvé par des légions de politiciens et de penseurs d'orientations les plus diverses, de De Gaulle à Schumann en passant par Jean Thiriart, a ressemblé dès son origine à l'empire byzantin en déclin, destiné à être avalé par la jeune puissance islamique, dans ses diverses configurations impériales. Il n'est pas nécessaire d'en dire trop sur son asservissement à l'OTAN, le bras militaire de l'Hégémonie atlantique: même dans notre propre pays en lambeaux, après l'unanimité initiale pour défendre le pays envahi, des réserves et des distinctions sont émises, presque de tous les côtés de l'échiquier politique, et des questions sont posées sur les intérêts réels des acteurs en jeu. En effet, les Etats-Unis ne cachent pas leur intention fondamentale, qui ne consiste pas tant en un changement de régime qu'en l'usure de la puissance russe jusqu'à son déclassement économique, militaire et politique, jeu, qui plus est, qui se jouerait sur un théâtre éloigné de leur territoire; tandis qu'en Europe - notamment dans certaines de ses composantes comme l'Allemagne et l'Italie, qui dépendent de l'ours russe sur le plan de l'énergie - l'idée d'un éventuel élargissement et prolongement du conflit ne répond à aucune stratégie géopolitique cohérente et rationnelle.
Et à propos de l'Italie, il est à peine utile de noter l'inversion accessoire du rapport Gouvernement-Parlement, ce dernier étant appelé uniquement et de plus en plus rarement à ratifier les choix de l'Exécutif. Ce n'est que lorsqu'il s'est agi d'éviter la dissolution des Chambres - et le résultat défavorable probable d'élections anticipées pour les détenteurs du pouvoir depuis des décennies - que la nature de notre pays en tant que république parlementaire a été invoquée, avec l'assentiment "alimentaire" de nombreux députés et sénateurs, craignant de perdre prématurément leurs salaires et indemnités.
Il y a ensuite un aspect de cette guerre qui, s'il ne s'agissait pas d'un événement tragique, prêterait à sourire, à savoir la connotation "légaliste" de chaque initiative: la Russie de Poutine - et non le peuple russe, s'empresse-t-on de préciser - doit être punie pour avoir violé le droit international avec son "opération spéciale". D'ailleurs, l'une des conséquences de ce conflit se répercute sur l'utilisation des mots: ce n'est pas la guerre, mais précisément une "opération spéciale", et ce n'est pas la reddition du bataillon Azov, mais l'évacuation; ou bien on utilise des périphrases, pour ne pas définir comme "co-belligérants" ou "alliés" ceux qui fournissent des armes à l'une des parties en conflit. Mais quand la politique du pouvoir a-t-elle jamais adhéré aux règles du droit international? La diplomatie du XIXe siècle appelait déjà les traités "chiffon de papier"...
La guerre entre la Russie et l'Ukraine
Et maintenant, il suffirait de rappeler qu'aucune des guerres après 45 n'a été déclarée selon ces règles; sans parler de l'action de l'"intelligence" adverse et de l'organisation des différents "coups d'État": ces arguments suffiraient à démasquer "avec quelles larmes et avec quel sang" s'écrivent chaque politique impériale, chaque relation conflictuelle entre États. Ne parlons pas de la prétention de qualifier de "génocide" les massacres inévitables de tout conflit et d'invoquer les tribunaux internationaux pour frapper les perdants (mais on se garde bien d'appeler la République populaire de Chine à la barre, ne serait-ce que pour établir une responsabilité, dont les contours commencent à se dessiner, à l'égard de cette pandémie dans laquelle nous nous débattons encore). Malheureusement, nous avons vu des génocides au sens strict du terme, et ils n'avaient rien à voir avec ce qui se passe entre Lviv et Kharkiv, entre Kiev et Odessa : il suffit de penser au massacre des Amérindiens, à la persécution des Arméniens et, surtout, à l'Holocauste, pour comprendre ce que signifie le mot "génocide".
Parmi les dégénérescences de la culture "occidentale", en bref, il y a l'intention louable d'encadrer le conflit récurrent entre Léviathan et Béhémoth dans les catégories du droit, pour tenter de l'exorciser; mais le Mythe et la Technologie, qui donnent corps et âme à la Politique, ne se laissent pas gouverner par l'Économie et l'Éthique (en fait, en ce qui concerne ces dernières, les vainqueurs se posent toujours en gardiens et protecteurs de la Morale Unique). Et bien sûr, le corollaire du Droit - ou son incontournable contrepartie - est la Démocratie, que l'Hégémonie atlantique voudrait imposer au Globe entier, avec le fracs de ses bombes et l succession des coups d'Etat qu'elle organise ; une catégorie de la Pensée grecque transplantée outre-mer et exquisément européenne, qui s'est affinée au cours des millénaires et qu'elle voudrait maintenant imposer à des portions de la planète comme un corps étranger à ces cultures disparates. Dans le conflit russo-ukrainien, il y a aussi le recouvrement hypocrite des intérêts géopolitiques par des arguments de principe vertueux. Malheureusement, si notre Europe est la Belle au bois dormant du conte de fées, il n'y a pas de prince charmant à l'horizon prêt à la réveiller avec son baiser salvateur.
Giuseppe Del Ninno
10:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, russie, ukraine, affaires européennes, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook